Ouchebti momiforme au nom de Ouâhibrê, fils de Hen (?)

Égypte > provenance inconnue.

Basse Époque, probablement XXVIe-XXVIIe dynasties (d’après l’inscription)

[VOIR CHRONOLOGIE].

Faïence siliceuse verte.

H. 19,2 CM ; L. 5,4 CM ; P. 3,9 CM

Co. 2401

Commentaire

Etat de conservation

Les pieds de la statuette ont été cassés puis recollés. La glaçure verte qui le recouvrait a en grande partie disparu et la surface est partout usée : les traits du visage ne sont plus reconnaissables et l’inscription est partiellement effacée. Un éclat récent dépare l’extrémité du nez.

Des taches rouges sont visibles à l’arrière, en bas de la figurine. Elles sont sans doute liées aux conditions d’enfouissement de l’objet (contact avec de la rouille ?)

Description

Ouchebti en faënce de couleur verte. Le personnage est représenté debout sur une petite base. Son corps est entièrement emmailloté, les bras croisés sur la poitrine. Seules les mains, qui tiennent chacune un instrument agricole (une houe et un pic), sont en relief et sortent de la gaine. On remarque que les doigts ont été rendus par des incisions et que le pouce, tendu, est particulièrement visible. La tête est ornée d’une longue perruque tripartite peinte en noir, aux mèches incisées, et le menton d’une longue barbe fine. Les oreilles, placées de chaque côté d’un visage allongé, sont soigneusement détaillées. Les pieds emmaillotés reposent sur une base très fine. Au revers de l’objet, un épais pilier dorsal s’arrête au bas de la perruque. Le polissage de sa surface n’a pas été effectué après démoulage.

Bien que gainée, la silhouette de ce défunt, d’un rang social élevé, respecte des formes et proportions adaptées. La courbe des reins, nettement marquée si l’on observe la figurine de profil, est puissante, ce qui montre un homme est en pleine possession de ses moyens.

 

L’ouchebti faisait partie de l’équipement funéraire des défunts aisés. Au fil du temps, ces figurines funéraires étaient réunies dans la tombe en nombre de plus en plus conséquent. Chargée de répondre à l’appel du défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants), la figurine Co. 2401 tient dans ses poings fermés des instruments agricoles.

 

Le matériau et le style de l’ouchebti Co. 2401 permettent de le dater avec certitude de la Basse Époque (SCHNEIDER 1977, type 5.3.1). À cette période en effet, les deux houes qui étaient visibles dans les mains du serviteur à partir de la XVIIIe dynastie sont remplacées par un pic et une houe. Le pilier dorsal et les pieds de la figurine sont dorénavant placés sur une base rectangulaire. Autrefois privilège royal, les particuliers peuvent alors porter une barbe et tous les ouchebtis sont, à partir de cette époque, pourvus d’une barbe. Cette barbe peut être soigneusement détaillée.

 

Le nom du défunt suggère pour Co. 2401 une datation saïto-perse (XXVIe-XXVIIe dynasties). En effet, Ouâhibrê est un prénom masculin très courant à la Basse Époque (RANKE 1935-1977, p. 72 n° 28), notamment à la XXVIe dynastie. Il s’agit par exemple du nom de roi de Haute et Basse-Égypte du pharaon Psammétique Ier, qui a régné de 664 à 610 av. J.-C. On connaît également une dizaine de statues d’un gouverneur de Haute-Égypte du nom de Ouâhibrê, datant de la fin de la XXVIe dynastie (Louvre A 91).

 

Parmi les plus beaux exemplaires connus à cette époque figurent les ouchebtis d’Hekaemsaef. La tombe de cet amiral, contemporain du pharaon Amasis (vers 550 av. J.-C.), a été découverte en 1903 près de la pyramide d’Ounas à Saqqara. Elle contenait 401 ouchebtis. L’un d’entre eux est actuellement conservé au Metropolitan Museum of Art de New York (16.9.1). Contrairement à Co. 2401, il n’est pas inscrit.

 

Œuvres associées

Les plus proches parallèles se trouvent dans la collection du musée Rodin. Les figurines Co. 2344, Co. 2354, Co. 2356 et Co. 2372 sont de même type que Co. 2401 et datent probablement de la même époque (VIIe-VIe s. av. J.-C.).

Inscription

Huit lignes de hiéroglyphes ont été gravées à l’avant de la statuette. Le texte contient le nom du défunt (Ouâhibrê) et une partie de celui de sa mère (Hen…), inclus dans un passage du chapitre 6 du Livre des Morts. Ce texte, classique, enjoint aux ouchebtis de répondre à l’appel au défunt au moment où celui-ci sera chargé de réaliser des travaux. Ils les effectueront à sa place.

 

Traduction fournie par Dominique Farout.

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