Égypte > provenance inconnue
IIe-IIIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,78 cm ; L. 2,98 cm ; P. 0,6 cm
Os long de boeuf
Co. 2450
Égypte > provenance inconnue
IIe-IIIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,78 cm ; L. 2,98 cm ; P. 0,6 cm
Os long de boeuf
Co. 2450
Ce fragment d’applique présente un fendillement de la structure osseuse important et un état d’usure avancé. Deux fissures courent verticalement. On note également une petite perte de matière près du bord sommital. Seuls deux bords originels sont conservés : une partie du bord supérieur et la partie haute du bord senestre. Au revers, le tissu spongieux osseux est particulièrement présent.
La panthère orientée vers la droite détourne la tête vers l’arrière. Son pelage est constellé d’ocelles rendues par des petites perforations circulaires assez profondes, creusées à l’aide d’une pointe ou d’un fin trépan. Sa gueule largement ouverte est surmontée d’un œil simplement indiqué par une petite perforation. Son oreille en pointe surplombe des poils épais garnissant le cou. En partie supérieure, subsistent une tige et quelques grains, correspondant sans doute à un pampre de vigne, qui devait se poursuive sur la partie disparue de l’applique. La netteté du sciage au-dessus du rinceau laisse supposer que la scène se prolongeait sur une applique contiguë. La finesse de la sculpture, et le soin apporté aussi bien dans le rendu des détails anatomiques que dans la traduction du pelage, attestent une pleine maîtrise de la sculpture sur os.
Les espèces félines que sont les tigres, lynx, ou panthères, sont associées à Dionysos, conquérant de l’Inde. Chevauchées par le dieu de l’ivresse ou attelées à son char, elles participent à son triomphe sur les Indiens. La panthère (ou léopard), seule, accompagne également fréquemment la divinité représentée debout, au repos. Le fauve, en effet, apparaît souvent aux côtés de Dionysos, relevant le museau pour mieux boire le vin que ce dernier lui verse d’un canthare. Sur la majorité des appliques en os, la panthère conserve cette attitude bien que le dieu ne tienne pas de canthare. Elle semble donc tendre son museau vers lui, tout en l’observant.
Quoique le poitrail et la tête soient les uniques éléments épargnés, le félin rappelle par sa position les panthères accroupies à la droite de Dionysos sur cinq autres appliques du musée Rodin (Co. 2071, Co. 2077, Co. 2123, Co. 2232, Co. 2274-Co. 2314). Les taches de son pelage évoquent les perforations circulaires observables sur le corps de la panthère du relief Co. 2123, mais ses proportions presque deux fois plus importantes l’en démarquent. Le traitement soigné du pelage ponctué de trous circulaires est similaire au fragment d’applique sculpté d’une panthère, symétriquement inversée, mis en vente chez Christie’s (Londres, 26 novembre 1980, lot 141).
Malgré son état très lacunaire, ce qui reste de l’applique laisse envisager la présence, à la gauche de la panthère, d’une figure de Dionysos. En raison de sa taille importante, et du bord supérieur conservé, on peut imaginer que cette plaquette, réservée à la figuration de la panthère et de rinceaux de vigne, s’intégrait à une composition plus vaste. Celle-ci était sans doute formée de plusieurs plaquettes en os, à l’instar de celle conservée à l’Ashmolean Museum d’Oxford découverte à Shurafa (1912.603+610+613), composée de cinq parties (MARANGOU 1976, p. 87, pl. 3b ; PETRIE, MACKAY 1915, p. 42, pl. XLIX, fig. 5).
La qualité de facture de la pièce, les ocelles profondément perforées du pelage du félin, sa taille et le soin tout particulier porté aux détails anatomiques, sont des arguments de choix pour envisager une datation dans les premiers siècles de l’Empire romain. En croisant les datations proposées par L. Marangou pour les appliques sculptées d’un Dionysos Lycien à la panthère au pelage minutieusement reproduit, et les arguments avancés par E. Rodziewicz en faveur de l’appartenance des pièces trouées de profondes perforations à une première phase de production (RODZIEWICZ 2007, p. 22), on peut imaginer raisonnablement que l’œuvre fut façonnée à partir du IIe siècle. Pourtant, une applique découverte dans un contexte archéologique daté de la fin du IIIe-début du IVe siècle à Alexandrie présente ce même type de perforations (RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8). Il faut sans doute y voir une spécificité technique, ou un recours à des modèles hellénistiques.
Comparaisons :
-Oxford, Ashmolean Museum, 1912.603+610+613.
-Paris, musée Rodin, Co. 2123.
-Vente Londres, Christie’s, South Kensington, Furniture, carpets and objects of art…, 26/11/1980, lot 141.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.