Égypte > provenance inconnue
Nouvel Empire à Basse Époque
H. 10,2 CM : L. 3,9 CM; P. 6,7 CM
Calcaire
Co. 838
Égypte > provenance inconnue
Nouvel Empire à Basse Époque
H. 10,2 CM : L. 3,9 CM; P. 6,7 CM
Calcaire
Co. 838
L’œuvre est en mauvais état de conservation. Outre des griffures en divers endroits, cette œuvre est très érodée, la pierre est pulvérulente et s’enlève par feuillets.
L’œuvre Co. 838 représente un singe accroupi, les coudes posés sur les genoux et les mains soutenant le menton. Il repose sur une base non plane et vaguement arrondie. Une identification plus précise demeure difficile en raison de la facture grossière de l’objet, que n’améliore pas son importante érosion. La forme du dos, arrondie, l’absence de creux nucal et peut-être les traits grossiers du visage laissent penser qu’il s’agit d’un singe de type cynocéphale. On devine seulement les yeux marqués par deux incisions, un nez qui ressemble à un rectangle et une large bouche horizontale qui pourrait être la bouche.
Bien qu’aucun système de suspension ne soit visible, l’allure générale de l’objet rappelle les nombreuses amulettes représentant des singes assis, soutenant leur menton dans leurs mains ou les bras levés en attitude d’orant, connus sur la plupart des sites égyptiens depuis la fin de l’Ancien Empire et particulièrement du Nouvel Empire à la fin de l’époque pharaonique. Si certaines peuvent être extrêmement détaillées, comme le singe perché sur la tête d’un Nubien de l’objet Co. 2400 de la collection Rodin, on en connaît aussi de très schématiques, comme l’amulette en faïence siliceuse inv. n° 47/2193 du Museum of Fine Arts de Boston, et même des objets comme celui du Metropolitan Museum od Art inv. n° 22.1.1944, ou encore la minuscule perle du Swansea Egypt center inv. n° EC1026 identifiables uniquement par comparaison avec des exemplaires moins stylisés. Si un grand nombre de ces amulettes est réalisée en faïence siliceuse, il n’est pas rare qu’elles soient sculptées dans une pierre, comme le grès ou le calcaire, à l’exemple du Co. 2400 du Musée Rodin. L’objet Co. 838 qui mesure dix centimètres de haut et ne présente pas de perforation visible paraît plutôt assimilable à une statuette qu’à une amulette, mais il fait probablement partie de la même catégorie générale des petits artefacts rituels à usage domestique et privé.
Les primates, et plus particulièrement les babouins, sont bien présents dans l’iconographie égyptienne. Non-indigènes à l’Égypte, ils étaient importés de localités plus au sud en Afrique pour servir d’animaux de compagnie, et parfois même s’acquitter de tâches en collaboration avec des humains ; certains d’entre eux possédaient des noms et ont été enterrés avec leurs propriétaires. La présence de cet animal dans l’art est récurrente sur différents supports (bas-reliefs, statuettes, amulettes, éléments de décoration de vases et objets de toilette, ou encore sur les bouchons de vases canopes), et ce depuis la période protodynastique (p. ex. Petrie Museum inv. n° UC 15016, 15026, 15027, etc.). Outre des représentations qui mettent en scène la gourmandise des singes ou leurs pitreries dans un but parodique ou décoratif (MAITRE 2018), le babouin est associé à plusieurs divinités. Dans un premier temps, il est lié au dieu Baba, aux connotations funéraires, notamment dans les Textes des Pyramides, avant que celui-ci ne soit plutôt associé aux chiens à partir du Nouvel Empire. Le babouin devient alors une manifestation du dieu Thot, dieu de l’écriture, du calcul et du calendrier, et plus largement maître de tous les savoirs. Uniquement associé à l’ibis durant les hautes époques, Thot est représenté sous l’aspect d’un babouin à partir de la XVIIIe dynastie, et plus particulièrement du règne d’Amenhotep III (Larcher 2016). La mise en avant des singes durant cette période doit probablement être mis en perspective avec le développement considérable du culte solaire. En effet, les babouins réagissent particulièrement au lever du soleil, en gesticulant, voire en émettant des glapissements. Les anciens Égyptiens y auraient vu une manifestation d’hommage du dieu solaire : c’est probablement pour cette raison que des statues de babouins sont parfois disposées à la base des obélisques, symboles de la lumière solaire (Louvre D31, BARBOTIN 2007, p. 194-195). Thot, maître de la norme et de la régularité, assure alors le bon fonctionnement du cycle solaire.
De nombreuses statuettes de babouin sont donc produites en divers matériaux, particulièrement en faïence siliceuse, en pierre ou en bronze lors des époques tardives – qu’elles présentent le babouin les mains posées sur les genoux, comme pour l’objet Co. 817, ou levées dans un geste d’adoration au soleil (Metropolitan Museum of Art de New York inv. n° 66.99.55 ou British Museum inv.no. EA 40, toutes deux datées de la XIXe dynastie).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation Rodin à l’État français en 1916.