Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 5,5 cm ; L. 7,6 cm ; P. max. 0,5 cm

Os, tibia de bœuf, face postérieure ?

Co. 2305

Commentaire

Etat de conservation

Brisée sur trois côtés, cette pièce devait offrir, à l’origine, un format rectangulaire. Une fente court sous le bras gauche de la Néréide. Dans les creux du relief subsistent d’abondants sédiments. Des traces d’une substance rouge épaisse ont été observées par la restauratrice V. Picur. Cette dernière a mis aussi en évidence des résidus blancs et ocre dans les creux.

Description

Scandant les cuves de sarcophages d’époque romaine sculptées du IIe au IVe siècle, ou égayant nombre de mosaïques de pavement ou de textiles, les Néréides sont fréquemment associées au cortège de Poséidon et Amphitrite. On les retrouve, en compagnie de Tritons, souvent allongées sur la croupe de monstres marins. C’est ainsi qu’elles apparaissent sur une quantité impressionnante de reliefs en os destinés à décorer des coffrets, découverts principalement en Égypte, mais aussi dans le reste du bassin méditerranéen. Plusieurs institutions renferment, en effet, des parois ou des fragments de couvercles de boîtes, encore ornés de leurs placages : un montant de coffret est répertorié dans les collections du musée Benaki (10314 : MARANGOU 1976, n° 169 p. 117, pl. 50a-b), et de nombreux éléments le sont aussi au musée copte, au Caire (STRZYGOWSKI 1904, n° 7070-7073, 7075-7077 p. 179-181, pl. XIV ; TÖRÖK 2005 n° 96, 98 p. 150-152). L’influence des modèles monumentaux ou relevant d’autres domaines artistiques, demeure toutefois difficile à démontrer, sur les placages en os ou en ivoire (MARANGOU 1976, p. 43). Toutefois, la production sérielle de ce petit mobilier implique l’existence de modèles préétablis, déclinés en d’infinies variations. L’attitude de notre Néréide se retrouve, en effet, au moins sur une dizaine de pièces conservées au musée Rodin. Nous citerons seulement les œuvres avec lesquelles les similitudes iconographiques sont les plus évidentes : Co. 2035-Co. 2136, Co. 2075, Co. 2110, Co. 2155, Co. 2204, Co. 2206, Co. 2272.

 

À demi-étendue, la naïade est tournée vers la gauche. La nudité de son corps nu est tempérée par le pan de drapé qui masque sa cuisse gauche. Alors qu’elle semble s’appuyer de son bras droit sur le corps d’un animal hybride maintenant disparu, elle retient de son bras gauche, son voile tendu par le vent marin. Celui-ci, qui décrit une ellipse derrière sa tête, creusée de plis profonds jouant sur l’ombre et la lumière, contraste avec les chairs lisses du corps aux formes généreuses. Son buste, plutôt court, doté d’une poitrine aux seins ronds, surmonte un ventre rebondi. Bordé d’une chevelure coiffée en fines mèches rassemblées sur la nuque, le visage est animé d’un œil globuleux, qui voisine avec des lèvres charnues entrouvertes. L’attitude de la Néréide peut être comparée à celle de la nymphe allongée sur l’applique 13309 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 280-281 pl. XXXIV-2), ou sur une pièce du Berkshire Museum de Pittsfield (ELDERKIN 1926, p. 153, fig. 2 p. 152). La pose est aussi reprise par la nymphe d’un fragment appartenant au Victoria & Albert Museum (825-1905 : LONGHURST p. 23 ; BECKWITH 1963, p. 12, 49, fig. 27).

 

Malgré un souci dans le rendu des effets de volume, le relief n’en demeure pas moins assez plat. Un caractère éminemment graphique s’attache à la description de cette divinité marine, la plaçant dans la lignée de la pièce Co. 2138. Cette insistance portée sur les contours s’observe également sur les plaques de coffret du musée d’art de Princeton (y1929-213 a -g : ELDERKIN 1926, p. 150-157), qui offrent un schéma iconographique inversé au nôtre. Par son allure générale et la stylisation du visage, la silhouette féminine peut être rapprochée d’appliques assignées au IIIe ou IVe siècle, tel la plaquette encore en place sur la paroi de coffret du musée Benaki précédemment citée (10314: MARANGOU 1976, n° 169 p. 117, pl. 50a-b ; LOVERDOU-TSIGARIDA n° 298 p. 294, pl. 78, avec une datation qui paraît un peu trop tardive), ou celle mise au jour lors des fouilles archéologiques menées à Alexandrie, à l’emplacement de l’ancien Cinéma Majestic (MA 92.2.96.12.1 (9) : RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89).

 

Marquage

Au dos de la pièce, 32 marqué à l’encre bleue.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13309 (attitude de la Néréide).

-Londres, Victoria & Albert Museum, 825-1905(idem).

-Pittsfield, Berkshire Museum (ELDERKIN 1926, fig. 2 p. 152)

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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