Applique de mobilier

Néréide et Triton

Égypte > provenance inconnue Fin du Ve - VIe siècle ap. J.-C. H. 5,3 cm ; L. 12,7 cm ; P. max. 1,8 cm Os, tibia gauche de bœuf, face postérieure Co. 2217 - Co.2323

Commentaire

Etat de conservation

Cette pièce incomplète, originellement cassée en deux, est brisée dans sa partie dextre. Fragilisée par des fentes et des fissures, elle conserve des sédiments, au revers, dans les trabécules. La surface est particulièrement abrasée.

Description

Le groupe qui orne cet élément de placage, destiné sans doute à parer un coffret ou un petit meuble de petites dimensions, est constitué d’une Néréide accompagnée d’un Triton. De ce fait, notre fragment se rattache à la nombreuse série des appliques dévolues au thème du thiase marin, dont le musée Rodin abrite plus de soixante-dix exemplaires. Alanguie, la Néréide à demi-couchée, retient de sa main gauche, son péplos emporté par le vent. Orientée vers la gauche, elle tourne la tête dans le sens opposé. Le Triton, qui l’escorte, adopte une attitude similaire. Vu en buste, il est doté d’un torse à la musculature solide. La forme ovale qu’il supporte devant son ventre, s’apparente à la corbeille ou au plat que soutiennent certains de ses acolytes, sur des scènes comparables. On se référera à l’applique 13315 du musée gréco-romain d’Alexandrie, sur laquelle le Triton tient un plat au dessin proche, mais beaucoup plus détaillé (RODZIEWICZ 2016, p. 57, fig. 59 p. 65). Le montant vertical qui borde l’extrémité senestre, pourrait être interprété comme un attribut, peut-être un gouvernail, à l’instar de celui sculpté avec tout aussi peu de précision, sur l’applique du musée Rodin Co. 2044. Quelques discrètes courbes à l’arrière-plan, suggèrent la présence d’un monstre marin, dont la queue forme des enroulements.

 

Les personnages présentent des corps aux formes pesantes et aux membres mal proportionnés. Le bras gauche de la naïade est démesurément étiré de façon à souligner les lignes horizontales que créent le voile, ainsi que les jambes étendues. Les visages grossièrement triangulaires sont couronnés de coiffures en calotte. Bien que les silhouettes soient cernées de lignes entaillées dans la matière, elles se démarquent peu de l’arrière-plan. Les jambes de la Néréide se confondent avec le bord inférieur de la pièce.

 

Les volumes corporels, traités avec une rigidité excessive et des déformations évidentes, traduisent une approche synthétique de la figure humaine, comme les traits faciaux considérablement simplifiés. Si l’exemplaire s’inspire indubitablement de modèles encore tributaire de l’esthétique classique, tel le relief 18747 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 165, pl. 49a), il répond à une évolution esthétique se définissant par un style allusif, jouant plus sur un aspect graphique que sculptural. Exploitant un schéma iconographique proche de l’appliques 22098 du musée Benaki d’Athènes (MARANGOU 1976, n° 168 p. 117, pl. 49d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 329 p. 299, pl. 87) et d’une pièce fragmentaire de l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913 n° 12 p. 233, pl. LVII-12). L’exemplaire Co. 5603 du musée Rodin constitue aussi une analogie éloquente, mais l’apparence des divinités marines sur notre pièce révèle encore une géométrisation plus poussée des visages et des corps. En considérant la datation proposée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 22098 du musée Benaki, une réalisation à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle est envisageable.

 

Marquage

Au dos, sur la face interne du bord supérieur, 40 marqué au crayon rouge.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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