Egypte > provenance inconnue
Nouvel Empire >XIXe dynastie à Troisième Période intermédiaire
H. 20 CM ; L. 13 CM ; P. 4 CM
Calcaire polychrome
Co. 3413
Egypte > provenance inconnue
Nouvel Empire >XIXe dynastie à Troisième Période intermédiaire
H. 20 CM ; L. 13 CM ; P. 4 CM
Calcaire polychrome
Co. 3413
L’œuvre est en bon état de conservation. On observe malgré tout de nombreuses cassures, notamment sur la partie supérieure. On remarque également la présence de quelques lichens. Le chant inférieur semble d’origine, les chants supérieurs et latéral gauche correspondent à des cassures ; le chant latéral droit a été entièrement repris à l’outil à l’époque moderne, ainsi que l’avers. La partie inférieure du chant latéral gauche serait d’origine.
Ce relief correspond à un fragment de scène cultuelle avec le dieu Ptah. L’ensemble est gravé en léger creux. Le dieu est représenté debout, sur un petit piédestal, tourné vers la droite. Devant lui se trouve une table d’offrande surmontée d’un bassin à libation et d’une aiguière, au-dessus desquels une fleur de lotus à longue tige s’étend vers le dieu. On observe également une partie du corps et du bras droit élevé vers le dieu d’un personnage debout, tourné vers la gauche en posture d’adoration. Ce personnage est vêtu d’un costume, à larges manches non plissées. La couleur ocre clair conservée sur la main incite à y voir une représentation féminine. Devant ce personnage, un élément d’offrande - encore à identifier-, s’allonge depuis ses pieds. Une ligne matérialisant le sol a été incisée en creux sous la scène. Elle est partiellement comblée de pigments bleus. La représentation du dieu, debout, jambes serrées, est traditionnelle. Enserré dans un suaire, coiffé de sa calotte habituelle et arborant une longue barbe postiche tressée, évasée vers sa base, il tient des deux mains un sceptre composé du bâton ouas, du signe de vie ânkh et du pilier djed. L’œil du dieu, finement sculpté, est cerclé de fard ; fard et sourcil s’étirent jusqu’aux tempes. L’oreille du dieu est finement ourlée, son nez est droit et ses lèvres, relativement charnues, souriantes. Un large plastron recouvre ses épaules, fermé par un nœud à deux pans. Les couleurs qui représentent les rangs de perles ainsi que le contrepoids qui maintient ce collier dans la nuque ne semblent pas avoir été apposées. Bien que le dieu soit gainé dans un linceul, le rendu des détails morphologiques est respecté. En particulier, les deux mains qui jaillissent du linceul et se saisissent du sceptre sont bien une main gauche et une main droite. L’avant-bras droit a été placé sous l’avant-bras gauche, pour ne pas se superposer à l’avant-bras gauche en le croisant. De même, la voûte plantaire, nécessaire à la marche, est bien arquée. Le piédestal sur lequel est juché le dieu gainé adopte la forme du signe hiéroglyphique utilisé pour désigner la Maât, c’est-à-dire l’ordre cosmique, la règle, l'équilibre...Ptah est ici le dieu créateur par le verbe, maître du monde ordonné. Ptah, dont le nom signifie « celui qui crée », apparaît dès l’Ancien Empire. Il est le démiurge de Memphis, patron des artisans et des architectes. Il fait partie de la triade memphite en tant qu’époux de Neith (puis, tardivement, celui de Sekhmet) et père de Néfertoum. Ptah était particulièrement vénéré à l’Ancien Empire, période faste pour les grands programmes de construction qu’il patronnait. Au Nouvel Empire, Ptah dispose d’une vénération importante à Memphis et Thèbes. A Deir el-Médineh, village et nécropole des artisans de la région thébaine, il est le dieu « qui écoute les prières ». Au cours de la XIXe dynastie, à l’avènement de la période ramesside, Ptah retrouva le statut de dieu incontournable. Il reçoit un culte très important à Pi-Ramsès et occupe une place fondamentale dans la transmission monarchique. Ainsi Khâemouaset, célèbre fils de Ramsès II, était prêtre de Ptah. Le dieu conservera ce rôle jusque sous les Ptolémées, qui seront particulièrement liés au clergé de Ptah. La scène du bloc Co. 3413 illustre magnifiquement l’évolution des pratiques religieuses privées du Nouvel Empire. Les particuliers se représentent devant l’image d’un dieu, s’adressent directement à leurs divinités dont ils attendent qu’elles écoutent leurs prières et exaucent leurs requêtes. Il est probable que le relief, dont il faut souligner la finesse des tracés, se situait originellement dans une chapelle privée. Le style de ce relief évoquant le Nouvel Empire, il est possible de faire remonter sa datation à la période ramesside en raison du renouveau du culte du dieu à cette époque. Le relief présente des traces de polychromie, notamment de légères traces d’ocre et de bleu. Le suaire est peint en ocre, le manche du sceptre en jaune par endroit. La fleur du lotus est bleue, tandis que sa tige est ocre rouge. L’aiguière conserve des traces de pigments bleus (à gauche) et ocre rouge (à droite), tandis que son support est bleu. On retrouve également les traces du badigeon appliqué sur l’ensemble du relief. Cette couche se superpose avec un produit appliqué sur la pierre à l’époque moderne.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Oxan Aslanian le 24 septembre 1913.
Donation Rodin à l’État français en 1916.