Ouchebti momiforme

Egypte > Provenance inconnue

Basse Époque

[Voir chronologie]

H. 5 CM : L. 1,4 CM : P. 0,8 CM 

Co. 2397

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. L’ouchebti est complet mais très émoussé. Beaucoup d’inclusions et d’éclats sont visibles sur l’ensemble de la surface. 

Description

Il s’agit d’un ouchebti réalisé en faïence vernissée verte. Le personnage, au corps entièrement gainé, se tient debout, En dépit de l’état très émoussé de la matière, on distingue la forme arrondie du visage ainsi que la perruque tripartite, dont les mèches descendent jusqu’à la poitrine. Une barbe postiche est également identifiable. Les traits du visage sont complètement effacés. On constate que les bras sont plaqués contre le corps et repliés au niveau de la poitrine. Les poings sont serrés, laissant le pouce apparent et tiennent fermement deux instrumenst (houes ou pics). Un renflement le long de l’épaule gauche suggère la présence d’un sac à graines, pendant dans le dos. Le bas de la figurine est particulièrement accidenté. Les pieds présentent des défauts de modelage et une large fissure traverse la zone entre la cheville droite et la jambe gauche. L’ouchebti Co. 2397 a été moulé hâtivement, l’artisan n’ayant pas cherché à niveler les amas de matière (voir par exemple au sommet du crâne), ni à rectifier le modelage des pieds (défectueux), ni à effacer la fissure au niveau des chevilles (recouverture par la glaçure). Néanmoins, malgré des dimensions retreintes (la figurine est de la taille d’une amulette), les éléments nécessaires à un ouchebti sont présents. Ainsi, l’équipement agricole de base (houes ou pics et sac à graines) a bien été suggéré. Les pieds du personnage, entièrement gainé dans un linceul, reposent sur une petite base rectangulaire. Ce socle assure la stabilité du serviteur pour l’au-delà. La figurine est aux ordres du défunt, prête à assurer les corvées pour lui.

Le dos de cet ouchebti est plat. L’objet a été aplani afin de faciliter son dépôt dans la tombe (soit posé à plat, soit aligné dans un coffret). Une large dépression a été fortement imprimée de part et d’autre de l’objet, séparant la tête des épaules. La réalisation de cette dépression a provoqué un amas de pâte, qui dépasse légèrement de chaque côté.  de part et d’autre. Des inclusions et des éclats parsèment l’ensemble de la surface.

La figurine Co. 2397 s’inscrit dans la longue tradition du type bien particulier des ouchebtis, figurines funéraires égyptiennes attestées dès le début du Moyen Empire. Ces figurines sont à la fois une représentation du défunt et son substitut. La fonction de ces objets était d’accomplir dans l’au-delà les tâches serviles à la place du défunt, notamment les travaux agricoles. On en trouve les premiers exemples au cours de la Première Période Intermédiaire à travers des figurines de cire articulées. Les premiers ouchebtis traditionnels font leur apparition dans le matériel funéraire au cours de la XIème dynastie, indices de démocratisation des rites funéraires. On les trouve  mentionnés dans les Textes des Sarcophages,  désignés par le terme de shabou ou shabouty dont la racine renvoie à l’idée de « corvée ». Au cours du Nouvel Empire, c’est le terme shabti qui sera utilisé et qui renvoie cette fois-ci à l’idée de « remplacer ». À partir de la XXIème dynastie, le terme évoluera en ouchebti dont l’étymologie évoque la notion de « répondre ». 

D’aspect momiforme, non articulés, les ouchebtis peuvent être aussi bien féminins que masculins. Leurs dimensions varient, allant de quelques centimètres à plus de 60.  Jusqu’au Nouvel Empire, les ouchebtis sont réalisés en pierre. Au cours de la XVIIe dynastie, des exemples en bois sont produits, de forme rectangulaire et de facture assez frustre. Le Nouvel Empire voit l’apparition d’ouchebtis en faïence, et des modèles en terre cuite et en bronze sont produits dès la Basse Epoque. Au cours de la XIXe dynastie, des ouchebtis non momiformes mais représentés habillés sont réalisées. Un exemple de ce type d’ouchebti est conservé à l’Egypte Centre de Swansea sous le numéro d’inventaire W379. Plusieurs modèles sont représentés portant des outils agricoles ou encore des amulettes. Les ouchebtis peuvent être placés à différents endroits de la tombe. Certains furent retrouvés dans des petits sarcophages individuels ou bien dans de grandes caisses reprenant la forme des sarcophages de style rishi de la Seconde Période Intermédiaire. On a également retrouvé des ouchebtis dans des petits naos ou encore placés dans des cavités creusées dans les murs de la sépulture. On les rangeait également dans des coffrets décorés à l’instar de celui de Bakimen conservé au Musée du Louvre sous le numéro d’inventaire N2920.

Le nombre déposé variait selon les sépultures, de quelques exemplaires à plusieurs centaines de figurines. La cache royale de Deir el-Bahari, qui a livré les sarcophages et dépouilles de beaucoup de souverains du Nouvel Empire, enfermait également un nombre impressionnant d’ouchebtis en faïence.

 

C’est à partir du Nouvel Empire que la production des ouchebtis s’accélère. Produits en masse, ils connaîtront un succès populaire considérable jusqu’à la période gréco-romaine.

 

Beaucoup d’ouchebtis sont inscrits. Ces inscriptions peuvent être incisées ou peintes. Il s’agit de formules permettant de donner l’ordre aux ouchebtis de travailler pour leur maître. Ces formules, originellement inscites dans les différentes versions des Textes des Sarcophages ainsi que du Livre des Morts, sont incisées directement sur  les ouchebtis dès la XVIIe dynastie.

 

L’ouchebti Co.2397 a été réalisé en faïence dite égyptienne. Cette technique fait son apparition au Nouvel Empire et permet de créer des objets imitant l’aspect du lapis-lazuli et de la turquoise, la couleur bleue étant est chargée de symbolique divine. Les Egyptiens distinguaient d’ailleurs la couleur bleue naturelle de la couleur synthétique en ajoutant maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Des expérimentations visant à produire des objets émaillés de couleur bleue ont sans doute eu lieu dès le Prédynastique certainement motivées par l’arrêt de l’importation du lapis-lazuli provenant du Badakhshan durant les Ière et IIème dynasties. Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite bleu égyptien,  il y a la silice, élément nécessaire à la vitrification que l’on peut retrouver dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Egypte.  L’ajout de feldspaths à la pâte peut compléter l’apport en silice. Le quartz nécessitant des fondants afin de fondre à basse température, on retrouve dans les pâtes égyptiennes des alcalis tels que la soude, présente dans le natron lui-même disponible dans le Ouadi Natroun, à El Kab ou dans la province de Baharie. L’ajout de chaux aide la fusion du quartz à basse température. Des éléments tels que la gomme arabique, l’argile et le natron sont également nécessaires pour conférer de la plasticité au quartz. Enfin, l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre donne la couleur bleue (le cuivre étant disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure). L’ajout de cobalt pour renforcer la couleur bleue est possible. Une fois les ingrédients réunis puis réduits en poudre, les ingrédients sont chauffés entre 750°C et 850°C. A cette température, ils ne fondent pas mais le gaz généré durant l’opération s’échappe, permettant aux composants de se mélanger. Cette technique de “frittage” peut durer de quelques heures à quelques jours. L’ensemble obtenu est brusquement refroidi, broyé, puis fondu en obtenant une température entre 1000 et 1200°C . Pour améliorer la qualité de la pâte, l’opération peut être recommencée jusqu’à l’obtention d’une masse vitreuse résistante. Cette pâte peut alors être moulée ou taillée. 

L’ouchebti Co.2397 a vraisemblablement été moulé en série. Sa forme et sa couleur suggèrent une production d’époque tardive. 

Si la très petite taille de cet ouchebti est unique dans la collection égyptienne du musée Rodin, des exemplaires similaires sont conservés dans différentes collections à l'instar de l'Egypt Centre, Swansea: N°EC798 et N° W5088, West Park Museum: N° 1821.1977 (JANES, 2010, p.37), ainsi qu'au Petrie Museum: N° UC57670.

Inscription

Anépigraphe.

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