Plaque en forme de faucon

Egypte >  Provenance inconnue

Troisième période Intermédiaire

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 2,8 CM : L. 3,5 CM : P. 0,4 CM

Pâte de verre noire

Co. 2417

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. L’ensemble de la surface antérieure est érodée et parsemée d’éclats. La partie supérieure de l’objet est la mieux conservée. La plaque est cassée au niveau des pattes et à l’extrémité de la queue. Toute la surface est empoussiérée.

 

Description

Réalisée en pâte de verre noire, cette plaque adopte la forme d’un faucon. Ailes repliées et tête droite, le rapace se tient dressé sur ses pattes. Cette attitude est celle du faucon utilisé comme signe hiéroglyphique ou comme déterminatif dans l’écriture égyptienne. Le bec est court, la forme des ailes et de la queue est sculptée avec précision. Le motif particulier formé par les plumes noires qui encerclent l’œil des faucons laniers ou faucons pèlerins a bien été caractérisé. Le revers de la plaque est resté brut. Sa surface est plus brillante que celle de l’avers, érodée.

 

Cette plaque correspond vraisemblablement à une effigie d’Horus. Horus, dont le nom égyptien Herou signifie « le lointain, le distant », est une des divinités principales de la cosmogonie égyptienne. Il apparait dans la documentation dès l’époque Prédynastique en tant que divinité solaire et patron de la ville de Nekhen, nom égyptien de Hierakonpolis qui signifie en grec « la ville du faucon ». Les premiers rois d’Egypte, qui réalisèrent l’unification de la Haute et de la Basse Egypte, étaient originaires de cette ville. Horus devint de fait le patron du royaume et, par extension, celui de la monarchie. Cet aspect d’Horus, que l’on appelle parfois « Horus l’Ancien », se superpose aux mythes osiriens dans lesquels Horus joue un rôle fondamental. Dans ces mythes, Horus est le fils du couple divin Isis et Osiris, conçu après que sa mère ait réuni le corps de son époux, tué puis éparpillé en morceaux par son frère Seth. Elevé par sa mère à l’abri des jalousies de son oncle, Horus livre un combat acharné contre Seth qu’il finit par remporter. Horus incarne dès lors le fils qui lave l’honneur de son père, devient la figure de l’héritier royal et donc du roi égyptien. Au Ier millénaire avant notre ère, Horus bénéficiera des prestigieux cultes d’Osiris (voir COULON, 2005, p. 1-23 et COULON, 2011, p. 21-24) et d’Isis auxquels il sera associé. Le faucon est également l’animal emblématique du dieu Rê. Quand il incarne cette divinité, un disque solaire lui est souvent associé ce qui n’est pas le cas de la figurine Co. 2417.
 

Cette plaque est à voir très vraisemblablement une amulette. Les amulettes égyptiennes, objets aux dimensions généralement modestes, ont apparu dès le début de l’Histoire égyptienne. Si le mot amulette peut s’exprimer sous différentes formes en égyptien ancien, l’étymologie se rapporte toujours à la notion de protection. Les amulettes peuvent être en matières très diverses et représenter des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat, le pilier djed ou bien des signes hiéroglyphiques ou encore des représentations de divinités comme la plaque Co. 2417. Il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Les amulettes étaient utilisées aussi bien pour les vivants que pour les morts ; avant le Nouvel Empire, les amulettes sont néanmoins essentiellement retrouvées en contexte funéraire. Elles étaient placées, parfois en larges quantités, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées comme bijoux protecteurs, incluses dans des colliers, des bracelets ou des bagues. (Pour le site d’Amarna, voir STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifie nettement au cours de la XVIIIe dynastie et l’essor de la fabrication en faïence entraîna des matières, formes et utilisations de plus en plus variées. Elles constituent un élément central de la piété populaire et nous informent sur certains rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu de restituer qu’elles pouvaient également être suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée en tant que figurine divine. La documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Ne possédant aucune perforation ni système de suspension, il est tout à fait possible que la plaque Co. 2417 ait été utilisée en contexte funéraire (placée entre les bandelettes d’une momie ou bien incrustée sur l'un des objets du trousseau emporté par le défunt dans l'au-delà) ou bien en contexte religieux (dans un dépôt de fondation, par exemple).

 

Œuvres associées

 

Différentes collections égyptiennes conservent des exemplaires d'amulettes de faucon, réalisés en divers matériaux et datant du Prédynastique jusqu’à l’époque gréco-romaine. Un exemple de plaque similaire en faïence égyptienne est conservée au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d’inventaire 16.10.251.

 

Dans les collections du musée Rodin, deux autres objets en pâte de verre noire représentant une divinité sont à rapprocher de Co. 2417 (Co. 1481 (Amset) et Co. 2421 (Onouris).

Inscription

Anépigraphe. 

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