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Pan portant une corbeille de fruits

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue 

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os long de boeuf

H. 9,4 cm ; L. 2,9 cm ; P. 0,9 cm

Co. 2143

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en bon état de conservation. N’est conservée de l’applique que la partie senestre, puisque celle-ci est fracturée sur toute sa hauteur. Une fente partant du bord droit court en direction du poignet du personnage. La ligne de sol figurée en limite de la bordure inférieure est altérée par un petit éclat.

La surface de la pièce peu polie est encore recouverte d’une couche de sédiments assez uniforme. Le dos, détérioré, semble porter les stigmates laissés par des radicelles, auxquels se superposent encore quelques sédiments. Sa partie inférieure légèrement délitée, présente une coloration ocre rouge, qui s’étend vers le haut de manière discontinue. Sur la face principale, elle se remarque aussi en de multiples endroits, notamment le long du thorax du personnage, de la jambe velue, ainsi qu’au creux de son bras.

Description

Quelques détails significatifs de la physionomie de la figure, malgré l’état fragmentaire de l’applique, trahissent la présence du dieu Pan (DELASSUS 2020, p. 52, n. 28). Si sa tête barbue et cornue a disparu, on reconnaît ce dieu thériomorphe à ses cuisses caprines qui se prolongent par des pattes à sabots de bouc. Avançant vers la gauche, Pan supporte de sa main aux doigts effilés, une corbeille en osier tressé garnie de fruits. Une peau de lynx ou une nébride tombe de son bras droit jusqu’au sol, en de nombreux pans déchiquetés. Le panier, comme la dépouille animale, se retrouvent sur le relief  du musée Rodin Co. 2086 sculpté d’un satyre. La lacération de la peau en trois pans lancéolés et nervurés en leur centre, presque à la manière d’une feuille de palme, est très similaire sur les deux pièces.

 

La silhouette aux proportions courtes se découpe avec netteté sur le fond bien aplani. La ferme musculature du thorax se perçoit encore au-dessus des cuisses couvertes de poils. L’artisan a su conféré une plasticité à l’ensemble et suggéré la profondeur par une bordure devant laquelle se détache le sabot du dieu. Le souci du volume, doublé d’un sens du détail ostensible dans la reprise au burin de la toison des pattes ou du tressage de la corbeille, témoigne d’une facture de qualité.

 

De toutes les appliques constituant le corpus du musée Rodin, cette pièce fragmentaire est la seule à évoquer le dieu Pan. Divinité champêtre par excellence, sa silhouette caricaturale, dans laquelle transparaît sa nature primitive, abonde souvent, à l’époque romaine, dans les représentations du cortège dionysiaque. Les sarcophages, les pièces d’orfèvrerie (plat du trésor de Mildenhall, British Museum, 1946, 1007.2) comme les textiles de la fin de l’Antiquité (Tenture de Dionysos, Fondation Abegg, Riggisberg, 3100.a) font une large place à cette divinité, qui par son caractère sauvage et impétueux rivalise avec les satyres, au sein du thiase dionysiaque.

 

Quatre éléments de placage en os réputés provenir d’Égypte convoquent de manière irréfutable le dieu Pan. Deux appartiennent au musée Benaki : le premier montre le dieu dansant frénétiquement avec des ménades et des satyres (18771 : MARANGOU1976, p. 106, n° 108, pl. 34a), tandis que le second, qui lui est exclusivement réservé, est sculpté d’une figure tenant l’anse d’un panier et en enjambant un autre renversé (18953 : MARANGOU 1976, p. 106-107, n° 109, pl. 34c). Seules deux pièces dotent la divinité à la physionomie hybride de ses attributs les plus caractéristiques, le pedum, bâton pastoral à terminaison recourbée, et la syrinx. L’applique 13398 du musée gréco-romain d’Alexandrie le dépeint brandissant uniquement le pedum (BONACASA-CARRA 1995, p. 280, pl. XXXVI-2), alors que celle du musée du Caire provenant de Medinet el-Fayoum le gratifie des deux instruments (STRZYGOWSKI 1904 : p. 192, n° 7114, fig. 250) .

 

Avancer une date pour ce fragment à l’iconographie, somme toute moins courante que les autres séries, constitue une gageure. Le fait que L. Marangou retienne une datation basse pour l’applique 18953 (IVe siècle), sans doute à cause de la rigidité et de la stylisation de la figure, nous invite à assigner une date légèrement plus haute à notre fragment. En raison de la maîtrise du raccourci du bras tenant la corbeille, des volumes bien accentués et de la finesse des détails, nous pouvons envisager une fabrication au cours des IIIe et IVe siècles.

 

Comparaisons

Pour le type iconographique de façon générale :

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13398.

-Athènes, musée Benaki, 18953.

-Le Caire, anciennement au musée égyptien, 7114.

 

Pour certains détails iconographiques :

-Paris, musée Rodin, Co. 2086 (corbeille et peau animale)

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