Égypte > provenance inconnue
Seconde moitié du Ve- première moitié du VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,33 cm ; l. 3,2 cm ; ép. max 0,6 cm
Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure.
Co. 2060
Égypte > provenance inconnue
Seconde moitié du Ve- première moitié du VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,33 cm ; l. 3,2 cm ; ép. max 0,6 cm
Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure.
Co. 2060
L’applique est conservée dans son intégralité. Un éclat, qui s’accompagne d’un soulèvement stable, est repérable sur l’angle supérieur dextre, ainsi qu’au coin inférieur du bord senestre.
S’intégrant dans une série d’une dizaine d’éléments de placage de petite taille à la surface relativement plane, l’applique affecte une forme légèrement trapézoïdale, comme le relief Co. 2249. Elle accueille la figure d’un satyre qui occupe tout l’espace offert par la matrice osseuse. Nu, à l’exception d’une nébride dont un pan flotte sous le bras qui retient l’outre, le personnage s’avance vers la gauche. La fente décrite par ses jambes transcrit avec une certaine justesse son pas dansant. Son corps juvénile, mais à la musculature développée, amorce un mouvement de rotation – ce qu’indique le torse vu de trois-quarts-, pour accompagner la tête tournée vers la droite. Le satyre détourne en effet le regard vers l’arrière. Cette attitude tournoyante révèle l’adaptation du satyre aux mouvements sans doute frénétiques des différents membres du thiase dionysiaque qui prenaient place sur les autres appliques décorant le coffret ou le cabinet.
Le buste ploie légèrement vers l’arrière pour supporter le poids de l’outre remplie de vin qui repose sur l’épaule gauche. Le satyre l’assure de sa main couverte d’un pan de nébride, tandis qu’il tient un attribut que l’étroitesse de l’applique n’a pas permis de sculpter en entier. Si la matrice osseuse avait été plus large, l’artisan aurait sans doute ajouté une grappe de raisin à l’extrémité de la main du jeune faune, à l’image des pièces 18793 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 168, p. 274, n° 162, pl. 47), 13345 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BAAM 0353, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina), ou Co. 2173 du musée Rodin, sur laquelle le fruit est plus suggéré que décrit.
Le visage plein aux joues rebondies est surmonté d’une chevelure courte peu détaillée. Les yeux faiblement incisés encadrent un nez large qui surplombe une bouche droite. Malgré un canon assez trapu, et une tête volumineuse par rapport au reste du corps, le jeune satyre offre des proportions plus harmonieuses que son condisciple de l’applique Co. 2173. La parenté qui existe cependant entre ces deux appliques mérite d’être soulignée. Bien qu’elles partagent le même format, le torse allongé, sur notre pièce, donne naissance à un bassin plus étroit. La structure osseuse et les masses musculaires sont rendues par des incisions également plus précises que sur l’applique précédente. De même, les contours moins simplifiés épousent davantage le modelé des chairs. Si ces deux appliques présentent donc le même gabarit et se réfèrent à un modèle iconographique identique, la qualité sculpturale de l’applique Co. 2060 apparaît comme légèrement supérieure.
Le type iconographique du jeune faune progressant vers la gauche apparaît également sur trois appliques de forme rectangulaire et de taille réduite de la collection du musée Rodin : Co. 2079, Co. 2176 et Co. 2306, mais les attitudes ou le style des figures révèlent trop de différences pour que ces pièces puissent servir d’analogies à celle étudiée. Par contre, le musée Benaki recèle trois autres pièces sculptées, dont la pose rappelle plus étroitement celle de notre satyre (18791-18793 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 146-147, p. 168-169, 274, n° 161-163, pl. 47-48). Si la douceur du modelé de l’applique 18793 l’éloigne de l’esthétique schématique de la pièce de la collection d’A. Rodin, les deux autres, 18791-18792, par leur silhouette aux contours simplifiés, y renvoient davantage.
C’est sans doute avec l’élément de placage 13345 du musée gréco-romain d’Alexandrie, aujourd’hui exposé au musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, et avec celui Co. 2173 du musée Rodin, que l’applique Co. 2060 présente le plus d’affinités sur le plan stylistique. Le format approchant, le traitement rude de la matière, ainsi que le tracé confus des lames d’outils, finissent de réunir ces trois éléments de mobilier.
Malgré une approche moins linéaire des détails anatomiques, l’applique qui nous intéresse peut-être mise en rapport avec une pièce de taille et de forme très proches, découverte à Alexandrie. Exhumée des niveaux de destruction d’une maison romaine tardive située dans la partie orientale du secteur de Kôm el-Dikka, sa date de réalisation a été placée par E. Rodziewicz, grâce à la céramique trouvée à proximité, à la fin du Ve siècle - début VIe siècle (n° W1 2076/74 : RODZIEWICZ 1978, p. 329-330, n° 9). Cette datation confirme la date assignée par A. Loverdou-Tsigarida - à savoir le Ve-VIe siècle -, aux trois plaquettes comparables à la nôtre, conservées dans les collections du musée Benaki.
Comparaisons
-Alexandrie, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, BAAM 0353 (anciennement au musée gréco-romain, 13345).
-Athènes, musée Benaki, 18791, 18792, 18793.
-Paris, musée Rodin, Co. 2173.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.