Époque tardive (ou Basse Époque)- Époque hellénistique (IVe – IIIe siècle avant J.-C.)
[voir chronologie].
Grès (relief) et bois exotique (coffrage) dont l’essence reste à identifier.
Relief : H. 17 CM ; l. 13,1 CM. Coffrage : H. .20,6 CM ; L. 16,9 CM ; P. 5,1 CM.
Co. 1042.
Commentaire
Etat de conservation
Bon état de conservation. Le pigment rouge est très fragile.
Description
Relief dans le creux représentant un faucon de profil et un fragment de disque solaire. L’œuvre de forme rectangulaire est enchâssée dans un cadre plus carré fabriqué par Kichizo Inagaki pour Auguste Rodin en 1915.
L’intérieur du faucon et du disque solaire fragmentaire ont été peints en rouge. Le faucon est de belle facture, mais relativement simple. Le bec, l’œil, l’aile avec quelques plumes en-dessous, le duvet des pattes ainsi que l’avant et l’arrière des pattes sont incisés.
Le hiéroglyphe servant à écrire le nom du dieu Horus est justement constitué du signe du faucon. On peut supposer qu’il s’agissait ici pour les sculpteurs d’apprendre à graver le nom d’une divinité majeure du panthéon égyptien. Le disque solaire n’est pas normalement associé au nom du dieu, sauf lorsqu’il s’agit de désigner le dieu Rê, mais dans ce cas il est placé au-dessus de la tête du volatile. Peut-être les élèves sculpteurs s’entraînaient-ils à graver deux signes de tailles différentes et à les combiner, mais aussi à savoir écrire le nom de deux divinités majeures.
Rapace et astre solaire étant figurés suivant une échelle identique, les deux représentations sont en effet à mettre en rapport l’une avec l’autre. Le faucon étant tourné vers la droite, le sens de lecture de la scène est à orienter de droite à gauche.
Le relief étant actuellement enchâssé dans un montage, il n’est pas possible d’en connaître la profondeur, ni de savoir si son revers était également décoré. Ce type d’objet pouvait être en effet gravé sur les deux faces (voir le relief Co. 5838). Dans ce cas, la décoration des deux faces était en règle générale indépendante l’une de l’autre.
Œuvres associées
Pour d’autres exemples de signes hiéroglyphiques en relief dans le creux, voir le modèle Co. 1039, de facture identique. Pour une autre représentation de faucon sur un modèle, voir Co. 5838.
Il n’existe que très peu de parallèles pour cet objet. Généralement, les modèles retrouvés sont travaillés en bas-relief. Un exemplaire conservé au musée du Louvre (E 11272) se rapproche toutefois de notre œuvre. Il s’en différencie par la présence, outre du faucon, d’autres signes fréquents tels que la chouette, une vipère et un roseau. Chr. Ziegler (ANDRÉ-LEICKNAM – ZIEGLER, 1982, p. 150, n° 50) évoque la possibilité que ce type de reliefs aient été utilisés afin d’estamper des feuilles d’or et de pouvoir inscrire les objets de métal. Dans notre cas, la polychromie rouge à l’intérieur des deux signes semble exclure cette hypothèse. On signalera également l’existence d’une tablette en quartzite représentant un faucon en relief dans le creux conservée à Copenhague, ÆIN 1512 (JØRGENSEN 2009, p. 325-326, n° 150) sur lequel le détail des plumes est visible. Dans ce dernier cas, on connaît le lieu de découverte : l’objet fut trouvé par W.M. Fl. Petrie dans le temple de Ptah à Memphis. Le fouilleur pensait qu’il s’agissait d’une pièce exécutée par un apprenti. Sa découverte dans le temple pourrait également suggérer qu’il s’agissait d’un ex-voto. Pour un exemple où le nom du dieu Rê est inscrit au moyen du faucon suivi du disque solaire surmonté de l’uræus, voir la plaque conservée au musée du Caire, CG 34456 (EDGAR 1906, p. 74, pl. 36).
Historique
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 37, "[Fragment de grès siliceux gravés en creux], Id. portant [hiéroglyphes], Haut. 17 ; Larg. 13. Estimé cent francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
Commentaire historique
Le relief fut choisi pour être exposé à l'hotel Biron en préfiguration du futur musée. Il fut monté dans un cadre en bois par l'ébéniste japonais Kichizo Inagaki entre 1912 et 1916. Le 12 août 1915, Kichizo Inagaki recevait de Rodin 1000 F pour divers travaux d'encadrement comprenant deux petits bas-reliefs d'oiseaux (Reçu de Inagaki à Rodin, 12 août 1915, Paris, Archives musée Rodin, INA-3246). Pour protéger ce morceau de pierre dure, l'artiste japonais fit tout d'abord une petite caisse formée d'épaisses planches assemblées. Il creusa ensuite soigneusement à la gouge les bords intérieurs pour leur permettre de recevoir les irrégularités des contours du grès. Après avoir inséré le relief dans ce coffret fait à ses mesures, il le bloqua sur la face, par un encadrement de quatre baguettes du même bois, assemblées par chevauchement en biseau. Le tout était ensuite passé au vernis, dont seul Inagaki connaissait le secret. Il n'y ajouta aucun système d'accrochage, car l'objet était simplement destiné à être posé dans une vitrine de l'hôtel Biron.
< Retour à la collection