Cette tête chauve est affublée de la mèche de l’enfance à droite. Le visage est néanmoins celui d’un adulte : haut front marqué d’une légère ride, pommettes saillantes, nez droit et pointu à larges narines, mâchoire large, menton saillant et étroit. Les muscles cleidosternomastoïdiens sont marqués laissant deviner un cou maigre.
Uniquement doté de la mèche de l’enfance, cette tête pourrait être celle d’un des desservants du culte harpocratique. En effet, la mèche seule ne suffit pas à identifier le dieu Harpocrate et l’apparence d’adulte de son porteur constitue un argument à l’encontre de cette identification d’abord proposée dans l’inventaire du musée. Une autre caractéristique iconographique des membres du clergé harpocratique est le crâne entièrement rasé, à l’exception de deux touffes de cheveux laissées apparentes sur le front, mais absentes chez Co. 6081 mais que l’on observe chez Co. 6063 par exemple. Harpocrate, ou « Horus l’enfant », fils d’Isis et d’Osiris, intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère osiriaque. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, un temple lui est construit sous le règne de Ptolémée IV (222-204 av. J.-C.) au sein du sanctuaire de Sérapis à Alexandrie. L’important nombre d’effigies d’Harpocrate, ainsi que des serviteurs de son culte, réalisées à l’époque gréco-romaine, témoigne de sa popularité croissante, notamment dans la sphère alexandrine.
Enfin, étant donné le traitement stylistique du visage, naturaliste mais idéalisé, il semblerait que nous puissions dater la tête Co. 6081 de l’époque ptolémaïque (331-31 av. J.-C.).