Égypte > Touna el-Gebel ? (d’après le style)
L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > première moitié du IIe s. ap. J.-C. (d’après le style)
Stuc polychromé et verre
L. 24 CM : l. 16 CM : P. 16,5 CM
Co. 3247
Égypte > Touna el-Gebel ? (d’après le style)
L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > première moitié du IIe s. ap. J.-C. (d’après le style)
Stuc polychromé et verre
L. 24 CM : l. 16 CM : P. 16,5 CM
Co. 3247
Le masque a conservé le visage et la boîte crânienne.
La fine couche de stuc de finition, s’est délitée et est devenue très lacunaire. Des manques ponctuels dans l’épaisseur du stuc sont localisés, sous le menton, sur l’oreille droite, dans la chevelure et surtout sur le chignon, où le stuc semble rongé. Des cassures avec des pertes de matière sont observées au niveau du cou et sous les oreilles.
De légères traces d’usure par frottement sont visibles sur les cheveux.
La presque totalité de la polychromie a disparu. Des restes minimes sont observés : sur les carnations, du rose clair, appliqué sur une sous-couche ocre rose orangé est sauvegardé dans le creux des narines. Un rehaut plus foncé est observé dans la narine gauche (un amas de sable, éliminé lors de la campagne de restauration de 2005, a probablement favorisé la conservation de la polychromie à cet endroit). Le noir dans la chevelure et sur les bordures des paupières est très lacunaire et très fin.
Le masque est celui d'une femme.
La partie antérieure de la coiffure est composée de deux bandeaux ondulés – marqués par des incisions parallèles – séparés par une raie médiane, et se terminant par une longue boucle torsadée le long des joues, devant les oreilles. Derrière les bandeaux, les cheveux, dessinant des chevrons, sont réunis de chaque côté en plusieurs nattes épousant la courbe du crâne. A l’arrière, les nattes sont assemblées en un chignon placé verticalement, probablement fixé à l’origine au moyen d’une épingle, car un trou est visible en son sommet.
Le visage est plein, les sourcils modelés. Les yeux sont traités en oblique avec la paupière supérieure légèrement tombante. Ils sont constitués de plaquettes de verre opaque enchâssées, maintenues en place par les paupières, modelées en stuc et ajoutées sur le pourtour des plaquettes.
Le nez est droit et légèrement busqué à son extrémité. Son arête est soulignée par un méplat, les narines sont bien indiquées. La bouche est petite et souriante. Le sillon naso-labial et une fossette au menton sont présents. Les petites oreilles sont à moitié dissimulées par les cheveux. Aucun bijou n’est conservé.
Les masques Co. 3247, Co. 3248 et Co. 3428 sont très ressemblants, tant du point de vue de la technique que du style. Aucun des trois masques ne conserve de bijoux (mais ils étaient peut-être initialement peints).
Le visage est caractérisé par une forme ovale aux joues pleines, des arcades sourcilières marquées, des yeux enchâssés placés en oblique avec les paupières supérieures légèrement tombantes, et un nez droit souligné par un méplat. On remarque que le visage de Co. 3248 est plus rond et le dessin de la bouche un peu différent : les commissures de la lèvre supérieure descendent, ce qui lui confère une moue boudeuse, alors que les deux autres visages esquissent un léger sourire.
Co. 3247 et Co. 3248 présentent la même fossette au menton (le menton de Co. 3428 est trop abîmé pour pouvoir en juger). Les trois masques ont le sillon naso-labial indiqué au moyen d’une trace laissée par un outil dans le plâtre.
Quant à la coiffure, elle est composée de plusieurs parties, comme pour la majorité des masques féminins. Sur le front, deux bandeaux de cheveux ondulés, rendus par des incisions parallèles, sont séparés par une raie médiane. Une mèche torsadée descend le long des joues devant les oreilles. Ces caractéristiques sont identiques sur les trois masques. Les traits du visage, ainsi que les cheveux ondulés sur la tête et torsadés sur les côtés rappellent la coiffure des « koré » du VIe siècle av. J.-C., telle qu’on peut la voir par exemple sur la célèbre statue de la « Koré au péplos » du musée de l’Acropole d’Athènes (n° 679).
On constate cependant des différences notables dans la coiffure. Les cheveux dissimulent en partie les oreilles de Co. 3247, alors qu’ils laissent celles de Co. 3248 et Co. 3428 entièrement découvertes. La forme des bandeaux de Co. 3428 est différente : les ondulations ne partent pas vers les côtés, comme pour les deux autres masques, mais descendent vers le bas. De plus, ils sont délimités par une mèche torsadée sur le front. Quant au reste de la coiffure, il n’est malheureusement plus possible d’en juger pour Co. 3248, étant donné son état de conservation. Mais on remarque que les masques Co. 3247 et Co. 3428 présentent de grandes différences. Pour le premier, le dessus de la tête se compose de bandeaux incisés ; le chignon à l’arrière est placé verticalement. Pour le second, les cheveux sont rassemblés en une double tresse qui forme un chignon large maintenu par un lien, à l’arrière. Le dessus de la tête est orné de lignes incisées pour indiquer que les cheveux sont tirés vers l’arrière.
On trouve un nombre important de parallèles à ces masques dans les collections muséales. Il est très probable qu’ils proviennent d’une fabrication en série de Touna el-Gebel, nécropole de l’ancienne cité d’Hermopolis Magna en Moyenne-Égypte, site d’où provient la majorité des masques funéraires conservés (GRIMM 1974, p. 71 et suivantes). Parmi ces parallèles, on note de grandes différences dans l’arrière de la coiffure (chignon), comme c’est le cas pour nos deux masques Co. 3247 et Co. 3428. Ces variantes semblent logiques, étant donné que cette partie de la coiffure pouvait être fabriquée à part et rapportée sur la chevelure (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 15). Elle est sans doute à mettre en relation avec la mode capillaire de l’époque, qui suivait pour les femmes la coiffure portée par l’impératrice romaine sur ses représentions officielles, avec parfois des variantes (GRIMM 1974, p. 71).
Voici cinq exemples particulièrement proches, tant au niveau du visage que de la coiffure. A noter que tous proviennent de Touna el-Gebel :
- Paris, Musée du Louvre E 12055 (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 91, B 17). Ce masque, bien que fragmentaire, est identique à Co. 3248.
- Musée du Caire J.E. 58503 (GRIMM 1974, pl. 84,3).
- Francfort sur le Main, Liebieghaus Inv. M. 458 (GRIMM 1974, pl. 85,1).
- Genève, Musées des Arts et d’Histoire n° 12484.
- Genève, Musées des Arts et d’Histoire n° 12456.
Voici deux autres masques similaires :
- Genève, Musées des Arts et d’Histoire n° 13742 (GRIMM 1974, pl. 87,3-4) est identique au masque Co. 3247. La polychromie du visage est en grande partie conservée. Sa provenance est inconnue.
- Amiens, musée de Picardie M.P.D.94.3.202 (PERDU 1994, p. 54, n° 61), provient peut-être d’Antinoé. Il est stylistiquement très proche du masque Co. 3428.
Quant à la datation de ces masques, elle est assurée par l’analogie avec la coiffure mise à la mode par l’impératrice romaine (GRIMM 1974, p. 71 et suivantes).
La coiffure de Co. 3247 est inspirée de celle de Faustine l’Ancienne, femme d’Antonin le Pieux (successeur d’Hadrien, empereur de 138 à 161 ap. J.-C.). Un buste en marbre qui se trouve à Rome, au Musée du Capitole (Inv. 447) présente cette coiffure particulière, composée de bandeaux ondulés à l’avant et d’un chignon vertical « en cimier » sur la tête.
Bien que le masque Co. 3248 n’aie pas conservé l’arrière de la coiffure, il y a de fortes chances pour qu’il soit daté de la même époque que Co. 3247, étant donné la très forte ressemblance entre ces deux masques.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation Rodin à l'État français 1916.