Tête de dirigeant hellénistique

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

Époque ptolémaïque

[VOIR CHRONOLOGIE]

TERRE CUITE 
H : 4,5 cm ; L : 2,6 cm ; P : 2,9 cm 
CO. 2704

Comment

State of preservation

Incomplet. Le corps manque.

Description

Il s’agit d’une tête masculine imberbe, penchée vers la droite, le regard tourné vers le ciel. Il porte un diadème, attributs des diadoques et des rois hellénistiques. Son front est barré d'une ride d'expression, il a les arcades sourcilières tombantes, les yeux enfoncés dans leurs orbites, le nez est ébréché et ses lèvres sont ondulées. 
Le pathos qui se dégage de la figure est emblématique de l’art d’époque hellénistique. La tête Co. 2704 imite les portraits de dirigeants hellénistiques, eux-mêmes dérivés des portraits d’Alexandre le Grand, sculptés par Lysippe, notamment l’Alexandre à la lance, qui représente le jeune roi macédonien idéalisé, imberbe et le regard levé vers le ciel. 
Les portraits d’Alexandre et de ses successeurs constituèrent une source d’inspiration pour les coroplathes dans diverses régions du monde grec et hellénisé, comme à Smyrne en Asie Mineure (musée du Louvre, inv. Myr 699), à Failaka au Koweït (Mathiesen, 91-92, p. 49-51) ou en Égypte (Galbois 2018), comme avec les figurines Co. 2704 et Co. 2707 de la collection du musée Rodin. 
Provenant d’Égypte, la tête Co. 2704 pourrait être une réplique du portrait d’un roi de la dynastie des Lagides, fondée par Ptolémée Ier en 305 av. J.-C. et au pouvoir jusque 31 av. J.-C. Ces derniers se faisaient représenter imberbe, d’âge mûr et idéalisés, malgré l’usage de traits individuels permettant parfois de les identifier. Si l’identité du roi représenté constitue un indice quant à sa datation, puisqu’elle nous apporte un terminus post quem, elle ne peut constituer un critère de datation unique puisque les portraits pouvaient être réalisé à titre posthume. 
La tradition analytique des portraits lagides stipulait que la sécheresse et l’alourdissement des traits allait croissants au fur et à mesure que les esthétiques gréco-macédoniennes et pharaoniques se mêlaient. Cette théorie basée sur la comparaison entre portraits sculptés et portraits monétaires a été récemment remise en cause par François Queyrel qui relève que les portraits monétaires eux-mêmes pouvaient être frappés après le règne du roi concerné. Ainsi, il démontra par exemple que des portraits sculptés de Ptolémée II Philadelphe (283-246 av. J.-C.), au style très sec et graphiques, datent du règne de ce dernier, tandis que d’autres, beaucoup plus souples et plastiques ont en réalité été daté à titre posthume. 
Bien qu’il ne soit pas possible de démontrer une évolution stylistique, qui consisterait en une hybridation progressive des manières grecques et égyptiennes, il semble néanmoins possible de remarquer que les épigones (successeurs) se soient faits représentés de plus en plus jeunes et, dès le règne de Ptolémée II Philadelphe, de plus en plus adipeux (Galbois 2018, p. 102-103). La datation des portraits des rois lagides ne tombe pas sous l’évidence, d’autant moins lorsque l’identification du roi n’est pas possible. La difficulté est augmentée dans le cas des figurines de terre cuite, obtenues par un procédé de reproduction mécanique qui peut avoir lieu sur le temps long. Par exemple, une tête d’Alexandre le Grand en terre cuite, provenant de la nécropole de Hadra, conservée au musée gréco-romain d’Alexandrie et publiée par Evaristo Breccia (Breccia 1930, cat. 305, pl. XXVI, 2), peut-être datée avant le deuxième quart du IIIe siècle av. J.-C. et jusqu’au dernier quart de ce siècle, ce qui correspond aux dates d’activité de la nécropole. 
Concernant la tête Co. 2704, l’épaisseur des arcades sourcilières et la saillie des pommettes évoque les portraits des premiers Ptolémées. La rondeur des joues pourrait évoquer les portraits de Ptolémée II et de Ptolémée III Evergète (246-222 av. J.-C.) mais sans certitude. La mauvaise réalisation de la figurine ne permet d’aller plus en avant. Comme expliqué plus haut, une identification de l’individu représenté, d’autant plus que celle-ci est incertaine, ne permet pas de donner une datation précise, si ce n’est donner un terminus post quem de la première moitié du IIIe siècle av. J.-C. 
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