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Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,8 cm ; l. 3,2 cm ; ép. max. 0,4 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2175

Commentaire

Etat de conservation

De couleur beige grisâtre, l’applique présente une surface à l’aspect rugueux. Préservée presque dans son entier, elle présente surtout des éclats aux angles inférieurs. Des pertes de matière sont à signaler aussi le long des bords latéraux. Outre le fait que la surface de la face principale soit recouverte d’une couche de salissure gênant l’appréhension des volumes, et qu’elle conserve des sédiments dans les lignes entaillées dans la matière osseuse, un voile blanchâtre paraît atténuer l’effet de relief. Au dos de l’exemplaire subsistent aussi des sédiments, notamment dans les trabécules. Cependant, la couche superficielle révèle un aspect crayeux, complètement altéré. Ce délitement de la couche supérieure permet de mieux distinguer la vascularisation de l’os.

Description

Alors qu’elle danse vers la droite, la ménade amorce un mouvement de torsion vers la gauche. Si elle continue de porter son regard à droite, son buste dévié lui confère une attitude tournoyante. Cette orientation contradictoire de la tête et des bras apparaît comme une constante dans l’iconographie des tympanistriae. La jeune femme, à la position contournée, tient de ses deux mains un tambourin de grande taille, à hauteur de son visage. Ce type iconographique, identifiable sur un certain nombre de sarcophages en marbre sortis des ateliers romains aux IIe-IIIe siècles, est repérable sur deux autres appliques du musée Rodin : Co. 2181 et Co. 2244. Le visage rejeté au niveau de l’épaule droite est bordé par une chevelure attachée et relevée. Le bras, à la solidité affirmée, qui vient frapper le tambourin, masque la poitrine, tandis que le vêtement aux plis fortement creusés, souligne le mouvement de la jambe gauche projetée en avant.

 

L’ensemble de ces pièces mérite d’être mis en rapport avec trois autres éléments de placage en os analogues. Le premier, anciennement conservé au musée égyptien du Caire (STRZYGOWSKI 1904, p. 188, n° 7103, pl. 15 ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 283, n° 224), offre une ménade à la silhouette assez proche. Les deux autres spécimens présents dans les collections du musée Benaki à Athènes (18820-18821 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 148, 171, 283, n° 225-226, pl. 60-61), présentent une figure qui constitue une variante de la nôtre, puisque ces jambes sont complètement tournées vers la gauche. Dans le classement typologique auquel s’est livrée A. Loverdou-Tsigarida, cette catégorie iconographique est incluse dans le groupe B, et mise en parallèle avec le type du satyre askophoros retenant une outre de vin de ses deux mains (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 171).

 

Malgré une forte dégradation de son état de conservation, cette applique s’inscrit à la suite de des petites pièces en os de format allongé, au relief très plat, qui constituent une famille à part. Le délitement de la surface ne fait ici qu’accentuer l’aspect graphique de la sculpture. Le traitement linéaire des formes, couplé à une simplification de l’anatomie, sont des caractéristiques retenues par A. Loverdou-Tsigarida pour dater la pièce du Caire et celles du musée Benaki, citées ci-dessus, du Ve-VIe siècle. Aussi peut-on proposer une date de fabrication proche pour notre exemplaire.

 

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18820, 18821 (type iconographique similaire mais position des jambes inversée), 22202 (position et drapé analogues).

-Le Caire, anciennement au musée égyptien, n° 7103.

-Paris, musée Rodin, Co. 2181, Co. 2244.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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