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Applique de mobilier

chapiteau de colonne de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

Fin IVe – début Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 3,1 cm ; L. 2,6 cm ; P. max. 2,55 cm

Os, métatarse de bœuf

Co. 2299

Commentaire

Etat de conservation

Une couleur ivoirine assez uniforme caractérise la matière osseuse de cet élément de décor de micro-architecture. De légers sédiments subsistent dans les creux des feuillages, sur le chant sommital et dans la cavité médullaire. On remarque également des marques noires d’aspect gras sur les zones du relief les plus en saillies. Au revers, un éclat endommage l’anneau de tournage inférieur.

Description

La corbeille du chapiteau offre trois faces garnies de feuilles d’acanthes, tandis que la quatrième n’a pas été sculptée. Ceci s’explique par le fait que le chapiteau surmontait une colonnette plaquée contre la paroi d’un meuble. Au-dessus d’un ressaut annulaire figurant l’astragale, s’épanouissent des feuilles d’acanthe sur deux rangs. Leurs retombées superposées sont placées dans les angles. Au centre de chacune des faces sculptées, naissent des feuillages, des tiges qui s’étirent vers les angles supérieurs en volutes. Le dessin assez heurté des feuilles, comme des volutes, témoigne peut-être de l’inachèvement du chapiteau, ou du moins d’une forte stylisation.

 

Les exemples de chapiteaux corinthiens de taille réduite sont fréquents dans les collections : un exemplaire aux effets plastiques, très différent du nôtre, appartient au Walters Art Museum de Baltimore (71.558 : RANDALL 1985, n° 70 p. 68-69). Un chapiteau corinthien servant de base à un assemblage de divers éléments tubulaires peut être repéré dans la collection Malcove au musée d’art de l’université de Toronto (M82.337 : CAMPBELL 1997, n° 66 p. 61). Un exemplaire acquis à Alexandrie était autrefois abrité au musée de Berlin (I. 4026 : WULFF 1909, n° 524 p. 130, Pl. XXV), On peut ajouter les deux spécimens qui se trouvent au musée gréco-romain d’Alexandrie (12264, 12372 : RODZIEWICZ 2007 p. 95), et les deux autres issus des fouilles de l’Egypt Exploration Fund à Oxyrhynchos (El-Bahnasa) en 1903-1904, conservés au Victoria & Albert Museum (1920-1897, 1920a-1897 : LONGHURST 1927 : p. 18). Les collections du musée Benaki d’Athènes renferment aussi deux chapiteaux, dont l’un se distingue par une taille plus importante (18732-18733 : MARANGOU 1976 : p. 64-65, n° 244-245 p. 130, pl. 70 c-d.).

 

Les trois faces en relief, conjuguées à une quatrième face non sculptée, sont une caractéristique qui s’observe sur un ensemble de chapiteaux miniatures découvert à Kenchreai (Cenchrées), port du golfe Saronique de Corinthe, pendant les fouilles archéologiques menées par l’université de Chicago entre 1963 et 1968. Ces décors architecturaux faisaient partie de vestiges de meubles mis au jour en 1964 dans une salle à abside ornée d’un bassin octogonal, située sur le côté nord-est d’un sanctuaire possiblement dédié à Isis (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007 p. 165-169, 194, 203, pl. V.1, V.5, V.6). Les dimensions de ces dix-neuf pièces d’ivoire, complétées de quelques fragments, s’approchent de celle du musée Rodin, mais leur sculpture semble plus soignée, à l’instar du chapiteau corinthien Co. 5673 du musée Rodin.

 

L’intégration des chapiteaux miniatures de Kenchreai à une micro-architecture composée de bases de colonnettes en ivoire, de colonnettes en bois au fût plaqué d’ivoire, ou d’arcatures en bois recouvertes de minces placages en os, a permis une reconstitution de l’ensemble du programme décoratif (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, fig. V.22a p. 197, pl. V. 1). Les chapiteaux en trois dimensions appliqués contre la surface d’un meuble, créaient une ornementation jouant sur différents niveaux de profondeur. Des restitutions de cabinets ou d’armaria, destinés à abriter les volumina et des codices à l’époque romaine, ont été proposées à partir des différents éléments de décor livrés par les fouilles de Kenchreai (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 281-294). La façade de ces meubles formée de deux portes protégeant leur précieux contenu, pouvait se parer d’une succession d’arcatures surmontant des appliques figurées (RODZIEWICZ 2016 p. 137-145 ; DELASSUS 2020, p. 70-71, fig. 14 p. 84).

 

Les différentes missions archéologiques qui ont exploré le sous-sol alexandrin ont mis au jour plusieurs pièces répondant à la typologie qui nous intéresse. Un spécimen découvert sur le site de Kôm el-Dikka, dans la maison B de la rue R4 (RODZIEWICZ 1998, fig. 15 p. 146) a pu être mis en rapport avec l’occupation de cette habitation du Ve siècle au début du VIIe siècle. La présence de modèles inachevés dans un important dépôt lié à un habitat du début de l’époque islamique le long de la rue R4 (RODZIEWICZ 1998, p. 154-155 p. 146), a démontré la permanence de ce type de décor jusqu’au IXe siècle.

 

Le chapiteau d’ordre corinthien exhumé sur le site du théâtre Diana, lors des fouilles conduites par la mission française (DI 95. Sect. 3.1194. 6.1(40): RODZIEWICZ n° 56 p. 94-95, fig. 56a-d pl. 22, fig. 1 pl. 101; RODZIEWICZ 2016, p. 163-164 fig. 186) constitue sans doute l’une des analogies les plus proches. Il a pu être daté par E. Rodziewicz de la fin IVe- début Ve siècle. L’attribution de la famille de chapiteaux découverte dans la salle à abside de Kenchreai au milieu du IVe siècle (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 301-308), vient à l’appui de la date de production avancée pour la pièce alexandrine. Ces faisceaux d’indices relatifs à des pièces bénéficiant de contextes archéologiques bien étayés nous autorisent à placer la production de notre chapiteau entre la fin du IVe et le début du Ve siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12264, 12372.

-Alexandrie, mission polonaise, site de Kôm el-Dikka, quartier d’habitations de la rue R4, dépôt 3B.

-Alexandrie, mission française, site du théâtre Diana, DI 95. Sect. 3.1194. 6.1 (40) (analogie la plus éloquente).

-Athènes, musée Benaki, 18733.

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.558.

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 4026 -Kenchreai (Cenchrées), OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, n° 379-401.

-Londres, Victoria & Albert Museum, 1920-1897, 1920a-1897.

-Paris, musée Rodin, Co. 2299.

-Toronto, Art Museum of University, M82.337.

-Vente Montrose, Ancient Resource Auctions, 27 octobre 2013, lot 125C.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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