Matière et technique

Matériau : Calcaire.

Le calcaire présente de nombreuses inclusions de coquillages et de minéraux. 

Analyses :

Les petites taches de couleur turquoise réparties sur toute la surface du fragment 3 ont été analysées par fluorescence en mai 2010 au C2RMF : il ne s’agit pas d’un pigment d’origine minérale mais d’un colorant organique, qui n’est pas d’origine.

En revanche, des prélèvement effectués dans les cartouches ont permis d’identifier des traces de sulfate de calcium, utilisé pour obtenir du blanc. Il pouvait s’agir d’une couche préparatoire ou bien du matériau utilisé soit pur, soit dans un mélange pour obtenir des teintes rosées ou orangées. 

Modification matérielle

Les trois fragments étaient autrefois fixés par des agrafes métalliques, fichées au plâtre dans des percements. Il ne subsiste aujourd'hui que les percements : quatre sur les chants droit et gauche du fragment 1 (deux d’un côté et deux de l’autre) et un sur le chant gauche des fragments 2 et 3 ; ces orifices sont encore tachés par l’oxydation des agrafes. C’est d’ailleurs une agrafe qui est à l’origine de la séparation entre les fragments 2 et 3 ainsi que de la cassure dans l’angle supérieur gauche du fragment 1. Sur le chant droit du fragment 3 demeure une agrafe métallique très oxydée, aujourd’hui recouverte d’un film de polybutyral de vinyle.

 

L’ensemble était inséré dans un cadre en bois, réalisé par le sculpteur japonais Kichizo Inagaki à la demande de Rodin. Le revers de l’ensemble avait été couvert de plâtre, appliqué suivant le principe en croisillon des montages d’Inagaki. Au revers du fragment 1, des gorges permettant de positionner le croisillon de l’encadrement ont été taillées au ciseau.

 

L’œuvre est aujourd'hui placée sur un support de stockage et non d’exposition.

 

Le numéro d’inventaire actuel « Co 6403 » est inscrit à l’encre noire sur une pellicule isolante, sur chaque fragment.

 

Etat de conservation

L’état de conservation est médiocre. La pierre, altérée, est très pulvérulente. L’œuvre se compose de trois fragments : le fragment principal (fragment 1) approximativement carré, qui porte la figuration royale, un petit fragment (fragment 2) et un fragment de taille moyenne (fragment 3) qui prennent place dans le coin supérieur droit du fragment principal et complètent les cartouches.

 

L’œuvre, réalisée en relief dans le creux, n’a conservé aucune trace de polychromie visible. Les reliefs sont émoussés, en particulier le visage du personnage. Des éclats parcourent la surface, avec notamment de grandes épaufrures au niveau des bras et du torse, à l’extrémité inférieure du grand fragment ; on constate d’ailleurs qu’il n’y a pas d’arête marquée entre la face sculptée et le chant inférieur. Un éclat dans le cartouche de droite complique la lecture du nom du roi. Dans l’angle inférieur droit du fragment principal, un éclat est aujourd'hui perdu. Tous les autres angles sont marqués par des fissures, en particulier l’angle inférieur gauche du grand fragment.

 

Après nettoyage de l’œuvre en 2010, on constate encore des taches brunes sur l’épaule et l’aisselle gauche du personnage. Des petites taches de couleur turquoise sont disséminées sur toute la surface du fragment 3 (voir la section « Technè, Analyses »). La partie encore visible du chant supérieur du fragment 1 est couverte par endroits d’une fine couche d’enduit ocre. Une traînée rosâtre est visible sur le bord inférieur du fragment 1, mais aussi sur la portion du chant gauche (fragment 1) et la portion du chant droit (fragments 1 et 3) longeant la face sculptée : ce sont les traces laissées par un ancien encadrement en bois.

 

La plupart des chants des fragments ont été aplanis et sont usés, certains sont marqués tantôt par des traces indistinctes d’outils, tantôt par de profondes traces de gradine (chants inférieurs des fragments 2 et 3, en continuité sur les deux fragments). Le chant supérieur du fragment 3 et les chants gauches des fragments 2 et 3 correspondent à des cassures. Les chants aux extrémités droite et gauche de l’œuvre ainsi que les chants gauches des fragments 2 et 3 présentent des trous et des rainures faites par des agrafes, qui conservent encore des traces de rouille. C’est d’ailleurs une agrafe rouillée qui est la cause de la séparation entre ces deux fragments.

 

Au revers du fragment 1, la surface est plane mais de grandes gorges ont été taillées au ciseau. Au revers des fragments 2 et 3, les surfaces sont planes avec des traces légères d’outils de type râpe et/ou chemin de fer ; du côté gauche, le plan s’incline et on observe des traces de gradine.

 

L’humidité et la présence ancienne de plâtre au revers sont probablement à l’origine des altérations (pulvérulence) et notamment de la migration de sels en surface ; la dégradation a été accentuée par la présence des agrafes : leur expansion lors de leur oxydation a fragilisé des angles des fragments. Malheureusement, un dessalement n’a pu être réalisé.

 

Restauration

Interventions de Sophie Joigneau et Marie Louis en 2006 et 2010 : traitements similaires. Dépoussiérage des fragments à la brosse douce, sous aspiration ; consolidation de la pierre à l’aide de silicate d’éthyle Estel 1000® ; nettoyage au Laser ; le plâtre au revers des fragments est éliminé mécaniquement au ciseau et au scalpel ; le plâtre sur le fragment 3 permettait de maintenir les fissures dues à la présence de l’agrafe et, après élimination, des morceaux se sont détachés (deux moyens et un petit) ; l'agrafe métallique du fragment 3 est recouverte d’un film de polybutyral de vinyle, Butvar B79®, dilué à 5% dans l’éthanol ; l'angle supérieur gauche du fragment 1, qui s’est détaché lors des manipulations de restauration, est recollé avec de points de résine époxy et les éclats manquants sont comblés à l’aide d’un produit de bouchage (poudre de pierre tamisée et résine acrylique Primal AC33®) ; sur les différents fragments, les fissures des angles sont comblées avec le même produit pour consolider l’ensemble ; les bouchages sont retouchés sur la face et les côtés aux pastels secs. Le numéro d’inventaire, inscrit sur la pierre sale des fragments 1 et 2, est éliminé et réinscrit à l’encre noire sur une pellicule isolante sur chaque fragment.

Réalisation d’un plateau de présentation : mousse polyéthylène de 5 cm d’épaisseur dans laquelle est découpé à mi-épaisseur le gabarit des fragments avec des trous de préhension, recouverte d’un non-tissé de fibre de polyéthylène Tyvek® fixé par thermocollage, collée (colle thermo fusible) sur une planche de contreplaqué rehaussée sur deux tasseaux. 

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