Applique de mobilier

ménade

Égypte > provenance inconnue

IIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

H. 14,3 cm ; l. 2,9 cm ; P. max. 1,1 cm

Os, tibia gauche de bœuf, face postérieure

Co 2301

Commentaire

Etat de conservation

L’applique est cassée sur trois de ses côtés. Subsiste seulement le bord dextre. La face principale offre une patine jaune clair, avec des zones plus blanches, témoignant d’un certain délitement de la matière osseuse. De petites taches brunes ponctuent la cuisse gauche de la ménade. On note aussi quelques légères marques noires. Le dos révèle de nombreuses taches ocre clair ou tirant sur le brun. Il conserve aussi quelques sédiments. La pièce présente un fendillement longitudinal, surtout près du bord dextre et dans l’épaisseur de ce bord.

Description

Ce fragment appartenait sans nul doute à une applique au format vertical, accueillant une figure féminine vue en pied. Le vêtement aux plis bouillonnants suggère de reconnaître une ménade, orientée vers la droite. Compte tenu de la longueur actuelle de la pièce, on peut se demander si le haut du buste ne se développait pas sur une autre applique. La jeune femme, dont le corps est coupé au niveau de la poitrine, porte un long chiton, dont le rabat, appelé kolpos, forme de petits plis soulevés par un pas dansant. Un lien le ceinture au-dessus de la taille. Alors que la jambe gauche semble portée en avant, le corps paraît subir un mouvement de torsion. Ce type de pose contrariée s’accorde parfaitement à l’agitation frénétique qui s’empare généralement des suivantes de Dionysos.

 

La main droite, au geste cassé du poignet, suit le rythme imprimé au reste du corps ou retient un pan de l’étoffe. Ce même détail se retrouve sur l’applique 18881 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n°70 p. 99, pl. 23a). Cette comparaison propose une silhouette vraisemblablement proche de celle qui devait originellement orner notre pièce. La ceinture du chiton, les plis gonflés de son kolpos, ainsi que la position des jambes portées vers l’avant, qui se devine sous la fine étoffe, constituent autant d’éléments apportant la preuve que les deux appliques devaient procéder d’un modèle commun. Deux autres reliefs se rapportent également à ce type iconographique : un exemplaire conservé au musée gréco-romain d’Alexandrie (12122 : BONACASA-CARRA 2012, p. 40, fig. 2 p. 44 ; TÖRÖK 2005, n° 87 p. 145-146), et une plaquette mise en vente à Louisville par Artemis Gallery (lot 21).

 

La figure longiligne de la ménade révèle un intérêt porté au mouvement. L’artisan est parvenu à faire sentir le brusque revirement du corps, sous l’épaisseur du vêtement. Le traitement plastique des plis du kolpos dénote également un sens du volume, peu perceptible en raison du caractère fragmentaire de l’œuvre. Les proportions anatomiques sont justes, et traduisent une aisance dans la transcription du corps féminin dans l’espace. Comme pour l’applique d’Athènes, on perçoit dans la retombée des plis, une approche assez graphique. L. Marangou entrevoit une réminiscence de la sculpture monumentale de l’époque antonine dans cette exemple, ce qui n’implique pas forcément une datation de la pièce au IIe siècle. La facture, ainsi que les critères stylistiques, invitent donc à proposer, pour notre relief, une phase de production assez large, entre le IIe et le IVe siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12122.

-Athènes, musée Benaki, 18881.

-Vente Louisville, Artemis Gallery, 16 décembre 2021, lot 21.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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