Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,6 cm ; l. 3,6 cm ; ép. max. 0,6 cm

Os de bœuf

Co. 2256

Comment

State of preservation

L’applique, à la teinte tirant sur le jaune clair, est brisée en plusieurs endroits. Une importante lacune, correspondant au manque du bord supérieur dextre, ampute la ménade de son visage. Un arrachement endommage également la partie inférieure du bord senestre. En outre, un éclat de surface est venu détériorer le pied droit de la figure, tandis qu’un autre se repère entre le cou de la jeune femme et le tambourin. Sur la hanche droite de la ménade, quelques marques laissées par des radicelles ressemblent à des griffures. La vascularisation de l’os est très légèrement visible sur le drapé recouvrant le pied gauche. De petites taches ocre orangé ponctuent le relief par endroits. Au revers, la teinte de l’os est plus soutenue sur les zones striées de stigmates d’abrasion. On constate aussi qu’un important arrachement de matière creuse le côté senestre de l’applique à mi-hauteur.

Description

Évoluant vers la gauche et, en accordant son pas sur le rythme du tambourin, cette ménade devait très certainement détourner la tête vers la droite. Elle adoptait ainsi le schéma le plus habituel pour représenter les tympanistriae à l’époque romaine, comme le démontre un certain nombre de sarcophages romains à iconographie dionysiaque de la fin du IIe et du IIIe siècle (TURCAN 1966, sarcophage du musée national de Naples : p. 221, pl. 18c ; couvercle du sarcophage des Grottes Vaticanes : pl. 28c ; WILLERS, NIEKAMP 2015, p. 40, fig. 28 : Lyon, musée gallo-romain, 2001.0.311).

 

Cette jeune femme, au corps arqué, beaucoup moins statique que les figures des appliques du musée Rodin Co. 2175, Co. 2181 et Co. 2244, trouve sa contrepartie symétrique sur l’élément de placage Co. 2170. Le tympanon de forme oblongue, particulièrement volumineux, qu’elle brandit devant elle, est semblable à celui de l’applique Co. 2170. Une seconde pièce provenant d’Alexandrie et conservée au début du XXe siècle à l’Albertinum Museum de Dresde, propose une image similaire en miroir (PAGENSTECHER 1913, p. 230, pl. LV, n° 1).

 

Le chiton, à l’épaisseur des plis un peu molle, dévoile plus qu’il ne masque l’anatomie de la ménade, épousant le galbe cuisses. Les deux incisions verticales à l’arrière de la ménade suggèrent la présence d’une colonne cannelée, alors qu’une seconde colonne pourrait être matérialisée par la longue entaille bordant le bord senestre.

 

Cette silhouette tenant des deux mains un grand tympanon a été mise en rapport par A. Loverdou-Tsigarida avec le modèle du satyre askophoros, supportant l’outre de ses deux bras. Elle répond donc au type du groupe B, qui rassemble les appliques ornées de ménades dont l’orientation du corps est contrariée par celle de la tête (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 171-172). Malgré une attitude plus dynamique, elle entretient des affinités avec un exemplaire du musée Benaki à Athènes (inv. 18820 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 148, 171, p. 283, n° 225, pl. 60). Par l’insistance portée à la délimitation nette des contours, et la simplification des volumes, sensible dans la main droite atrophiée ou l’interruption maladroite du bas du drapé, ce spécimen se place dans la lignée des petites appliques en os aux représentations fortement stylisées. La datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique conservée à Athènes, nous incite à placer la création de notre relief durant la même période, c’est-à-dire au Ve-VIe siècle.

 

 

Comparaisons

-Dresde, Albertinum Museum, ancienne collection Herold (contrepartie symétrique).

-Paris, musée Rodin, Co. 2170 (contrepartie symétrique).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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