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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du Ve- première moitié du VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,35 cm ; l. 4,25 cm ; ép. max 0,5 cm

Os, scapula de bœuf.

Co. 2173

Commentaire

Etat de conservation

Au manque de l’angle inférieur du bord dextre répond, un petit éclat à l’angle inférieur senestre. Un très léger fendillement longitudinal peut être observé en partie supérieure de l’applique. Des petits éclats affectent dans une moindre mesure l’angle supérieur dextre.

Description

Une figure de satyre au corps nu se déploie sur tout l’espace qu’offre l’applique de forme rectangulaire. Le personnage masculin évolue d’un pas alerte vers la gauche, mais détourne son visage sur la droite, pour regarder derrière lui. Il supporte une outre de forme ovale sur son épaule gauche. Cachée par un pan de nébride, une de ses mains la retient fermement par l’extrémité, alors que l’autre se prolonge par un attribut difficile à identifier. Son extrême stylisation et la lacune qui affecte le bord dextre gênent sa lecture. Sans doute faut-il y discerner, par comparaison avec d’autres pièces dédiées au même type iconographique, une grappe de raisin (voir les appliques 18793 du musée Benaki : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 168, p. 274, n° 162, pl. 47), et 13345 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BAAM 0353, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina). On renverra également, malgré une grande différence concernant la nature des appliques et le traitement du relief, aux appliques Co. 2057 et Co. 2093 du musée Rodin, qui accueillent un jeune compagnon du dieu de la vigne, tenant une lourde grappe.

 

Le canon court et trapu du satyre semble être dicté par le format de l’applique. Une large tête aux traits particulièrement stylisés, couronnée d’une chevelure courte à peine esquissée en raison du manque de place, vient se greffer directement sur le buste. Une dépression, sur la droite, indique l’emplacement de l’oreille gauche. Au centre du visage sculpté de trois-quarts, deux petites incisions suggèrent les yeux au-dessus d’un enfoncement horizontal matérialisant la bouche. La géométrisation des traits faciaux rappelle de manière évidente le visage du satyre de l’applique Co. 2060, qui par son attitude et son aspect général, semble être une variante de celui qui nous préoccupe.

 

Le torse oblong, épargné dans l’os compact, plus large que celui du personnage observable sur la pièce Co. 2060, paraît avoir été sculpté à la hâte. Deux butées d’une lame métallique marquent les pectoraux, tandis qu’une incision verticale glissant du cou jusqu’au nombril renvoie au sternum et à la linea alba. Le facettage assez abrupt du corps se note encore dans le manque de souplesse des jambes et la raideur de la hanche du satyre. Le contour de la jambe droite qui créé une diagonale semble redoublé. Nous sommes sans doute en présence d’un repentir intervenu au cours du façonnage, visant à donner un peu plus d’épaisseur à une jambe trop fine, au départ. Les pieds se résument à de simples appendices informes.

 

L’applique Co. 2060 constitue sur le plan iconographique, comme nous l’avons déjà souligné, une analogie très éloquente. La position des deux satyres est en tous points identiques, mais le modelé du corps nu de l’applique Co. 2060 trahit une plus grande attention portée aux volumes et à l’anatomie masculine. Les formes sont en effet moins géométrisées et plus adoucies. Malgré un corps un peu plus élancé sur l’exemplaire Co. 2060, le style demeure assez proche. On remarque, en sus, sur ces deux appliques, le même effet de redoublement des contours des jambes, qui traduit un travail rapide et hésitant quant à la définition des volumes.

 

Si la pose du jeune homme est identique à celle adoptée par les satyres dansant sur trois éléments de placage en os du musée Benaki, (18791-18793 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 146-147, 168-169, 274, n° 161-163, pl. 47-48), c’est bien avec l’applique légèrement trapézoïdale du musée Rodin Co. 2060, et celle du musée gréco-romain d’Alexandrie, aujourd’hui exposé au musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina (BAAM 0353) que la confrontation est la plus frappante. Ces trois pièces offrent une solution plastique proche, reposant sur un traitement délaissant tout effet plastique, une schématisation des formes et un travail heurté de la matière.

 

.On peut vraisemblablement placer la fabrication de cette pièce au cours du Ve-VIe siècle, à la lumière de la datation avancée par A. Loverdou-Tsifarida pour l’exemplaire 18792 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 146-147, 168-169, 274, n° 163, pl. 48), dont la notation de l’anatomie est comparable. Une date identique est donnée pour les pièces 18786-18787, 18784, 18780 de la même institution, qui constituent la contrepartie symétrique de notre élément de mobilier (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 272-273, n° 150-153, pl. 45-46). Plus intéressante encore est la découverte à Alexandrie, dans les niveaux de destruction d’une maison romaine tardive située dans la partie orientale du secteur de Kôm el-Dikka, d’une applique au style similaire, à l’image en miroir. Trouvée dans un contexte archéologique dans lequel abondaient des typologies de céramiques de la fin du VIe siècle, cette applique a été assignée à la fin du Ve ou au début du VIe siècle par E. Rodziewicz (W1 2076/74 : RODZIEWICZ 1978, p. 329-330, n° 9).  Ces indices de datation nous permettent donc d’entrevoir, de façon plus précise une exécution dans la seconde moitié du Ve siècle ou la première moitié du VIe siècle de notre applique.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, BAAM 0353 (anciennement au musée gréco-romain, 13345).

-Athènes, musée Benaki, 18791, 18792, 18793.

-Paris, musée Rodin, Co. 2060.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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