Égypte > provenance inconnue
IVe- Ve siècle ap. J.-C. ?
Os long de bœuf
H. 8,3 cm ; L. 3 cm ; P. 0,5 cm
Co. 2149
Égypte > provenance inconnue
IVe- Ve siècle ap. J.-C. ?
Os long de bœuf
H. 8,3 cm ; L. 3 cm ; P. 0,5 cm
Co. 2149
L’applique est brisée dans sa partie supérieure. La teinte crème de sa face externe se pare d’une nuance plus jaune au revers. Une tache ocre brun clair couvre le milieu du dos. De nombreux sédiments se logent encore dans les creux du motif végétal et dans les trabécules du revers. Une couche blanche hétérogène non liée a été également été observée par la restauratrice V. Picur dans les anfractuosités du relief.
Le rinceau de vigne, qui prend naissance dans l’angle conservé, devait se déployer sur toute la hauteur de l’applique. Son épaisse tige qui décrit de souples ondulations se développe dans un seul sens. Ce mouvement sinusoïdal ménageait des espaces approximativement triangulaires ou semi-circulaires,abritant les feuilles et les grappes de raisin. Les feuilles de vigne sont divisées en cinq lobes de forme irrégulière, séparés par de petits trous de trépan. Ce qui reste d’un ressaut lisse, le long du bord dextre, conforte l’idée d’un décor de pilastre, tel que le donne à voir un relief du musée gréco-romain d’Alexandrie (12340 : SHAHIN 1998 p. 373, fig. 2 p. 372).
Plusieurs institutions conservent des pièces avec un décor similaire. Au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, un exemplaire découvert en 1907 sur le site d’Antinoé, reproduit un rinceau garni de feuilles lisses, sans fruit, aux accents plus plastiques (E 12610 : STERN 1954, p. 127, fig. 7d pl. 3). D’autres analogies existent dans les collections du musée de Brooklyn à New York (37.1631E : COONEY 1941, n° 99 p. 35), et au sein du Victoria & Albert Museum à Londres (LONGHURST 1927, p. 24). S’il offre un rendu plus soigné des feuillages, ce dernier exemple, entretient avec la pièce du musée Rodin des affinités stylistiques et techniques. Les nervures des feuilles sont indiquées par des sillons redoublés, tandis que le creux des folioles est aussi marqué par de minuscules perforations.
Ces comparaisons, avec lesquelles notre pièce partage une tige souple et un feuillage traité avec soin, offrent un approche plus naturaliste que la plupart des appliques sculptées au début de l’époque islamique en Égypte. Motif de prédilection aux époques romaine et byzantine, cette plante au développement exubérant, est ensuite exploitée aux époques omeyyade et abbasside, afin de créer des compositions décoratives souvent symétriques.
Le fragment du musée Rodin apparaît comme la traduction à échelle réduite de modèles appartenant à la sculpture monumentale de la fin de l’Antiquité, sur lesquels les sculpteurs ont recours au trépan de façon à créer des zones d’ombres entre les lobes des feuilles de vigne. Cette caractéristique se perpétue au début de l’époque islamique sur nombre de pièce en ivoire, comme le relief biface à l’empereur triomphant conservé au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 10813 : DELASSUS 2020, fig. 1b p. 30), ou un ivoire sculpté du musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, n° 7115 p. 193, pl. XVI), mais aussi sur des décors en stuc abbassides (RATLIFF & EVANS 2012, fig. 104 p. 204). Cette particularité ne constitue pas pour autant un critère chronologique déterminant. Le fait qu’elle soit conjuguée ici à un rinceau ondoyant, nous incline à penser que notre applique pourrait avoir été sculptée au IVe-Ve siècle.
Comparaisons :
-Londres, Victoria & Albert Museum (LONGHURST 1927, p. 24).
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.