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Satyre, Éros ou autre figure masculine

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Fin du IVe siècle - Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 8,2 cm ; L. 4,1 cm ; P. 1,45 cm

Os, humérus gauche de bœuf, face latérale

Co. 2255

Commentaire

Etat de conservation

L’applique, à la coloration ambrée, est cassée en partie supérieure, inférieure et sur le bord senestre. De ce fait, la tête du personnage, la partie inférieure de ses jambes, ses pieds et sa main droite, ne sont pas conservés. De nombreuses taches gris brun et ocre se distinguent sur la surface de la pièce, se concentrant surtout sur l’épaule droite, le drapé retombant derrière la figure et son ventre. Le dos est couvert de profondes trabécules et comporte des résidus blanchâtres. En limite de la cassure inférieure, sur la face externe, réapparaît le tissu osseux spongieux. L’aspect très brillant de la surface a fait émettre, à V. Picur, la possibilité d’un polissage à sec à l’époque moderne.

Description

Le fragment d’applique est sculpté en relief d’un personnage au corps juvénile, qui évolue vers la gauche. Son bras droit, qui devait tenir assez haut un objet disparu, barre son torse tourné de trois-quarts. Sa nudité est compensée par un himation ou une nébride, qui semble retomber de ses épaules, le long de ses jambes. Ce vêtement n’est suggéré que par de simples incisions, matérialisant les plis du tissu. Les organes génitaux sont ceux d’une figure masculine, mais la distinction entre un jeune satyre ou un amour de grande taille n’est pas facile à établir. Faut-il voir dans la forme effilée qui jouxte le dos du personnage une aile repliée ou plutôt un pan de nébride ? Il serait préférable de privilégier la seconde hypothèse (DELASSUS 2020, p. 55 n. 47).

 

Le bras droit passant devant la poitrine indique que la figure tenait peut-être un accessoire. Plusieurs choix se font jour : soit une corbeille en osier remplie de fruits, comme celle que porte le satyre sur une applique du Landesmuseum de Mayence (PJG 335 : HEIDE, THIEL 2004, III. 5.6 p. 160-161), soit l’extrémité d’une outre de vin (pièces du musée de la faculté des Arts d’Alexandrie, 1353 : RODZIEWICZ 2016, p. 63). Plusieurs pièces révèlent une figure de satyre au bras droit fléchi vers l’avant : un exemplaire du musée gréco-romain d’Alexandrie (12010 : BONACASA-CARRA 2012, p. 40, fig. 1 p. 44), et deux éléments de placage du musée Rodin (Co. 2086 et Co. 2081). Une applique du musée Benaki conservée sur toute sa hauteur, livre une silhouette de satyre allongée, aux membres plutôt graciles, assez proche de la nôtre, hormis les jambes qui se croisent (18938 : MARANGOU 1976, p. 94-95, n° 44, pl. 13b). La position de son bras est presque identique à celui de la figure étudiée. La forme oblongue qu’il tient est identifiée par L. Marangou à un tympanon, mais celle-ci pourrait aussi correspondre à une phiale de grande taille, ou à une corbeille très plate en partie renversée. Ce relief trouve sa contrepartie dans l’applique Co. 2116 du musée Rodin. Un spécimen relevant des collections du musée gréco-romain d’Alexandrie (13277 : BONACASA-CARRA 2012, p. 41, fig. 8 p. 45), nous montre un satyre, en miroir, levant en hauteur le bras gauche, sans que celui-ci ne tienne d’attribut. Le dessin de la retombée de son manteau est d’ailleurs analogue à celui de la figure qui nous préoccupe. Ce dernier exemple finit de nous convaincre des multiples possibilités existant pour le geste du personnage et l'objet qu'il supporte. 

 

Bien que la position de son buste ne permette de l’envisager formellement, il est fort probable que cette jeune figure détournait la tête vers la droite, à l’instar des nombreux satyres ornant les reliefs en os. Le manque de maîtrise dans la détermination des volumes, somme toute, en assez faible relief, l’hésitation visible dans la définition des contours et l’absence de soin apportée aux finitions, nous engagent à ne pas dater cette pièce lacunaire avant la fin du IVe siècle ou le Ve siècle.

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12010 (attitude) ; 13277 (contrepartie).

-Athènes, musée Benaki, 18938 (attitude et style).

-Paris, musée Rodin, Co. 2081 (position du bras) ; Co. 2116 (contrepartie).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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