Eros

PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE > IIIe– 1er SIÈCLE AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,9 cm ; L. : 5,7 cm ; P. : 3,4 cm 

Co. 6303

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en assez mauvais état de conservation. 

Le métal a pris une teinte noire à force d’oxydation. Quelques concrétions sont visibles sur le genou droit, le pied gauche, le bras droit et entre les cuisses. La main droite et la pointe de l’aile droite sont manquantes. Le coude gauche est largement fendu dans sa largeur. 

Description

L’œuvre Co. 6303 figure le dieu enfant Éros, entièrement nu conformément à son iconographie. Placé aujourd’hui en position couchée sur un socle contemporain de son arrivée dans la collection, une comparaison avec les statuettes du Metropolitan Museum of Art Inv. N° X.377 et du Walter Art Museum Inv. N° 54.1182, laissent supposer que le petit Éros du musée Rodin se tenait originellement debout. Le bras droit, levé au-dessus de la tête, est partiellement perdu, tandis que le bras gauche est replié vers le visage.

 

Eros, Cupidon chez les Romains, est la divinité associée à l’amour, à la passion et au désir. Originellement dénué de genre ainsi que de géniteurs, la mythologie s’accorde par la suite à lui attribuer des parents en la personne d’Aphrodite, déesse de l’amour, et d’Hermès, dieu messager. Représenté sous les traits d’un jeune garçon nu, il a pour attribut une paire d’ailes, à laquelle s’ajoute, bien souvent, un arc et des flèches qu’il tire au hasard pour susciter le désir amoureux. 

 

Dans l’Égypte gréco-romaine, Eros est rapidement associé à un autre dieu enfant, Harpocrate, divinité protectrice de la maternité et de l’enfance ; en accord avec la mythologie de ce dernier, il est considéré comme un dieu créateur, né de l’œuf primordial. On note dans l’œuvre Co. 6303 l’association de ces deux univers culturels : les ailes et l’attitude générale en contrapposto rapprochent cette figurine de l’art hellénistique, tandis que le doigt porté à la bouche le rattache clairement à l’imagerie égyptienne, puisque c’est là l’attitude qui caractérise l’enfance tant dans le répertoire hiéroglyphique que dans les productions iconographiques, ce qui est la même chose dans la pensée pharaonique.

 

Malgré sa petitesse et son assez mauvais état de conservation, l’œuvre présente de nombreux détails. Les courtes ailes qui s’échappent des omoplates de l’enfant sont striées de fines lignes parallèles, rendant les plumes. La chevelure qui entoure le visage aux traits poupins est courte et bouclée, en accord avec les canons stylistiques hellénistiques. Son rendu est traité plus simplement à l’arrière du crâne. Les détails du visage sont représentés : les sourcils sont traités en creux sur le front court, le nez bien que petit et empâté est modelé de narines profondes, la pupille des yeux a été creusée d’un trou, les lèvres charnues sont rehaussées d'une fossette mettant en valeur le menton. Le nombril, les orteils et l’aine sont figurés, ainsi que les parties génitales, minimisées. En revanche, les membres sont caractérisés par un modelé minimal, reflétant les rondeurs potelées du dieu enfant (coudes, genoux et chevilles ne sont pas indiqués). 

 

Ce type d’œuvre pourrait avoir appartenu à un ensemble plus grand, déposé au sein d’un autel privé et destiné à assurer au foyer la protection d’un dieu très intime. Il est aussi possible que, comme c’est le cas de nombreuses statuettes en bronze ou en terre cuite de si petite taille, il s’agisse d’un objet votif, moulé en série afin d’être vendu à des dévots et déposé dans un temple comme offrande. 

Œuvres associées

Aucune œuvre n’est similaire au bronze Co. 6303 dans les collections du musée Rodin. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

< Retour à la collection