Égypte ?
IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 6,7 cm ; L. 2,9 cm ; P. 2,35 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2142
Égypte ?
IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 6,7 cm ; L. 2,9 cm ; P. 2,35 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2142
La couleur crayeuse du fragment d’applique prend une coloration verte, au dos, et en partie inférieure de la face externe. Cette teinte correspond à une tache d’oxydation engendrée par un outil métallique placé autrefois à proximité. Des marques noires couvrent les arêtes ou les zones en saillie.
Il ne subsiste de la pièce que son angle supérieur senestre. Un éclat important endommage la chevelure ou le casque que porte la figure de femme. Des fentes, surtout visibles au dos, courent sur toute la hauteur du fragment.
Cette applique, à l’iconographie inédite, pour cette typologie de mobilier, est sculptée de la figure d’une jeune femme, en grande partie tronquée par les cassures. Bien que son buste soit vu de face, son visage est orienté vers la gauche. Coiffée d’un casque volumineux, elle tient une arme - un glaive ou une épée -, dans sa main droite levée au-dessus de sa tête. La pointe de l’arme est dirigée vers le bas, contre son épaule gauche. Le chiton court qu’elle porte, serré sous la poitrine, est garni d’un pli en biais, qui indique que le sein droit devait sans doute être dégagé.
Le couvre-chef ainsi que l’arme ne permettent pas de douter de la qualité guerrière du personnage féminin représenté (DELASSUS 2020, p. 67 n. 63, fig. 6 p. 79). Faut-il reconnaître une amazone dans une attitude belliqueuse ? Cet unicum serait alors à mettre en parallèle avec la production de sarcophages consacrés à l’illustration de ce thème à l’époque romaine, sur lesquels on aperçoit parfois une amazone vêtue à l’identique de celle du fragment du musée Rodin. Sur le sarcophage Ma 1052 du début du IIIe siècle, conservé au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, une amazone offre une position similaire, mais tient un trophée au lieu d’une épée (DEVAMBEZ & KAUFFMANN-SAMARAS 1981, n° 772 p. 633-634, pl. 522). Il faut se tourner vers des œuvres de l’époque hellénistique pour trouver une amazone brandissant une épée de son bras droit levé. Un relief détenu par le musée d’Izmir de la seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C. montre effectivement une amazone combattant l’épée à la main (DEVAMBEZ & KAUFFMANN-SAMARAS 1981).
L’intérêt pour le volume se traduit par un corps fortement dégagé du fond de la matrice osseuse. Cette plasticité est tout aussi sensible dans le buste de la jeune femme, que dans son visage aux formes pleines. Pour autant, le visage structuré par deux yeux en relief de part et d’autre d’un nez fort surmontant une bouche aux lèvres bien ourlées, semble avoir été rapidement exécuté. De même la forme de l’arme n’a pas été véritablement définie. Le manque de polissage du relief lui confère un caractère quelque peu inachevé. Cette facture inégale selon les parties de l’applique constitue un critère en faveur d’une possible réalisation autour du IIIe-IVe siècle.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.