Porteuse d’offrande, tournée vers la gauche

Fragment supérieur incomplet d’une scène de procession

Égypte > Provenance inconnue

L'âge classique > Ancien Empire  > Ve dynastie - début VIe dynastie (probablement)

[voir chronologie]

Calcaire

H. 14,4 CM : L.  23,8 CM : Ep.  4 CM

Co. 3384

Commentaire

Etat de conservation

Fine et légèrement incisée, la gravure du décor s’est estompée en plusieurs endroits ; le relief a souffert d’épaufrures. Des soulèvements en feuillets ont été détectés sur le chant supérieur. Le chant gauche serait d’origine, les trois autres correspondraient à des cassures. Des coups d’outils très nets mutilent la face et des marques de ciseau sont visibles au revers.

Description

Une femme, vue à mi-corps, s’avance, tournéee vers la gauche. Son bras droit s’élève devant elle, maintenant en équilibre sur sa tête un plat ou une corbeille à offrandes dont seule la base subsiste. Parée de deux colliers, elle est coiffée d’une longue perruque tripartite à grandes mèches. Sa robe - un fourreau collant à bretelle - laisse dégagé son sein droit, dont l’aspect saillant est mis en valeur par la position levée du bras.

 

Tout à gauche du fragment, la présence d’une colonne d’encadrement nous indique qu’il se situait au début d’une scène, gravée sur la paroi d’un mastaba de l’Ancien Empire.
Le thème du décor correspond à celui d’un défilé de porteuses d’offrandes, destiné à alimenter le repas funéraire du défunt et de sa maisonnée dans l’au-delà. Notre relief s’inscrit dans le répertoire très spécifique des scènes appelées “défilés de domaines”. 
Apparaissant à la IVe dynastie et particulièrement appréciés à la Ve dynastie, ces défilés de domaines (c’est-à-dire des possessions rurales) se développèrent sur les parois, les dimensions spacieuses des tombeaux de l’Ancien Empire ayant offert aux scribes la possibilité d’inscrire les décors sur plusieurs registres. Des serviteurs en procession apportaient au défunt -dignitaire d’Egypte- les produits des différents domaines qui lui étaient attribués. Le nom de chaque domaine était gravé devant le personnage chargé de l’incarner. Les recherches effectuées par H. K. Jacquet-Gordon (JACQUET-GORDON 1962, p. 26-28) ont mis en évidence que le sexe du personnage était à l’origine en relation avec le genre du nom du domaine. Progressivement, les défilés furent essentiellement composés de femmes. Datant de la Ve dynastie, le mastaba de Ti, l’un des monuments les plus fréquentés de Saqqara, expose à ses nombreux visiteurs un défilé complet (voir, par exemple, le dessin de la procession développée sur la paroi est du portique (en trois registres) par Lucienne Epron dans Le Tombeau de Ti, fasc. 1, MIFAO 65, IFAO, 1939, pl. IV).

 

La colonne d’hiéroglyphes gravée devant notre porteuse d’offrandes indiquait donc le nom d'un domaine dont est conservé la mention suivante : "...Le pain Hebenenet de Kaheh...".

Inscription

Une colonne d’hiéroglyphes, inscrite de gauche à droite, est gravée devant la porteuse d’offrande.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Boreux 1913 : Hôtel Biron, 113, "Fragment de bas relief en calcaire. Une femme  (tournée vers la gauche) vue à mi-corps, un bras levé (le sein est très saillant au dessus de la robe) ; devant elle on lit [...] 23 x 14. Estimé 100 F."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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