Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 12,6 cm ; L. 3,3 cm ; P. max. 0,9 cm
Os, tibia de bœuf, face postérieure
Co 2253
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 12,6 cm ; L. 3,3 cm ; P. max. 0,9 cm
Os, tibia de bœuf, face postérieure
Co 2253
Ce fragment offre une teinte ivoirine sur ses deux faces. Il est brisé sur trois de ses côtés. Seule une section du bord dextre est préservée. On note un fendillement longitudinal. Des taches brunes et ocre clair s’observent sur la face principale, alors qu’au dos, nous trouvons de nombreuses et larges taches noirâtres et ocre. Le bas du fragment porte encore des marques laissées par des radicelles.
Comme les éléments d’applique Co. 2193 et Co. 2297 du musée Rodin, ce fragment s’insérait dans un ensemble de plaquettes en os juxtaposées qui permettaient de reconstituer un personnage, ou une scène plus vaste. Il est sculpté de la partie centrale d’un corps de femme auquel il manque la tête, les jambes et les bras. La silhouette est vêtue d’un long chiton ceinturé sous la poitrine. Un himation vient se superposer à ce vêtement, au niveau des hanches, formant un bourrelet transversal et un repli triangulaire. L’orientation des plis du chiton suggère que la jaune femme était légèrement tournée vers la droite ou déhanchée. La main droite tient une petite couronne.
Cette figure correspond au type iconographique de la « femme debout et drapée » décrite par L. Marangou dans son catalogue des os sculptés du musée Benaki (MARANGOU 1976 p. 57-58). Treize appliques du musée Benaki souscrivent à ce modèle, ainsi que dix pièces du musée Rodin. Généralement parée d’un long chiton dégageant l’un des seins, autour duquel vient s’enrouler un manteau, ces effigies serrent dans une main une petite couronne, alors qu’elles tiennent une cornucopia dans l’autre. Cet attribut renvoie en premier lieu à la déesse de la fortune, Tychè, mais son caractère peu distinctif, comme la couronne, n’autorise pas l’identification précise du type iconographique. Pourtant, l’association de ce deux attributs à la figure d’Ariane, sur deux petites appliques en os conservées au musée Benaki à Athènes (18838: MARANGOU 1976, p. 34, 98, Pl. 20d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 252, p. 175-176, 287, pl. 67), et au Walters Art Museum de Baltimore (71.44: RANDALL 1985, n° 168, p. 100-101), interroge sur une possible image de la compagne de Dionysos (DELASSUS 2020, p. 50, fig. 2 p. 75). Ces comparaisons paraissent peu suffisantes pour valider cette hypothèse, mais ont le mérite de soulever la question de l’iconographie d’Ariane sur les appliques en os égyptiennes d’époque romaine.
S’inspirant d’un modèle fréquent à l’époque hellénistique, ces figures révèlent une filiation évidente avec les reines ptolémaïques moulées sur les oenochoés en faïence du IIIe siècle ou de la fin du IIe siècle av. J.-C., produites principalement à Alexandrie. Elles leur empruntent la disposition du vêtement, la corne d’abondance et la couronne (THOMPSON 1973, p. 24-34). Cette perpétuation d’un type iconographique dont la signification a sans doute évolué avec le temps prouve la perpétuation de certains modèles en Égypte, de l’époque gréco-romaine à l’Antiquité tardive.
Le fragment témoigne d’une qualité de facture indéniable. Bien que le relief soit assez plat, le drapé a fait l’objet d’une sculpture soignée et d’un polissage poussé. Le chiton, qui dévoilait peut-être le sein gauche, est ceinturé par lien formant un nœud, à l’instar d’une applique de grande taille fragmentaire provenant d’Antinoé (O’CONNELL 2014, p. 420, pl. 115 p. 444). L’élément de placage 57.693 du Museum of Fine Arts de Boston offre un certain nombre d’analogies avec notre pièce : même plasticité de l’étoffe de l’himation, agencement proche, rendu minutieux des feuillages de la couronne tenue dans la main droite. Bien que celui-ci soit placé à une date assez tardive (IVe-Ve siècle), nous pouvons proposer une date de réalisation légèrement plus précoce, au cours du IIIe-IVe siècle, pour notre relief.
Comparaisons
-Boston, Museum of Fine Arts, 57.693.
-Paris, musée Rodin, Co. 2297.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.