Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
Os, tibia de bovidé ?
H. 7,73 cm ; L. 2, 18 cm ; P. 1,3 cm
Co. 2320
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
Os, tibia de bovidé ?
H. 7,73 cm ; L. 2, 18 cm ; P. 1,3 cm
Co. 2320
L'œuvre est en bon état de conservation. Le fragment correspond à une partie du bord senestre d’une applique. On note la présence d’un petit éclat sur la surface interne de ce bord.
Bien que l’applique soit réduite à un état particulièrement fragmentaire, ce qui en subsiste suffit à assurer le type iconographique mis en œuvre. Le torse dénudé aux chairs affaissées, la main tenant une grappe de raisin, et le récipient à panse globulaire que tient le personnage, sont autant de signes s’accordant avec le type iconographique du vieux Silène barbu, qui prend forme au cours du IVe siècle av. J.-C. et perdure sans modification importante jusqu’à la fin de l’Antiquité (DELASSUS 2020, p. 51-52, n. 25-26).
À l’époque hellénistique, les représentations de Silène semblent contaminées par le schéma d’Apollon ou de Dionysos Lycien. En effet, le vieillard souvent pourvu d’un gros ventre et de membres gras, emprunte dans bien des cas, sur les reliefs en os, l’attitude nonchalante de Dionysos, amolli par l’ivresse, levant son bras droit au-dessus de la tête. La figure de notre applique, à l’épaule gauche couverte par un pan de l’himation, devait souscrire à ce schéma. Sa posture était caractérisée par un hanchement, qui engendrait un déséquilibre. L’appui du bras gauche sur une colonnette torse, dont la partie supérieure est d’ailleurs encore visible sur le fragment, permettait d’y remédier.
L’impressionnant élément de mobilier en ivoire découvert lors des sondages pratiqués autour du château « haut » de Sidon (Saïda, Liban) par G. Contenau en 1920, met en scène Silène qui adopte cette pose abandonnée (CONTENAU 1923, p. 269-272, pl. XL-XLII). Celle-ci est reprise par un grand nombre des figures qui incarnent le vieux disciple de Dionysos, sculptées sur des appliques en os de facture plus modeste. Nous citerons en guise d’exemples des reliefs du musée Benaki (18949, 10316 : MARANGOU 1976, p. 96-97, n° 54, 56-58, pl. 17b, pl. 18a, b, c), les plaquettes E 17198 et AF 6576 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (MARANGOU 1976 p. 97, pl. 18d), un fragment de Berlin (WULFF 1909, p. 115, n° 403, pl. XVIII), l’applique 25249 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 280-281), un relief du Rijksmuseum van Oudheden de Leyde (F 1956.12.2), un autre du Metropolitan Museum of Art (07.228.44 : EVANS, RATLIFF 2012, p. 20, n° 10B), la série d’appliques du Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : Marangou 1976, Pl. 16c) et une pièce ayant fait partie de la collection de Clercq (n°80-E 184 : RIDDER 1906, p. 177, n° 244, pl. 41).
Sur toutes ces comparaisons, Silène supporte de la main gauche un vase pansu à fond arrondi et lèvre en ressaut, similaire à celui qu’on repère encore sur notre fragment. La forme évoque celle d’un dinos, récipient utilisé lors des banquets, courant à l’époque archaïque dans le monde grec, pour mélanger le vin à l’eau. La taille est cependant très réduite, et seule l’applique E.37.1982 appartenant au Fitzwilliam Museum de Cambridge propose un vase ressemblant à un cratère aux dimensions plus imposantes (BOURRIAU 1984, p. 135, n° 504-15, pl. XXI-3, n° 512). Contrairement à cet attribut souvent représenté, qui se trouve directement associé au breuvage plongeant Silène dans un état d’ébriété, la grappe de raisin qu’on aperçoit en partie supérieure du fragment est rare. À la manière de Dionysos qui saisit sur quelques reliefs en os des pampres de vigne de sa main levée, Silène tient une grappe de raisin au-dessus de son épaule gauche. Ce fragment est le seul à offrir ce détail avec une applique anciennement conservée aux musées de Berlin (WULFF 1909, p. 115, n° 404, pl. XVIII). Toutefois, dans ce cas, la grappe tenue par la main droite baissée, touche presque le sol.
Malgré, la taille réduite du fragment, certains détails tels que les doigts bien individualisés de la main levée, ou la lèvre en saillie du récipient, conjugués à un polissage assez poussé de la surface, laissent imaginer une pièce dont la facture était sans doute d’une qualité supérieure à celle de l’applique Co. 2150. En tenant compte de la datation avancée par L. Marangou pour les reliefs du musée Benaki – à savoir le IIIe siècle –, et du contexte archéologique bien daté dans lequel se trouvait l’élément de placage exhumé à Perge mettant en scène une figure de Silène (fin du IVe siècle : ESCHBACH 2014, p. 80), il est possible d’envisager, tout en restant prudent, une réalisation au cours du IVe siècle.
Comparaisons
-Alexandrie, musée gréco-romain, 25249.
-Athènes, musée Benaki, 18949, 10316.
-Münich, Staatliche Museum Ägyptischer Kunst, ÄS 5296.
-Paris, ancienne collection de Clercq.
-Paris, musée du Louvre, AF 6576.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.