Relief

Déesse sous forme de vache Hathor

Egypte > provenance inconnue

Nouvel Empire à époques tardives, probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 17,2 CM : L. 21,5 CM ; P. 3 CM

Calcaire

Co. 3387

Commentaire

Etat de conservation

Le relief est en bon état de conservation, mais une profonde cassure (moderne) entaille l'encolure de l'animal. Le revers a été retravaillé et aplani à une époque proche de sa mise sur le marché de l'art. Les chants gauche, droit et inférieur présentent des cassures. Des inclusions sont visibles en surface, y compris au revers.

Description

Une vache debout, tournée vers la gauche, se détache en faible relief de la surface de la pierre. Placée en position de la marche apparente, ses pattes reposent sur une ligne de sol. La pierre est parcourue de veines de différentes teintes et des inclusions sont visibles sur toute la surface du relief, y compris au revers. On observe de nombreuses traces ocre-rose sur l'animal, ainsi que sur le fond et les chants supérieur et droits. Un engobe ocre-rose se retrouve sur d'autres stèles en calcaire de la collection Rodin, à l'instar de la stèle Co. 982. L'origine de cette coloration reste indéterminée pour Co. 3387 car, dans la cassure de l'angle supérieur droit, cette teinte rosée s'observe également à l'intérieur de la pierre. Aucune autre trace de polychromie n'est décelable.

Ce bas-relief ne figure pas n’importe quelle vache : on s’en aperçoit au fait que l’animal porte clairement un collier, identifiable malgré la large cassure comme un collier-menat, l’un des attributs principaux du culte d’Hathor, et qui se reconnaît notamment à son contrepoids arrondi qui repose sur le garrot. Il s’agit en fait d’une représentation de cette déesse sous sa forme zoomorphe ; celle-ci peut également apparaître en tant que femme dont la tête est surmontée de cornes bovines encadrant le disque solaire et coiffée d’une dépouille de vautour, coiffe qu’elle a en commun avec Isis dont elle partage d’ailleurs beaucoup de caractéristiques. Beaucoup plus rarement, elle peut également prendre les traits d’une femme à tête de vache.

 

Déesse associée à la maternité, à l’amour, à la sexualité, à la musique et à la joie, Hathor est souvent désignée comme étant la fille et « l’œil » de Rê. Elle est l’une des divinités les plus anciennement attestées en Egypte, puisque les premières attestations de son clergé remontent à l’Ancien Empire ; elle pourrait même être beaucoup plus ancienne, si l’on considère que la déesse archaïque Bat, figurée par une tête de vache, en est déjà une manifestation. Dans tous les cas, Bat finit par se confondre tout à fait avec Hathor lorsque celle-ci émerge comme déesse à part entière et devient rapidement une divinité cruciale du panthéon, notamment du fait de sa relation très étroite avec la monarchie. Déesse nourricière, dans sa forme de vache, Hathor est en effet rapidement représentée comme la nourrice du roi, dont le lait participe à lui conférer une substance divine. Dès le début du Moyen Empire, Montouhotep II se proclame ainsi « fils d’Hathor » ; beaucoup plus tard, Hatchepsout lui emboîte le pas en consacrant une chapelle entière de son temple funéraire à cette déesse et à son rôle de nourrice divine du souverain. Ce lien privilégié avec la monarchie continue à être de mise jusqu’à la période ptolémaïque, où plusieurs temples accueillent des mammisis, des kiosques cultuels dédiés à la représentation du roi enfant et des divinités qui l’entourent, dont au premier chef Isis et Hathor.

 

Ce relief pourrait provenir d’une paroi de sanctuaire, ou bien également d’un tombeau, même de particulier : à partir du Nouvel Empire, Hathor y apparaît dans certaines scènes sous les traits d’une vache faisant face au défunt. Le relief est cependant trop incomplet pour pouvoir trancher entre ces deux possibilités.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 45, "Bas relief fragmentaire en calcaire jadis peint. Vache Hathor tourné vers la gauche, ayant le menat sur les épaules. Larg. 20 ; Haut. 18. Estimé soixante francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

 

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