Relief – Divinité hiéraconcéphale

Egypte > provenance inconnue

Fin de la Basse Époque ou début de l’époque ptolémaïque

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 12,7 CM : L. 11,9 CM; P. 2,5 CM; Pds 0,38 Kg

Grès silicifié probablement, ou quarzite

Co.03047

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Malgré quelques éclats, la surface est dans l’ensemble lisse et les traits ne sont pas altérés. On remarque malgré tout que la pierre, très argileuse, se décompose en nombreuses strates et feuillets rendant le matériau très fragile. Les chants latéraux droit et gauche correspondent à des cassures antiques. Les chants supérieurs et inférieurs ont été nivelés à l’époque contemporaine. Le revers est antique et correspond à un gros éclat de pierre.

Description

Sur un fragment de pierre sombre, possiblement du grès silicifié (voir DE PUTTER Thierry, KARLSHAUSEN Christina, Les pierres utilisées dans la sculpture et l’architecture de l’Égypte pharaonique. Guide pratique illustré, Bruxelles, 1992 pl. 30 «Tête du roi Djedefrê en grès silicifié (4ème dynastie) »), la tête et les épaules d’une divinité hybride, à corps d’homme et à tête de faucon, sont taillées. Le motif est en relief par rapport au fond. La divinité est de profil, tête tournée vers la droite. Une perruque tripartite à mèches longues recouvre l’arrière de son crâne. Il n’est pas impossible qu’un autre élément de coiffure (attribut ou couronne) ait été présent à l’origine. Du collier ornant son cou, seul se détache un rang de perles ; la silhouette d’un pectoral se devine en dessous. Le port de ce bijou était un artifice souvent utilisé par les sculpteurs égyptiens pour masquer la connexion entre un corps humain et la tête et le cou d’un animal.

On remarque l’épaisseur et la rondeur du relief modelé, caractéristiques de la fin de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque, ainsi que la teinte peu commune, brun rosé, de la pierre. Il faut également souligner la qualité de la sculpture, laquelle, en dépit des lacunes et des altérations en surface, met en valeur la physionomie du rapace, notamment le larmier nettement marqué, les appendices oculaires et le bec (voir à ce sujet G. Bénédite, « Faucon ou épervier, à propos d’une récente acquisition du Musée égyptien du Louvre », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, t. 17, fasc. 1, 1909, p. 20-23). La réalisation des tracés est particulièrement fine et précise. Ainsi, l’œil du dieu est cerclé d’une double paupière protectrice, assurant au rapace un champ de vision décuplé, et surmonté de petites rémiges ; le bec est soigneusement modelé. On note l’ensemble des détails qui rendent le motif très vivant : les triples cercles entourant l’œil indiquent que celui-ci est en mouvement, comme à l’affût, l’œil grand ouvert du rapace conservant une vision faciale.

L’identité du dieu représenté est aujourd’hui hypothétique, l’absence d’inscription et le caractère fragmentaire ne permettant pas de se prononcer avec certitude entre les divers dieux-faucon que compte le panthéon égyptien, au sein duquel Horus et Rê-Horakhty sont les plus fréquemment représentés (sur les divinités faucon en Égypte, voir P. Vernus, « Faucon », dans P. Vernus, J. Yoyotte, Bestiaire des pharaons, 2005, p. 369-377).

Ce monument serait à considérer comme un « modèle de sculpteur » (sur cette dénomination problématique, voir B. v. Bothmer, « Ptolemaic Reliefs. IV. A Votive Tablet », Bulletin of the Museum of Fine Arts, vol. 51, no. 286 (Déc. 1953), p. 80-84) ; certains exemplaires découverts dans des sanctuaires et des cimetières de momies d’animaux sacrés auraient pu cependant constituer des offrandes votives (B. v. Bothmer, ibid., p. 83, n. 17). K. Myśliwiec a par ailleurs suggéré que ces petits reliefs pourraient être des « esquisses en relief », préparatoires aux reliefs décorant les parois des sanctuaires de cette époque (voir K. Myśliwiec, « Towards a Definition of the “Sculptor’s Models” in Egyptian Art », Études et Travaux 6, 1971, p. 71-75). Néanmoins, le contour accidenté et l’absence de contexte archéologique rendent l’interprétation difficile et Co. 3047 peut également être le fragment d’une plaque votive, ou d’un relief issu d’une paroi de temple ou de chapelle. Rappelons encore la couleur brun rosé de la pierre, alors que les plaques votives et « modèles de sculpteur » sont habituellement réalisés dans un calcaire blanc ou légèrement grisé (Voir, pour comparaison les modèles de sculpteur à double face Musée du Caire CGC 33463 (faucon) in TOMOUN 2005, N° 140 p. 236 et pl. 73a) et Musée du Caire CGC 14760 in TOMOUN 2005 N° 156 p. 239 et pl. 79).

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Boreux 1913 : Hôtel Biron, 146, Bas-relief fragmentaire en calcaire, représentant le profil tourné vers la droite et le haut de la poitrine d’un Horus hiéracocéphale ayant au cou un collier, les deux angles de gauche manquent ; la tête de l’oiseau est d’une grande finesse Basse Époque. 13 x 12. Estimé cent cinquante francs.

Donation Rodin à l'État français 1916.

 

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