Homme nu

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,85 cm ; L. 4,3 cm ; P. 1,2 cm

Os, tibia gauche de bœuf

Co. 2241

Commentaire

Etat de conservation

Les parties supérieure et inférieure de l’applique sont manquantes. Une cassure courbe, qui suit l’ovale du visage, a provoqué sa perte, tandis qu’une ligne de fracture épousant l’arrondi du ventre et du pli inguinal a entraîné la disparition des jambes, à l’exception du haut de la cuisse droite. La vascularisation de l’os apparaît très légèrement sur toute la face externe de l’applique, donnant l’impression d’une surface entièrement piquetée. Un léger délitement se manifeste au niveau du pubis du personnage, accompagné de fentes.

 

Des traces du tissu osseux spongieux sont aussi visibles au revers, notamment sur le bord dextre. En outre, une coloration ocre s’observe sur les bords et prend la forme de quelques taches en partie supérieure de la cavité médullaire.

Description

L’applique allongée est entièrement dévolue au tronc et aux jambes d’une figure masculine. D’autres pièces complétaient la figure en la dotant sans doute de bras et d’attributs. L’association d’éléments de placage était requise pour créer de vastes compositions à l’instar de la frise sculptée d’une figure de Silène accompagné de deux ménades conservée au musée du Louvre (MND 1866, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines : MARANGOU 1976, pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, pl.), ou des éléments de décor mis au jour en 2002 sur l’acropole de Perge en Turquie (K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-77, fig. 2). La même idée peut être formulée au sujet du relief Co. 2246 du musée Rodin, constitué uniquement d’un buste d’homme.

 

Le cou dégagé et massif du personnage est encadré de deux mèches de cheveux ondulées venant mourir sur les épaules. Empreinte d’un caractère féminin, cette coiffure mi-longue, est généralement adoptée par Dionysos ou Apollon sur les reliefs en os. On citera volontiers en guise d’exemples certaines appliques consacrées à Dionysos de la collection d’A. Rodin, sur lesquels les boucles tombant dans le cou sont particulièrement bien lisibles : Co. 2099, Co. 2232 et Co. 2240.

 

Le buste très étiré du jeune dieu ou héros représenté devait appartenir à l’origine à une applique de grande taille, avoisinant au moins 21 cm de haut. Structuré par une musculature exacerbée, le torse révèle un véritable sens de l’expression anatomique. Les pectoraux bombés, séparés par l’axe vertical du sternum, surplombent une cage thoracique distendue, partagée par la ligne blanche. Celle-ci se termine par un nombril suggéré par une subtile dépression. À la rigueur qui préside à l’articulation des muscles s’oppose la douceur du ventre plus rebondi. Sur cette zone, le dessin oblong des fibres de l’os a été mis à profit par l’artisan pour accroître l’impression de volume. Sous les organes génitaux se distingue le pli d’un drapé qui devait peut-être couvrir la jambe gauche, puis passer devant la jambe droite.

 

La position de l’épaule gauche, ainsi que la ligne du bras, laissent supposer que le personnage était accoudé à un support, ce que conforte son très faible déhanchement. L’incision qui souligne le bord dextre pourrait correspondre aux plis de l’étoffe d’un himation posé sur les épaules. Il serait séduisant de reconnaître dans ce fragment une image de Dionysos, mais la fragilité des indices invite à rester prudent. Le corps souple et longiligne, aux chairs fermes, traduit une dette envers l’héritage hellénistique. En dépit d’un rendu moins subtil des muscles abdominaux et d’un élancement de la silhouette encore plus prononcé, cette applique renvoie au relief AF 6565 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (MARANGOU 1976, p. 89, pl. 5b). Elle rappelle également par la justesse de ses proportions et de l’anatomie, tout comme par la douceur du modelé, la statuette en ivoire du IIe siècle ap. J.-C., représentant peut-être Apollon, découverte sur le site de Yenikapi à Istanbul (MRY’05-690, 06.181 : KIZILTAN 2007, p. 286, Y56). Par contre, le torse assez droit, aux masses musculaires accentuées et presque géométrisées, s’inscrit dans la lignée du fragment Co. 2246 du musée Rodin. Si l’allongement du corps correspond davantage aux critères stylistiques de la période antonine, la frontalité et l’intérêt porté aux détails anatomiques s’accorde plutôt aux tendances de la période sévérienne (MARANGOU 1976, p. 78-79). Aussi, est-il possible que cette applique à la facture soignée ait été produite au cours du IIIe siècle, voire un peu plus tard, au IVe siècle.

 

Marquage

749 ?, très effacé, inscrit à l’encre violette sur la surface interne du bord senestre de la pièce.

 

Comparaisons 

-Istanbul, fouilles de Yenikapi, MRY’05-690, 06.181.

-Paris, musée du Louvre, DAE, inv. AF 6565.

-Paris, musée Rodin, Co. 2246.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection