Provenance > Égypte > Dahchour (probablement)
Ancien Empire
Calcaire
H. 0,195 ; L. 0,149 ; P. 0,048
Co. 1025
Provenance > Égypte > Dahchour (probablement)
Ancien Empire
Calcaire
H. 0,195 ; L. 0,149 ; P. 0,048
Co. 1025
L’état fragmentaire de ce relief est consécutif à des cassures. Si trois chants correspondent bien des cassures, le chant droit est, quant à lui, bien dressé. Malgré un profil légèrement incurvé et des stigmates d’arrachement, celui-ci semble d’origine. L’encadrement visible à l’extrémité droite ainsi que la terre d’enfouissement conservée à cet emplacement le confirment. La pierre n’est pas pulvérulente, mais les volumes légèrement proéminents sont épaufrés. Aucune polychromie n’est visible.
Le fragment de relief Co. 1025 correspond à une portion d’inscription, disposée en colonne. Les signes étant orientés vers la gauche, leur sens de lecture s’effectue de droite à gauche. Trois signes hiéroglyphiques sont encore identifiables. Tout d’abord le signe d’une paire de bras, maniant un bouclier de la main gauche et une massue de la main droite (Gardiner’s Sign List D34 : ʿḥȝ). Il est suivi du signe de la vipère à corne (Gardiner’s Sign List I9 : jt/f). Le troisième et dernier signe est l’image d’un personnage dont la partie inférieure du corps a disparu dans la cassure. Ce signe est à comprendre comme un déterminatif masculin, placé derrière le mot. Tout autour, les fonds sont descendus, laissant les motifs en léger relief. Un bandeau d’encadrement est conservé à l’extrémité droite du fragment.
Les signes sont soigneusement détaillés, comme en témoignent les traitements internés de chacun. Le personnage, par exemple, est coiffé d’une perruque souple à larges mèches, qui recouvre ses oreilles. Son cou est orné d’un collier-ousekh et une large pièce d’étoffe, placée en biais sur son torse, se devine encore.
L’inscription conservée est très probablement un nom, à lire Kaâhaef. Comme l’a signalé Jean Sainte-Fare Garnot dans son étude inachevée et inédite de la collection Rodin, le relief Co. 1025 serait à rapprocher d’une grande stèle architecturale morcelée, de type « fausse-porte » en façade de palais, trouvée à Dahchour en 1894 et dont le propriétaire porte le même nom que le fragment du musée Rodin (MORGAN 1895, pp 12-13 et fig. 12 p. 12). Jacques de Morgan en offre la description suivante : "La cavité ménagée dans la paroi occidentale de cette chambre était probablement autrefois occupée par une grande stèle de calcaire, car on a rencontré dans les décombres qui remplissaient le tombeau un grand nombre de fragments de ce monument". Il publie un dessin au trait du fragment Co. 1025 parmi les autres en indiquant qu'il a été trouvé dans un mastaba de briques crues, dans la salle c. Il montra le fragment à l'égyptologue américain William Stevenson Smith (1907-1969) qui confirma le lien entre le personnage cité sur le fragment et celui du prince Kaâhaef, fils du roi Snéfrou.
Ce monument est en partie publié dans le catalogue du musée du Caire (voir CGC N° 1381 à 1383 dans BORCHARDT 1937, pp. 41-42 et CGC N° 1672 dans BORCHARDT 1964, p. 129). Le fragment Co. 1025 ne se retrouve pas exactement dans la publication des fouilles de Dahchour, ni dans le catalogue du musée du Caire. Force est de constater que, soit les relevés de la grande stèle de Dahchour sont restés imprécis, soit qu’il proviendrait d’un autre monument, encore à identifier.
Le relief Co. 1025 serait donc l’élément d’une grande stèle architecturale de type « fausse-porte » de l’Ancien Empire, en façade de palais. Ce type de fausse-porte, aux redans inscrits en colonnes, est rare, mais attesté pour cette période (voir BAUD 1999, N° 68 de son corpus). Attribuer le fragment de Rodin à la grande stèle de Dahchour semblant une hypothèse très plausible, Kaâhaef aurait été dans ce cas un fils charnel et prêtre du roi Snéfrou, à qui les hautes fonctions politiques, militaires et religieuses de général, de chef du conseil royal des dix, de directeur des travaux du roi et de directeur des prophètes auraient été confiées.
Une inscription, placée en colonne, est partiellement conservée. On peut y lire les deux derniers signes d’un nom propre, suivis du déterminatif masculin. Le sens de lecture des signes s’effectue de droite à gauche.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Biron, au grenier chambre n° 5, 116, "Fragment en calcaire d'époque archaïque, représentant la partie supérieure d’un personnage tourné vers la droite, ayant sur les épaules l’écharpe transversale. Au dessus de lui deux bras tenant le bouclier et la manne (les signes [hiéroglyphes] et [hiéroglyphes]. 20 x 15. Estimé deux cents francs."
Donation Rodin à l'Etat français en 1916.