Provenance inconnue
Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?
L. 5,8 cm ; D. cuilleron. 2,4 cm ; ép. max. 0,7 cm
Os
Co. 3640
Provenance inconnue
Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?
L. 5,8 cm ; D. cuilleron. 2,4 cm ; ép. max. 0,7 cm
Os
Co. 3640
L’ensemble de la cuiller est recouvert de sédiments blancs. On note aussi des traces laissées par des radicelles, notamment à l’intérieur du cuilleron. Le manche est cassé à mi-hauteur. Une fissure longitudinale fragilise l’objet à la jonction de la face interne du manche et du cuilleron. Le bord senestre du cuilleron est manquant. De nombreuses petites pertes de matière s’observent également, ainsi qu’une forte abrasion de la surface.
Cet ustensile appartient à la catégorie des cochlearia, cuillères munies d’un cuilleron circulaire, dont la fonction première était de servir à déguster des escargots ou des œufs. Constituant avec la ligula, cuillère au cuilleron plus allongé ou en forme de goutte d’eau, l’une des deux typologies principales de cuillères à l’époque romaine, le cochlear connaît une importante diffusion dans l’ensemble du monde romain, de l’époque républicaine jusqu’au IVe siècle. Comme leurs homologues en métal cuivreux et argent, ces cuillères étaient sans doute employées dans le cadre de préparation d’onguents ou de remèdes, dans les domaines de la pharmacopée et de la cosmétique.
Notre objet se distingue par un manche à la section ovale, dont le diamètre se rétrécissait vers l’extrémité proximale, aujourd’hui perdue. Le manche se raccorde au cuilleron ovale, assez profond, par une pointe courte triangulaire, bien dessinée, visible sur la face externe de l’ustensile. L’artisan a pourvu la paroi du cuilleron d’une certaine épaisseur de matière afin de créer un bord en ressaut. Le département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre conserve un exemple analogue, au cuilleron restauré (DAE, inv. E 642), qui montre à la fois un cuilleron cerné d’un ressaut bien marqué, et un manche, à section ovale aplatie, à l’extrémité supérieure en pointe courte, conservant de nombreuses traces de lime. D’autres cuillères abritées dans les collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, présentent les mêmes traits (inv. MG 22388, inv. S. 5778). On peut aussi citer, à titre d’exemple de comparaison, une cuillère mise au jour au Magdalensberg, pourvue d’un manche à raccord en pointe courte (GOSTENČNIK 2005, p. 82, pl. 17/2 p. 438-439), et deux exemplaires lyonnais (BÉAL 1983, n° 781, 787 p. 250-251, pl. XLV).
D’après J.-C. Béal, les premières occurrences du cochlear pourrait remonter au IIIe siècle av. J.-C. (BÉAL 1983 p. 252). Cette typologie si représentative de la cuillère d’époque romaine, se répand dans les provinces occidentales surtout à partir du troisième quart du Ier siècle ap. J.-C., même si elle est déjà attestée dès l’époque augustéenne. Concurrencés par les exemplaires métalliques au IIe siècle ap. J.-C., les cochlearia en os se font plus rares au cours des IIIe-IVe siècles (voir DESCHLER-ERB 1998 p. 133-136 ; SCHENK 2008, p. 54 ; ANDERES 2015, p. 40 pour la chronologie). Compte-tenu des éléments de datation fournis par les sites d’Augst et d’Avenches, nous pouvons placer la fabrication de notre fragment de cuiller au Ier-IIe siècle ap. J.-C.
Comparaisons
-Lugdunum, musée, inv. 689, inv. 244 (BÉAL 1983).
-Magdalensberg, inv. 1987, T/1 (GOSTENČNIK 2005).
-Paris, musée du Louvre, DAGER, inv. MG 22388, inv. S. 5778.
-Paris, musée du Louvre, DAE, inv. E 642.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.