Tête de Bès

élément de mobilier

Égypte > Provenance inconnue

Nouvel Empire ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

Bois

H. 8,6 CM ; L. 8,6 CM 

Co. 5677

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en  état de conservation moyen. La surface était recouverte de dépôts d’enfouissement. Le bois a subi l’attaque d’insectes xylophages et l’objet est très fragmentaire.

Description

Ce fragment d’objet en bois égyptien (cèdre, cyprès ou figuier sycomore) est à l’effigie de Bès. Le visage léonin, aux pommettes saillantes, entouré d’une crinière est grimaçant. Les sourcils broussailleux, les grands yeux, le bout du nez épaté, la lèvre supérieure charnue, la langue pendante ainsi que la longue moustache indiquent clairement qu’il s’agit de la représentation du génie, protecteur du foyer. La face du dieu est sculptée sur la partie convexe, assez fortement bombée. Au revers, la partie concave est soigneusement polie. 

 

Bès est une divinité secondaire protectrice du foyer. Ses représentations sont incontestablement attestées dès le Nouvel Empire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tels Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de long bras, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une longue barbe fournie et très souvent d’une couronne de plumes d’autruche. Au Nouvel Empire, Bès porte souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé leur garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son devoir de protection. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant ». Il est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Bès est un personnage important dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON Danielle, Le Mythe de la Déesse Lointaine à Philae, Bibliothèque d’Études, Institut Français d’Archéologie Orientale132, Le Caire, 200), dans lequel on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Égypte en lui jouant de la musique. Le génie est donc aussi le protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. C’est pour cette raison que l’on retrouve souvent son image sur des sistres (par exemple au Walter Art Museum de Baltimore, 54.493). Il incarne les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant ainsi ses ennemis à s’en prendre à ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité puisque l’on retrouve des représentations du nain jusqu’au premier siècle du premier millénaire de notre ère. On a retrouvé un certain nombre de ses effigies dans la ville d’Akhetaton et il est possible qu’un lieu ait été consacré à son culte dans l’oasis de Bahariya.

Un élément identique à ce masque en bois est conservé dans les collections du musée, le Co. 5676. Les insectes xylophages ayant fortement dégradé le bois, il est difficile de déterminer avec certitude la forme initiale des Co. 5676 et Co. 5677 mais leur réalisation en bois est un indice pour comprendre leur usage d’origine. Plusieurs utilisations peuvent être évoquées. Il s’agit très probablement des éléments d’un repose-tête, comme  par exemple l’exemplaire du Musée du Louvre inventaire N° E10912.  En ce qui concerne l’usage et la symbolique des chevets et repose-têtes, voir le catalogue de l’exposition organisée par la Fondation Dapper pour les arts africains du 20 avril au 16 septembre 1989 (Christiane Falgayrettes, Supports de rêves, Paris, Editions Dapper, 1989). Néanmoins, les figures de Bès des Co. 5676 et Co. 5677 constituaient peut-être l’ornement d’un ustensile, d’une pièce d’ameublement (lit ?) ou d’une applique murale, à l’image de l’applique conservée au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d’inventaire 25.10.20.5.

La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autres objets à l’effigie de Bès, à savoir ceux inventories sous les numéros Co. 2736, Co. 2596, Co. 3064, Co. 3385, Co. 966, Co. 3090, Co. 5676. L’objet Co. 5677 est très similaire au Co. 5676 bien que le Co. 5677 soit un peu mieux conservé.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 55, "(a-b) Deux têtes de Bès, très fragmentaires, ayant appartenu à un meuble (bois) Hauteur  moyenne 8 cent. Estimé cent francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

Commentaire historique

Les deux objets furent exposés ensemble à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux les décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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