Egypte > Provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire > XXIe - XXVe dynastie > 1059 - 656 avant J. C.
H. 2,9 CM : L. 0,9 CM : P. 1 CM
Faïence
Co. 2438
Egypte > Provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire > XXIe - XXVe dynastie > 1059 - 656 avant J. C.
H. 2,9 CM : L. 0,9 CM : P. 1 CM
Faïence
Co. 2438
L'œuvre est en mauvais état de conservation. La surface est très érodée et poreuse. Plusieurs éclats et petites cassures sont visibles. Une cassure importante est visible en haut à gauche du pilier dorsal.
Cette figurine inédite représente une divinité, assise sur un siège cubique. Un enfant est assis sur ses genoux.
La déesse est coiffée d’une perruque longue tripartite, dont les pans descendent loin sur les épaules. Elle est surmontée d’une couronne soutenant d’un disque solaire encadré par deux cornes de vache, soit une couronne dite hathorique. Les traits du visage sont mal conservés et seuls les yeux, très ronds, se dégagent. Le nez et les joues, pleines, se distinguent encore. Des traces noires apparaissent de part et d’autre de la tête. Il s’agit peut-être de pigments ou bien de traces de brûlures.
Elle est vêtue d’une robe fourreau qui descend jusqu’aux chevilles. Les proportions de la femme, réalistes, témoignent de formes fines et féminines. Bras et jambes sont nettement détachés du corps. Mains et pieds sont bien représentés mais l’état actuel ne permet pas d’affirmer si les doigts étaient individualisés ou non. Ses pieds reposent sur une base qui adopte les dimensions du siège. La figurine est appuyée contre un pilier dorsal. Le pilier dorsal suit la silhouette élancée de la figurine et va en s’évasant vers le bas afin de s’adapter à la taille du siège, puis du socle.
La finesse d’exécution et la précision des détails permettent de comprendre la scène représentée, malgré l’état d’usure de la surface. Suivant une position classique à l’allaitement en Egypte ancienne, la femme replie le bras droit sur son torse pour maintenir son sein gauche, tandis que son bras gauche soutien la tête d’un enfant assis sur ses genoux. Les mains et les jambes de l’enfant sont ballants et reposent sur les cuisses de la déesse.
A l’arrière, un large trou la perfore la statuette de part en part, entre la couronne et la coiffe hathorique. Il s’agit d’une bélière de suspension, aujourd’hui comblée de terre de fouille dans sa partie gauche. En dépit de la petite taille de l’objet (moins de 3 cm de hauteur) et de son état de conservation, il témoigne d’une réalisation soignée et de la qualité remarquable du savoir-faire des artisans égyptiens. La figurine est stable et tient debout. Elle pouvait donc être accrochée à une surface ou bien être posée. La glaçure bleu-vert clair qui recouvrait la figurine, moulée dans une pâte blanche, est encore visible aux deux extrémités (partie droite du socle, sur l’avers et le revers de la couronne hathorique).
Il s’agit ici d’une représentation d’Isis allaitante ou Isis lactans et de son fils Horus. Isis est une des divinités féminines les plus importantes de la cosmogonie égyptienne. Épouse et sœur d’Osiris, avec qui elle règne, elle est aussi la sœur de Nephtys et du dieu Seth. Les mythes osiriens racontent comment Seth, jaloux de son frère Osiris, le fait enfermer vivant dans un sarcophage afin de s’en débarrasser. Isis retrouve son époux et se cache avec lui de la fureur de Seth. Mais ce dernier retrouve son frère et profitant de l’absence d’Isis, le découpe en 14 morceaux qu’il dispersent dans les eaux du Nil. Isis rassemble les morceaux du corps de son époux et tombe enceinte de lui. Elle donnera naissance à Horus qui se chargera de venger son père. Ces exploits vaudront à Isis le titre de « Grande de Magie ». Le nom égyptien de la déesse, Aset, dérive de la même racine étymologique que le mot « trône ». Isis est donc également associée au pouvoir royal. Personnification de la mère divine, Isis est intimement liée à Hathor, avec qui elle partage de nombreuses caractéristiques iconographiques, est avec elle la déesse de l’amour, de la maternité, de la féminité et de la protection du foyer. Isis, tout comme Osiris et Horus – notamment Harpocrate, ou Horus l’enfant – fera l’objet d’un culte particulièrement fort à partir du Ier millénaire avant notre ère. Dès lors, les expressions de son culte se diversifient et elle commence à se démarquer du culte purement osirien. Les représentations d’Isis allaitant Horus se multiplient et vont de paire avec une nouveauté architecturale qui apparaît à la Basse Epoque et finit par s’imposer comme annexe des sanctuaires principaux, le mammisi dont le nom nous vient de Champollion. Le mammisi, copie de pierre des bâtiments où les dames égyptiennes donnaient naissance à leurs enfants symbolise la place fondamentale qu’occupe désormais la triade divine composée d’un père, d’une mère et d’un enfant et qui remodèle le panthéon de la plupart des temples du premier millénaire avant notre ère. Le mammisi transpose dans le monde divin l’idéologie royale du Nouvel Empire qui veut que le roi était engendré par Amon, assurant ainsi la légitimité divine du souverain. D’ailleurs, dans tous les mammisis, si le dieu-enfant est différent en fonction de la localité, le géniteur divin est toujours Amon, permettant ainsi que se perpétue sur le plan divin et terrestre la lignée royale.
La Basse Époque représente un tournant dans le culte d’Isis qui connaîtra une incroyable postérité par delà les époques et les frontières, retenant en particulier son aspect maternel et protecteur. Cette figurine s’inscrit parfaitement dans les pratiques religieuses privées. Il s’agit d’une amulette ou d’un ex-voto, utilisée tant en contexte religieux, funéraire que domestique.
La collection égyptienne du musée Rodin possède plusieurs autres exemplaires d’Isis lactans à savoir les figurines Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429, Co. 2433, Co. 5787 et Co.209.
D’importantes quantités d’objets similaires réalisés en différents matériaux sont actuellement conservées dans les différentes collections égyptiennes du monde.
Anépigraphe.