Matière et technique

La conformation de la pièce ainsi que l’orientation des trabécules permettent de conclure qu’elle a été sculptée à partir de la face latérale d’un humérus gauche de bœuf, à l’instar d’une série d’appliques du musée Rodin accueillant une ménade tournée vers la droite (Co. 2049, Co. 2085, Co. 2113, Co. 2117, Co. 2184, Co. 2191). Caractéristique fréquente dans le façonnage des éléments de placage, le relief a été sculpté dans le sens inverse à la position anatomique de l’os, c’est-à-dire, que la tête de la ménade a été inclue dans la partie distale de l’humérus, tandis que ses jambes, qui requéraient davantage d’espace ont pu se déployer dans la partie proximale, plus large. Le tissu osseux spongieux est assez présent en partie inférieure.

 

Une fois l’épiphyse distale éliminée sans doute par sciage, l’artisan a mis en forme la surface des bords latéraux de manière à obtenir une certaine planéité. Des traces de sciage, raclage et d’abrasion se lisent encore sur la face interne des deux bords, au revers. Les volumes de la face principale ont été dégagés à l’aide de petits ciseaux et la fine lame d’un burin a été nécessaire pour signaler les détails anatomiques ou les sillons des plis du drapé. Le polissage surtout concentré sur les zones en relief n’a pas effacé tous les stigmates du travail de la matière osseuse, qui subsiste surtout à l’arrière-plan.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

L’applique est fixée sur un socle en marbre rouge à l’aide d’une tige filetée en alliage cuivreux, scellée par un amas de plâtre au dos. Il subsiste des restes de l’ancien scellement au plâtre à la jonction de la pièce et du socle. La finesse de la section de la tige filetée rend instable le montage.

 

Conservée sur toute sa hauteur, l’applique, à la teinte ivoirine, présente des manques dans les angles inférieurs. Une lacune endommage aussi la partie basse, près du pied gauche de la figure. On observe aussi d’autres petits éclats : un premier sur la bordure au-dessus de la tête de la ménade, un second le long du bord dextre. La pièce est fragilisée par d’importantes fissures qui courent de la taille du personnage jusqu’à ses pieds. Sur la face externe, des sédiments se logent encore dans les creux, notamment dans les plis du drapé. Au revers, on constate aussi la présence d’abondants sédiments, notamment en partie inférieure. Un ancien collage était renforcé par un amas de plâtre au dos, créant un ressaut à ce niveau.

Restauration

Une restauration de la pièce a été effectuée par V. Picur en 2018-2019. La couche de salissure a été fortement atténuée par un nettoyage enzymatique pratiqué au coton-tige, suivi d’un rinçage à l'éthanol. Le dos a été refixé avant le collage visant à consolider les fissures, fait avec du Paraloïd B72 à 10%. Un bouchage avec mélange micro ballon/ Paraloïd B72 à 30% a permis de les consolider, puis une retouche à l'aquarelle Winsor & Newton est venue harmoniser le comblement à la teinte de l’os.

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