Égypte > provenance inconnue
Nouvel Empire
Faïence siliceuse
H. 4: D. 19,3
Co. 2485
Égypte > provenance inconnue
Nouvel Empire
Faïence siliceuse
H. 4: D. 19,3
Co. 2485
Cette coupe en faïence, de forme très ouverte, est entièrement recouverte d’une glaçure bleue (face intérieure et face extérieure). La lèvre de la coupe, simple, est peinte en noir. La face extérieure a été laissée sans motif. Seules certaines traces de pigments noirs y sont visibles de manière éparse. Elles ne semblent pas imputables à un décor. La glaçure, plus épaisse, présente des défauts d’application et est abrasée par endroits. L’intérieur de la coupe est décoré de motifs végétaux et aquatiques. Au centre du décor, trois poissons tilapia nagent dans un bassin. Quoique dessinés par un simple trait noir, les détails morphologiques sont conformes à la nature. Leur appendice buccal est allongé, les épines dorsales figurées par sept traits ; pour l’un des poissons, un huitième trait a été dessiné de façon erronée au-dessus du crâne. Les yeux ont été soigneusement figurés par un point. Autour d’eux est dessiné un cercle divisé en 32 rayons. Quatre autres motifs sortent du cercle. Chaque motif est composé d’une fleur de nénuphar épanouie à côté de laquelle se tiennent deux autres fleurs en bourgeon. Chaque nénuphar comporte cinq pétales, ornés de points peints en noir.
La coupe Co. 2485 s’inscrit parfaitement dans la tradition des coupes bleues du Nouvel Empire. Très en vogue à partir du règne d’Hatchepsout, elles sont toutes semblables par leurs caractéristiques, c’est-à-dire en particulier par leurs techniques de fabrication et par leur décor rappelant les marais. A l’observation, elles présentent un décor unique, faisant varier subtilement les détails.
Le bassin central en est l’élément incontournable. La présence d’un ou plusieurs poissons tilapia, symboles de renaissance dans la cosmogonie égyptienne, est également fondamental. Un décor végétal les entoure, composé de fourrés de papyrus et de nénuphars. Ce monde très particulier des marécages est plein de symbolique dans l’Égypte ancienne, entièrement régie par un paysage nilotique. C’est par exemple dans les marais de Chemmis que fut élevé Horus par sa mère Isis. Le monde aquatique évoque de façon générale toutes les notions liées à la fertilité, la fécondité, la prospérité et la résurrection. C’est pourquoi la déesse Hathor est souvent présente sur ces coupes, notamment sous sa forme de vache et du sistre. Ces coupes rappelant aussi les eaux primordiales (le Noun en Egypte ancienne), elles sont parfois appelées dans les publications « coupes au Noun ».
Il est possible de restituer le processus de fabrication de la figurine Co. 3645. La forme de la coupe a tout d’abord été moulée, puis enduite d’une pâte siliceuse. Durant la cuisson, la glaçure s’opère, donnant ainsi un objet finement émaillé. Le décor est ensuite peint en noir sur le fond bleu. La couleur choisie pour ces coupes n’est évidemment pas anodine. Bien que synthétique, cette couleur bleue de la glaçure est chargée de symbolique divine. Les Égyptiens distinguaient d’ailleurs la couleur bleue naturelle de la couleur synthétique en ajoutant maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite bleu égyptien, il y a la silice, élément nécessaire à la vitrification que l’on peut retrouver dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Égypte. Le quartz nécessitant des fondants afin de fondre à basse température, on retrouve dans les pâtes égyptiennes des alcalis tels que la soude, présente dans le natron. C’est l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre, qui donne la couleur bleue (le cuivre étant disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure). Parfois, un ajout de cobalt est utilisé pour renforcer la couleur bleue.
Les lieux de provenance de ces coupes couvrent l’ensemble de la vallée du Nil. Elles incluent des nécropoles mais aussi des sanctuaires dédiés à la déesse Hathor. Quand les coupes sont retrouvées dans des tombes, elles sont le plus souvent placées dans le cercueil, près de la tête du défunt.
Cette diversité des lieux de dépôt interroge sur la fonction de ces objets, au décor aussi précis que raffiné. Il est possible que ces belles coupes aient eu plusieurs usages, utilisées comme coupes à libations dans le cadre de pratiques domestiques, mais également dans un contexte religieux ou funéraire.
La collection égyptienne du musée Rodin possède une coupe similaire à la Co. 2485 par la technique, le décor et la datation, la Co. 5925. Le fragment de vase lotiforme Co. 5813 de la collection, d’époque hellénistique ou romaine, s’inscrit également dans cette tradition de vaisselle égyptienne en faïence.
Des coupes de même type, retrouvées à travers toute l’Égypte, sont exposées dans différents musées à travers le monde. Parmi celles qui rappellent la coupe Co. 2485, on trouve la coupe AF 6894 du musée du Louvre, ou bien la coupe 26.7.905 du Metropolitan Museum of Art de New York.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Armand Sbirian le 24 septembre 1913.
Donation Rodin à l'Etat français en 1916.