figure de femme drapée

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 12,2 cm ; L. 4,5 cm ; P. max. 1,8 cm

Os, humérus gauche de bœuf, face médiale

Co. 2087

Commentaire

Etat de conservation

Cette pièce, qui offre sur sa face principale une couleur ivoirine, mais une teinte plus blonde au dos, est cassée en partie inférieure et sur son côté senestre. Les faces des bords internes révèlent des éclats et de longues fentes longitudinales. De petites fentes apparaissent aussi sur la face externe, notamment sur le poignet droit de la figure de femme.

 

De nombreux sédiments se logent dans les creux, augmentés de résidus blancs, non liés. On distingue aussi des traces de rouge sous le coude droit de la jeune femme. Quelques marques noires s’observent également.

Description

Debout, légèrement déhanchée, la jeune femme tourne la tête vers la droite. Elle est vêtue d’un fin chiton ceinturé sous la poitrine, qui dénude le sein droit. Ce vêtement est recouvert, au niveau des jambes d’un himation, drapé en oblique dont l’étoffe crée un repli triangulaire. Alors qu’elle semble retenir ce pan de drapé, la figure soutient contre son buste, de sa main gauche, une corne d’abondance. Son visage est bordé d’une chevelure séparée par une raie médiane, coiffée en deux bandeaux ramenés vers l’arrière. Une stéphané la surmonte.

 

Cette silhouette s’inscrit dans un corpus identifié par L. Marangou, regroupant des représentations de femmes debout et drapées (MARANGOU 1976 p. 57-58). Treize appliques du musée Benaki répondent au type iconographique développé sur la pièce du musée Rodin. Ces figures féminines se distinguent par un long chiton, replié sous l’aisselle droite, autour duquel est enroulé un himation. Elles serrent souvent dans leur main droite une petite couronne, alors qu’elles tiennent une cornucopia dans la main gauche.

 

La corne d’abondance peut faire songer en premier lieu à la déesse de la fortune, Tychè, mais son caractère peu signifiant, comme la couronne, ne permet pas d’assigner le type iconographique analysé à un personnage mythologique. Toutefois, l’association de ce deux attributs à la figure d’Ariane, sur deux petites appliques en os conservées au musée Benaki à Athènes (18838: MARANGOU 1976, p. 34, 98, Pl. 20d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 252, p. 175-176, 287, pl. 67), et au Walters Art Museum de Baltimore (71.44: RANDALL 1985, n° 168, p. 100-101), interroge sur une possible image de la compagne de Dionysos (DELASSUS 2020, p. 50, fig. 2 p. 75). Si ces analogies ne sont sans doute pas suffisantes pour valider cette hypothèse, elles soulèvent la question de l’iconographie d’Ariane sur les appliques en os égyptiennes d’époque romaine. Contrairement à d’autres domaines artistiques, l’épouse de Dionysos y est étrangement peu représentée.

 

Procédant d’un modèle courant à l’époque hellénistique, ces figures témoignent d’une filiation évidente avec les reines ptolémaïques moulées sur les oenochoés en faïence du IIIe siècle ou de la fin du IIe siècle av. J.-C., produites principalement à Alexandrie. Elles leur empruntent, l’agencement du vêtement, la corne d’abondance et la couronne (THOMPSON 1973, p. 24-34). L’ajustement de l’himation rappelle précisément sur notre applique, le type I b des souveraines lagides, défini par D. B. Thompson (THOMPSON 1973, p. 30, pl. XXII).

 

Parmi l’ensemble des dix éléments de placage consacrés à ce type iconographique et abrités dans les collections du musée Rodin, cette pièce est l’une des mieux préservées. La jeune femme montre des proportions allongées, un long cou et un visage à l’ovale régulier, animé de deux yeux taillés en relief surmontant une bouche menue. Bien que plusieurs pièces puissent servir de comparaisons sur le plan iconographique, leur style diffère nettement. Le détail de la couronne est absent sur notre relief, à l’instar du fragment Co. 2190 du musée Rodin et de la pièce AF 6564 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Le sens du volume et le soin accordé à certains détails cohabitent sur notre applique avec des éléments plus stylisés, tels la corne d’abondance. Ceci nous invite à songer à une production au cours du IVe siècle.

 

Comparaisons :

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13244, 13284, 13474.

-Athènes, musée Benaki, 18864.

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6564, AF 6578.

-Paris, musée Rodin, Co. 2072, Co. 2188.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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