Matière et technique

Matériau : Calcaire

Le sculpteur a mis en œuvre deux techniques. La figure a été réalisée en bas-relief : les fonds ont été descendus pour laisser apparaître les motifs en relief, qu’il a ensuite peints. Les hiéroglyphes ont été gravés et les creux ont été peints.

Le laboratoire du C2RMF a effectué des analyses (fluorescence X) sur quelques échantillons. Elles ont révélé que la carnation jaune de l’oreille est à base d’orpiment ( ?) et d’oxyde, le blanc de la conjonctive de l’œil a été obtenu partir de roche dolomite, le rouge des hiéroglyphes est de l’oxyde ou de l’ocre tandis que le bleu est du bleu égyptien (pigment de synthèse à base de cuivre). Le relief comporte également du chlore, dû au contexte de conservation : les remontées salines inhérentes à la géologie égyptienne ont enrichi la pierre en chlore lors des augmentations d’humidité. 

Modification matérielle

Le fragment a été déposé à une date indéterminée mais antérieure à 1913.

Le relief a été monté sur un socle métallique, probablement en 1966, à l’occasion de l’exposition Rodin collectionneur de 1967-1968. Une ouverture moderne a été percée dans le chant inférieur, à l’angle inférieur gauche, pour insérer et sceller une tige métallique de section carrée soudée à une plaque métallique d’environ 20 cm x 60 cm. Ce socle est teinté en brun sombre.

Le numéro d’inventaire actuel a été inscrit à l’encre noire sur une pellicule isolante placée au revers, dans l’angle inférieur droit.

Des coulures de plâtre et de peinture noire, correspondant sans doute à des projections accidentelles, ont été signalées dans le rapport d’intervention de 2008, de même que des taches blanchâtres sur le socle mais elles ont été éliminées.

Etat de conservation

Le fragment est dans un état de conservation moyen. Aucun bord n’est d’origine : les chants, parsemés d’éclats, portent des traces d’outils (ciseaux plats) ; le chant gauche semble avoir été scié. Le revers est marqué par des traces de ciseaux plats et de sciage ou de râpe.

La cassure de l’extrémité inférieure, oblique, a emporté le corps de la femme sous les épaules. La surface est marquée par plusieurs éclats dont deux importants, à la fin de la première et sous la quatrième colonne de hiéroglyphes. Les reliefs sont émoussés, en particulier la fleur de lotus.

 

Le fragment conserve des restes de polychromie : bleu et ocre rouge dans le creux des hiéroglyphes ; traces infimes de bleu sur le collier ; ocre jaune, blanc, noir et rose dans les creux des carnations ; blanc et noir dans l’œil ; noir sur la perruque.

La teinte générale ocre jaune du fragment apparaît avec plus ou moins d’intensité selon les endroits ; elle est notamment très présente sur la moitié gauche de l’œuvre mais totalement absente sur une largeur d’environ 1 cm le long de la ligne de sciage du chant gauche, ainsi que sur ce chant. Sans analyse, il est difficile de déterminer s’il s’agit de la terre d’enfouissement ou d’une intervention tardive, après insertion du fragment dans une structure de présentation qui aurait protégé l’extrémité gauche.

 

En bordure de la cavité pratiquée pour insérer la tige métallique du socle, la pierre, plus fragile, s’est fracturée, sans doute lors du soclage ; le fragment a été recollé, probablement à la même époque.

 

Les rapports d’intervention de 2000 et 2008 ont signalé un très mauvais été de conservation du fragment : la pierre présentait une cohésion faible et possédait des zones de fragilité avec des pulvérulences et des délitements ponctuels en feuillets, en particulier sur la face et le dessous du relief.

Restauration

Intervention de la maison André vers 1966 : montage sur socle ; fragment cassé à l’angle inférieur gauche recollé à l’aide d’une résine brune de type Araldite®, appliquée en débordements.

 

Intervention de Sophie Joigneau et Marie Louis en novembre 2000 : dépoussiérage léger au pinceau doux, consolidation provisoire d’urgence par facing à l’aide de papier japon et de Culminal MC3000® à 1% dans un mélange d’eau et d’éthanol (40/60).

 

Intervention de Sophie Joigneau, Marie Louis et Valérie Mehdipour en décembre 2008 : dépoussiérage au pinceau très doux sous aspiration ; consolidation de la pierre à l’aide de silicate d’éthyle Estel 1000® (deux applications) ; couches picturales refixées à l’aide de polybutyral de vinyle Butvar B79® à 3% dans de l’éthanol ; nettoyage de la pierre par application de pâte Mora (gel composé de carboxyméthylcellulose, de bicarbonate d’ammonium, d’EDTA sel disodique, de tensio-actif et d’eau déminéralisée) puis rinçage à l’eau claire ; nettoyage des zones de polychromie au bâtonnet ouaté imbibé d’eau et/ou d’éthanol ; élimination mécanique au scalpel des projections de plâtre et de peinture ; élimination mécanique au scalpel des débordements de résine utilisée pour recoller le fragment à l’angle inférieur gauche du relief ; consolidation des soulèvements en feuillets par des petits solins composés de poudre de pierre liée à la résine acrylique Primal AC33® et à l’eau déminéralisée ; intégration des surfaces de bouchage par de légères retouches colorées à l’aquarelle ; retouches à l’aquarelle sur le haut de la tige métallique du socle.

Traitement du socle : dépoussiérage au pinceau ; homogénéisation de la surface au moyen d’une fine couche de polybutyral de vinyle Butvar B79® à 5% dans l’éthanol.

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