Homme

Partie supérieure d'une statue avec pilier dorsal

Égypte > provenance inconnue

Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,7 CM; L. 10,2 CM; P. 6,6 CM

Grauwacke

Co. 894

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en bon état de conservation. On remarque de nombreux éclats et cassures. En plusieurs endroits du visage, on observe des traces d’un enduit ou d’une colle blanche ; il s’agit probablement de tentatives de restauration anciennes.

Description

Cette statuette, cassée au niveau des bras et de l’abdomen, représentait un personnage masculin, coiffé d’une perruque évasée, tirée derrière les oreilles et formant à l’arrière une suite de chevrons imbriqués les uns dans les autres. Elle est pourvue d’un pilier dorsal inscrit de deux colonnes de hiéroglyphes. L’attitude et le costume, autant que les inscriptions, indiquent sans ambiguïté qu’il s’agit de la représentation d’un particulier.

 

Le torse est nu et dépourvu de parure, et la partie conservée du bras gauche permet d’observer que les bras étaient légèrement décollés du corps. Il s’agissait peut-être d’une statuette théophore, avec le personnage agenouillé ou debout et présentant à bout de bras une effigie divine. De telles statues et statuettes font leur apparition au cours de la XVIIIe dynastie et se multiplient au cours du premier millénaire avant notre ère. Le style de celle-ci évoque clairement cette dernière période, au plus tôt la Troisième Période intermédiaire et très probablement plutôt la Basse-Époque. Beaucoup de statues de ce type sont des « statues-cubes », mais ce n’est clairement pas le cas de l’objet Co. 894, dont les bras sont bien détachés du corps. Le reste de la statue étant manquant, on ne peut déterminer si elle était simplement théophore, ou plus spécifiquement naophore, c’est-à-dire que le personnage aurait alors présenté l’image du dieu enclose dans un naos.

 

Ces objets incarnent une évolution dans la culture matérielle et les pratiques religieuses privées à partir du Nouvel Empire, se prolongeant et s’amplifiant aux siècles suivants. De telles statues, de taille très variable, étaient originellement placées dans des sanctuaires, et il n’est pas rare de voir des pierres relativement nobles employées pour leur réalisation (voir PERDU, 2012, p.13-21 ; p.34-35.). Le premier millénaire voit la multiplication de statues et statuettes de particuliers déposées dans les parties accessibles des temples. Cette coutume permettait aux particuliers d’entretenir une relation privilégiée avec la divinité tutélaire du sanctuaire, et même d’espérer partager les offrandes destinées au culte journalier, si leurs représentations se trouvent sur le chemin emprunté par les prêtres après avoir servi l’autel divin (voir PERDU, 2012, p.34-35).

 

La collection égyptienne du musée Rodin possède une statue similaire et de la même période conservée sous le numéro d’inventaire Co. 3378. Le musée du Louvre possède lui aussi plusieurs statues et statuettes de même type, comme les nos. inv. A94 (N95),  E25390 + E25475 et E 25459. Il en existe dans la plupart des collections égyptologiques importantes, parmi lesquelles on peut par exemple citer l’œuvre inv.no. 51.28.1 du Metropolitan Museum of Arts de New York.

 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 :  Hôtel Biron, 311, "Partie supérieure (tête et torse) d'une statuette d'époque saïte, en basalte gris. La partie subsistante du pilier dorsal donne [hiéroglyphes]. Le visage a été refait entièrement. Haut. Max. 13 cent. 1/2. Estimé dix francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

 

 

Commentaire historique

La statuette fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

< Retour à la collection