La statue est en très mauvais état de conservation. Néanmoins, douze fragments peuvent être rapprochés, ce qui permet de restituer l’aspect général du monument. Le visage du personnage est manquant, tout comme une partie de son flanc gauche. Les nombreuses cassures et épaufrures ne permettent pas d’apprécier les détails et de lire la totalité des inscriptions. La statue, calcinée, a probablement éclaté en plusieurs fragments sous l’effet de la chaleur. Fragilisée par cette exposition au feu, elle se serait décomposée en plusieurs autres fragments par la suite.
Le dédicant est figuré debout, présentant l’effigie du dieu Osiris. Il est coiffé d’une perruque évasée, proche du modèle dit « en bourse », qui lui retombe sur les épaules. Il est vêtu d’une longue jupe plissée à devanteau, contre lequel la représentation d’Osiris est appuyée. Ses mains enserrent les avant-bras du dieu, dans un geste de présentation d’offrande et de dévotion. Le très mauvais état du monument empêche d’apprécier le traitement des membres et de la musculature.
L’image divine, quant à elle, est de plus petite taille et repose sur un support quadrangulaire positionné directement sur la base même du monument. La présence d’un socle distinct indique bien que l’on est confronté ici à une représentation du dieu et non au dieu lui-même. La divinité est figurée momiforme, coiffée de la couronne blanche de Haute-Égypte. Osiris a été représenté selon une iconographie classique, avec la barbe-postiche et en train de croiser ses bras devant sa poitrine. Dans ses mains il tient les insignes de son ancien pouvoir terrestre, le sceptre-héqa et le « chasse-mouche ». Le corps divin est soutenu par un pilier dorsal, qui permet également de prévenir tout contact physique direct avec le dédicant.
En signe de dévotion, les particuliers déposaient des statues à leur effigie dans les temples divins. Une telle pratique leur permettait de bénéficier des offrandes quotidiennes offertes aux dieux. La divinité honorée dans le lieu était alors mentionnée dans les formules d’offrandes au sein desquelles elle est sollicitée. Ces statues déposées dans l’enceinte rituelle pouvaient prendre de nombreuses formes tout au long de l’époque pharaonique. À partir du Nouvel Empire, l’effigie divine est parfois associée au particulier qui peut désormais prendre différentes postures – agenouillée, debout ou assise – afin de montrer sa dévotion. On distingue le type de figure divine présentée (les statues théophores – qui montrent une image divine –, des statues stélophores – qui présentent des stèles – et des statues naophores – qui présentent un naos). Le musée Rodin conserve par exemple une statue-cube dite « sistrophore », où le dédicant offre un
naos contenant l’emblème d’Hathor : un sistre à tête d’Hathor (Co.
5697). Mais, c’est surtout au cours de la Basse Époque que l’on dénombre une grande diversité des statues intégrant l’image divine, qu’il s’agisse de la position du particulier, de la forme que prend le dieu ou encore les divinités choisies.
La statue Co. 5986 peut être datée avec précision, grâce à la mention du pharaon Ouhibrê sur le bras droit du dédicant. Il s’agit du nom de couronnement du roi Néchao II, fils de Psammétique I
er. En dépit de son mauvais état de conservation, la statue est caractéristique de la XXVI
e dynastie. Les proportions sont fines et élancées, et le style s’inscrit dans la tradition de la sculpture saïte. Il est possible de rapprocher cette œuvre de nombreuses statues théophores produites à la même époque, notamment des statues Louvre
E4299 et Louvre
N868, Rodin Co.
881, ou encore de l’effigie en bois Louvre
E3187.
Inscriptions hiéroglyphiques sur les bras de l'homme, sur le socle d'Osiris, sur le socle principal et sur le pilier dorsal.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 280, "Statuette d'un personnage debout tenant devant lui un Osiris également debout, sur un socle. Le visage du personnage a disparu presque entièrement et tout le monument au reste est très abimé. Restes d'une inscription sur tout le pilier dorsal lequel a été restauré. Sur le socle en avant du groupe, inscription de deux lignes dont il parait résulter que le personnage était le fils de [hiéroglyphes]. Monument sans intérêt et d'une épigraphie douteuse. Epoque saïte. granit gris. Haut. 36 cent. Estimé cinquante francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.
La statue fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.