ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIe dynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.
Bronze (métal cuivreux)
H. : 9,3 cm ; L. : 5 cm ; P. : 16,4 cm
Co. 3035
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIe dynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.
Bronze (métal cuivreux)
H. : 9,3 cm ; L. : 5 cm ; P. : 16,4 cm
Co. 3035
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est très corrodé et abîmé, particulièrement sous le ventre où l’oxydation semble plus avancée que sur le reste de l’objet. La surface est très rugueuse. Deux fissures sont visibles sur l’aile gauche. Ainsi fragilisée, l’œuvre a subi des pertes de matière laissant voir les couches intérieures du métal. La tête, également très corrodée ne présente presque plus de détails.
La statuette Co. 3035 figure un faucon debout, les ailes repliées de chaque côté du corps.
Il était dressé sur deux pattes rapportées, conservées au musée Rodin sous les numéros d’inventaire Co. 5996 et Co. 5997. Pour une description de celles-ci, voir leur notice respective.
Le cou, le dos et la queue sont dans le prolongement les uns des autres de façon presque rectiligne, ce qui donne à la statuette un air rigide. La tête, bien proportionnée, est décorée d’une ligne arrondie qui prend sa course au-dessus de l’œil et qui la termine au niveau de l’épaule. Cette démarcation est aujourd’hui mieux conservée sur le côté gauche de la face. Deux cavités circulaires, profondes, indiquent l’emplacement des yeux. Ils étaient incrustés de pâte de verre ou de pierre semi-précieuse. Un resserrement du métal marque la naissance du bec. Celui-ci, petit et crochu, est rendu de façon réaliste. Les épaules et le départ des ailes se différencient clairement du corps. En effet, les contours extérieurs des ailes sont traités en arêtes peu naturelles. Les épaules et le départ des ailes se différencient clairement du corps, les contours extérieurs des ailes étant modelés en arêtes peu naturelles. Elles se croisent au niveau de la queue, s’achevant à son extrémité. La zone sous-caudale a été renforcée par plaque métallique, fine, qui était en contact avec le socle sur lequel le faucon était placé. La gorge et le ventre sont plats et ne présentent aucun détail anatomique. Les cuisses, bien droites, sont creuses afin de permettre l’insertion des deux pattes rapportées citées plus haut. On note, à l’intérieur de ces cuisses, des traces d’un matière plâtreuse banche, provenant peut-être des ateliers de Rodin. L’aspect dépouillé de la surface incite à penser qu’elle était préparée pour recevoir un décor en feuille d’or.
Le faucon est l’animal sacré du dieu Horus, lui-même représenté hiéracocéphale dans les reliefs. Horus est un dieu solaire majeur en Égypte et peut prendre plusieurs formes. Dans la cosmogonie Héliopolitaine, Osiris a été assassiné par son frère Seth, par jalousie. Après sa mort, Isis, sœur et épouse d’Osiris, réanima son mari le temps de la conception d’Horus. Afin de le tenir éloigné des fureurs de Seth, celui-ci fut élevé bien caché dans les marais de Chemnis. En tant que fils, donc héritier d’Osiris, Horus affronta Seth. Sa victoire lui permit de maintenir la création en rétablissant l’équilibre et d’obtenir la royauté terrestre, son père obtenant la royauté dans l’Au-delà. A ce titre, Horus représente le modèle divin du roi, premier de la lignée royale. Il est protecteur de la royauté, tout en s’incarnant en la personne même du roi, son représentant terrestre qui doit maintenir la cohésion du pays en détruisant les ennemis de l’Égypte, de la même manière qu’Horus a détruit l’ennemi de son héritage, son oncle Seth. L’enfance d’Horus donna lieu à de nombreux épisodes mythologiques, notamment concernant la guérison de diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux, hôtes des zones marécageuses. Cette caractéristique suscita l’apparition d’un autre dieu, homonyme. Il s’agit d’Harpocrate ou Horus l’Enfant, divinité appelée à rester un enfant, icône protectrice de cet âge fragile et personnalité distincte d’Horus fils d’Isis et d’Osiris.
Le faucon prête également son apparence à Montou, dieu guerrier dont la tête est surmontée du disque solaire orné d’un double uraeus et de deux hautes plumes, à Rê, dieu soleil hiéracocéphale, et à Sokar, faucon momifié associé à Osiris.
La figure de faucon Co. 3035, accompagnée de ses deux pattes Co. 5996 et Co. 5997, correspond à un reliquaire (ou sarcophage votif). Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition, 28 septembre 2002 - 5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La catégorie des « uniques » regroupe des animaux choisis par les prêtres pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis, dont la plus ancienne attestation d’inhumation remonte au règne d’Amenhotep III. L’Horus en bronze Co. 3035 correspondrait au reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas sélectionnés pour leur caractère sacré mais c’est par les rites et les récitations accompagnant leur mise à mort et leur momification que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles, etc. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était adoré. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur capable de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, l’organisation de l’élevage de ces animaux, objets de dévotion après leur mort, monta en puissance et le choix des espèces se structura. Il est à noter que c’est grâce à l’évolution des techniques de momification qu’il devint progressivement possible de momifier des animaux de grandes tailles, l’une des difficultés à vaincre ayant été la dessiccation de leurs humeurs.
Les figures de reliquaire représentant un faucon sont des objets relativement bien connus. Il est possible d’en trouver dans beaucoup de musées :
Metropolitan Museum of Art de New York : 25.2.11, 30.8.233, 89.2.513.
Penn Museum de Philadelphie : E14287, LO-1850-1, E3311, 81-22-9.
Walter Art Museum de Baltimore : 54.2120 et 54-547.
Il existe également des exemples de rapaces couronnés.
Les collections du musée Rodin conservent deux autres statuettes de faucon en bronze, Co. 801 et Co. 1939. Cette dernière est une figure d’enseigne et n’avait par conséquent par le même but et rôle que les objets Co. 801 et Co. 3035 qui sont des figures de reliquaire. L’œuvre Co. 793 figure également un faucon mais ici s’agit ici d’un reliquaire complet.
Les deux pattes Co. 5996 et Co. 5997 créent une œuvre complète avec Co. 3035.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.