Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6 cm ; L. 3,3 cm ; P. max. 1,2 cm
Os, métacarpe, face antérieure
Co. 2269
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6 cm ; L. 3,3 cm ; P. max. 1,2 cm
Os, métacarpe, face antérieure
Co. 2269
L’élément de placage se caractérise par une teinte ivoirine assez claire sur les deux faces. Cette pièce complète ne présente que quelques petits éclats, sans doute dus au travail de la matière osseuse, lors de sa fabrication dans l’Antiquité. Les creux de la face principale renferment encore des sédiments, présents au revers également.
Le chapiteau de pilastre corinthien qui se développe sur cette applique en os présente une corbeille allongée, légèrement évasée en partie supérieure. Son bord sommital a néanmoins été scié en biais. Reposant sur un astragale formé par une ressaut lisse, le calathos est garni de deux larges feuilles d’acanthe étagées. Les extrémités recourbées de ces dernières sont exactement superposées. La feuille du niveau inférieur semble décentrée par rapport à l’axe du chapiteau.
Cette approche très condensée et stylisée du chapiteau de pilastre corinthien s’inscrit dans une catégorie bien représentée de chapiteaux miniatures, dont plusieurs illustrations sont abritées dans les collections du musée Rodin : Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). On retrouve la même superposition des feuilles d’acanthe et une certaine géométrisation des formes sur un exemplaire plus soigné, enrichi d’une frise d’oves (Co. 2061). L’étirement des feuilles et la forme oblongue de la pièce ont participé à nourrir la réflexion d’E. Ayalon sur la fonction architectonique supposée de cet élément d’architecture miniature. Il a interprété un relief exhumé à Césarée Maritime, analogue au nôtre, comme un chapiteau, mais aussi comme une base de colonne à décor d’acanthes. Le limbe des feuilles assez distendu renvoie effectivement à certaines bases de colonnes d’Alexandrie ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
La plasticité avec laquelle sont rendues ces feuilles d’acanthe molle renvoient avant tout aux chapiteaux Co. 2287 et Co. 2266. La feuille mal positionnée par rapport au cadre offert par la matrice osseuse, ainsi que la ligne oblique du bord supérieur, traduisent un travail de moindre qualité que pour la pièce Co. 2266. Les extrémités des feuilles sont également sculptées avec plus de rudesse, sans pour autant tendre vers la géométrisation et la rigidité observées sur les appliques Co. 2228, Co. 2247 et Co. 2279.
Couronnant à l’origine sans doute un fût de pilastre, cet élément faisait partie intégrante d’une réplique à échelle réduite d’un décor architectural. Celle-ci pouvait à la fois animer les parois de coffrets et de meubles de plus grand taille, tels les cabinets ou les armaria (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72). Plusieurs appliques ayant une provenance précise se rapprochent par leur structure du placage du musée Rodin : un relief découvert sur le site du théâtre Diana à Alexandrie (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133), un exemplaire issu des fouilles menées à Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Les deux appliques mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et conservées au Museo Egizio de Turin, témoignent d’un style plus schématique (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).
Les appliques 18734-18735 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e), au rendu plus sec, ont été attribuées au IIIe-IVe siècle par L. Marangou sur des critères stylistiques. La même datation a été retenue par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Toutefois, cette date qui ancre la production de ces pièces à la fin de l’Antiquité, est contredite par le contexte archéologique de découverte de la pièce de Césarée Maritime, beaucoup plus tardif (VIIe-VIIIe siècle). La prise en considération du mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie permet de nuancer ces datations et d’avancer une exécution de ce type de chapiteaux de pilastre entre le IVe et le Ve siècle.
Marquage
Au dos de l’applique, 116, marqué à la verticale, à l’encre violette, assez effacé.
Comparaisons
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).
-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2266, Co. 2287.
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.