Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 13,8 cm ; L. 4,53 cm ; P. 1,2 cm
Os, tibia de bovidé ou de dromadaire ?
Co. 2242
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 13,8 cm ; L. 4,53 cm ; P. 1,2 cm
Os, tibia de bovidé ou de dromadaire ?
Co. 2242
L’os présente, en surface, un fendillement dans le sens des fibres (longues fentes parcourant l’applique dans le sens de la hauteur). La partie inférieure de l’applique est manquante, la cassure n’ayant laissé subsister que la partie supérieure du corps de la figure masculine. On remarque également un éclat sur le coude du bras droit qui se prolonge au-dessus. Une partie de l’angle supérieur senestre a disparu. Des sédiments sont encore observables dans les creux.
La gestuelle du personnage, ainsi que sa coiffure, incitent à reconnaître Dionysos. Toutefois, aucun élément ne permet de le distinguer de l’Apollon Lykeios, auquel est emprunté le mouvement du bras droit. Le dieu se trouve ici surmonté d’un motif identifiable par son contour festonné et ses nombreuses nervures à une de la coquille, motif qui orne fréquemment les frontons semi-circulaires ou triangulaires surmontant des divinités (DELASSUS 2020, p. 61, n. 90, p. 80, fig. 9). Souvent associée à Aphrodite, en référence à sa naissance, la conque peut la couronner, placée, en effet, au centre d’un fronton (cf. collection Grüneisen, MARANGOU, 1976, pl. 38a ; Moscou, musée Pouchkine, 3134 : BANK, BESSONOVA 1977, p. 162-163, n° 308), ou se déployer derrière sa chevelure (Vienne, collection Tamerit, B63 : FROSCHAUER, HARRAUER 2004, p. 61, n° 1). Parmi les exemples dédiés à Dionysos, cette plaquette fait figure d’unicum.
Les coquilles peuvent être aussi sculptées sur des plaquettes isolées (WULFF 1909, p. 121-122, n° 439-442, pl. XIX ; Alexandrie, musée gréco-romain, 13349 : SHAHIN 1998, p. 375, fig. 4 p. 372 ; Alexandrie, musée gréco-romain, 12043 : TÖRÖK 2005, p. 149-150, n° 95 ; Alexandrie, fouilles du théâtre Diana, DI 94. 1163.2.1 (33) : RODZIEWICZ 2007, p. 87-88, n° 39, pl. 19, pl. 98, n° 3 ; Aboukir: BRECCIA 1926, p. 80, pl. LXIV-4). Cet ornement se retrouve également à de multiples reprises sur des diptyques en ivoire à sujets profanes et mythologiques (VOLBACH 1976, p. 57-58, n° 66, 68, pl. 38-39), des diptyques consulaires (VOLBACH 1976, n° 16-21, 44), ainsi que sur des ivoires sculptés de figures ou de scènes chrétiennes, tels ceux ornant la chaire de Maximien ou appartenant au groupe dit "de la chaire dite de Grado" (VOLBACH 1976, n° 137, 140, 150, 153-154, 237, 242). Enfin, une dizaine d’appliques datant des VIe-VIIe siècles livrent des figures aux proportions raccourcies, directement surmontées d’un motif de coquille au dessin très stylisé. Dans ces cas précis, les représentations se limitent à Aphrodite, Éros, ou un homme tenant une lance (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 363, 366, 382, 391, 395, 397-398, 419-421).
L’étroitesse de la matrice allongée a contraint l’artisan à comprimer les formes. La coquille paraît étirée en hauteur, alors que sur les lunettes qui surmontent les appliques rectangulaires, elle se déploie en largeur. Le bras droit de Dionysos vient mordre sur le bord dextre, tandis que le bras gauche est ramené sur le devant du corps. L’épaule gauche présente une ligne tombante et paraît très atrophiée. Le corps du dieu est orienté vers la droite, contrairement à son visage tourné de trois-quarts vers la gauche. Un himation aux plis obliques semble draper l’épaule gauche et recouvrir en partie le torse (cf. carré en tapisserie, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, AF 6109), à moins qu’il ne faille y voir un baudrier. Cet accessoire rarement représenté sur les appliques en os (18903 : MARANGOU 1976, p. 92, n° 27, pl. 11b ; musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, AF 6565), trouve des échos sur plusieurs étoffes égyptiennes d’époque byzantine (cf. musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, E 26570).
La chevelure reprend le schéma habituel présent sur ce type d’appliques, à savoir des cheveux séparés par une raie, attachés à l’arrière, retombant en boucles sur les épaules. La zone lisse qui constitue le sommet de la tête correspond à la présence du bandeau ou au reste de la masse capillaire. Le même traitement sommaire de la coiffure peut-être relevé sur une pièce du Getty Museum de Malibu (71.AI.90), ou dans une moindre mesure, sur une autre appartenant autrefois aux musées de Berlin (I. 2892 : WULFF 1909, p. 113, n° 392, pl. XVII). Les organes du visage sont rendus de façon assez imprécise par des incisions au burin. Au centre d’un visage large à la mâchoire carrée, se dessinent des yeux aux paupières tombantes entourant un nez assez fort. Des incisions cernent le contour du globe oculaire et résument l’œil à une excroissance, sur laquelle vient jouer l’ombre et la lumière (cf. MARANGOU 1976, p. 75). La joue gauche, qui ne devrait être qu’à moitié visible, révèle ici une mauvaise maîtrise du rendu de trois-quarts.
Le visage, par sa morphologie et son expression, entretient un lien stylistique étroit avec celui de l’applique Co. 2232. Comme sur cette pièce, les cheveux rassemblés en mèches de part et d’autre d’un axe central, dégagent un front triangulaire, marqué par un aplat s’étendant sur le haut du crâne à la place de la raie médiane. Ce trait s’observe sur plusieurs appliques de la collection du musée Rodin (Co. 2071, Co. 2099, Co. 2135-2152), et la pièce 18910 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 75, 90, n° 19, pl. 8c). La reprise des détails et le polissage sont peu poussés. Si la figure renvoie à un modèle hellénistique, il nous paraît imprudent de l’assigner au IIe siècle, à l'instar de l’applique comparable du Getty Museum. Quoique la déformation du visage soit sans doute imputable au manque d’adresse de l’artisan, il semble tout de même difficile de placer la réalisation de l’applique avant le IVe siècle en raison d’une forte stylisation.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18910.
-Malibu, Getty Villa, 71.AI.90.
-Paris, musée Rodin, Co. 2071, Co. 2099, Co. 2135-2152, Co. 2232.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.