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Fragment de relief en creux

Représentation de la déesse Neith

Égypte > Provenance inconnue
Datation indéterminée, probablement époques tardives
H. 10 cm ; L. 8,8 cm ; P. 7 cm
Pierre dure noire
Co. 3049
 

Commentaire

Etat de conservation

L’objet est composé de deux fragments assemblés, qui proviennent d’un objet bien plus large. Il ne présente cependant pas de trace de découpe. Les cassures sont d’époques différentes, certaines allant même jusqu’à une période récente.
 
La surface polie qui accueille le décor est légèrement ébréchée par endroits ; la représentation est  bien conservée.
 

Description

Petit fragment de sarcophage ou de naos conservant encore une partie d’un décor en relief en creux. 
 
Malgré l’état fragmentaire de la scène, une déesse vêtue d’une robe moulante est identifiable. Représentée debout, elle tient dans sa main gauche le sceptre-ouas et la croix-ânkh de l’autre main. La couronne rouge de la Basse-Égypte est encore visible sur sa tête, malgré la cassure, et semble prolonger la nuque de la déesse. Ses membres sont particulièrement allongés et fins.
La présence d’une large bande verticale à droite  semble signaler la fin de la frise décorative.
 
L’identification de la déesse n’est pas aisée étant donné l’état fragmentaire de l’objet. Néanmoins, la présence de regalia comme la couronne rouge, ou encore la croix-ânkh et le sceptre-ouas permettent de supposer qu’il s’agisse d’une représentation de la déesse Neith de Saïs.
 
Divinité créatrice ancienne, connue depuis les hautes périodes de l’époque pharaonique, la déesse Neith est vénérée dans plusieurs sanctuaires égyptiens, notamment à Saïs et Esna. Archère, guerrière et protectrice de l’Égypte et de la royauté, elle arbore la couronne rouge de la Basse-Égypte qui se dit Net en égyptien. Outre cet homophone, son lien avec le Delta est lié à l’existence d’un de ses sanctuaires à Saïs. Avec le développement de la ville de Saïs durant la XXVIe dynastie, la représentation de la déesse Neith est courante. Même si Neith devient rapidement une déesse protectrice de la royauté et une entité démiurgique aux périodes tardives, elle est originellement une déesse archère et guerrière. Ainsi, dès les premières dynasties, son symbole, qui perdure tout au long de l’histoire pharaonique, s’écrit au moyen de deux flèches entrecroisées. Dans les théologies tardives du temple d’Esna, rédigées sous le règne de l’empereur Dioclétien, elle est qualifiée de « mâle qui agit en épouse, épouse qui agit en mâle », une appellation commune à l’ensemble des déesses protectrices (LOUARN 2020, p. 316), faisant sans nul doute référence à l’ambigüité que provoquent leurs attributions guerrières. 
 
De nombreuses statuettes en bronze sont alors produites, permettant de diffuser largement l’iconographie classique de la déesse ; celle d’une femme vêtue d’une robe moulante et portant la couronne rouge de la Basse-Égypte (Louvre N3676, MMA 04.2.449, BM EA49241. Dans la collection Rodin, deux statuettes en bronze de la déesse sont ainsi conservées, les Co. 775 et Co. 797.). Cependant, les premières représentations de la déesse Neith sont bien plus anciennes et ne se limitent pas aux statues. Gardienne de la royauté, elle apparaît aussi sur les sarcophages et sur les coffrets de vases canopes, où elle assure avec Isis et Nephtys la protection de l’Osiris-défunt (BM EA35808)
 
Un élément fait pencher pour une datation de la Troisième Période intermédiaire ou, éventuellement, gréco-romaine : l’usage de la pierre noire, polie, et travaillée dans le creux avec peu de détails internes, qui devient l’une des plus employées par les sculpteurs à cette période. Il ne serait pas surprenant que ce fragment provienne d’un sarcophage comme celui de Wereshnefer, conservé au Metropolitan Museum of Art de New York (MMA 14.71), et datant de l’extrême fin de la Troisième Période intermédiaire. On y reconnaît les défilés de divinités et autres génies gardiens, caractéristiques des livres funéraires du Nouvel Empire et des époques tardives, où l’image de Neith du musée Rodin trouverait facilement sa place.
 
En son état actuel, le relief Co. 3040 peut être vu comme le fragment d’un sarcophage, d’un naos ou d’une stèle. Il serait à dater le plus probablement des époques tardives, et plus spécifiquement de la Troisième Période intermédiaire. Le style renforce également cette attribution chronologique, entre membres très allongés, taille extrêmement fine et pelvis bien marqué, fréquents sur les productions tardives.

Inscription

Anépigraphe

Historique

Sans

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