Matière et technique

Particulièrement prisés pour le façonnage d’appliques au format allongé, puisqu’un tiers de celles consacrées à l’illustration du thiase marin y recourent, les tibia offrent une épaisseur d’os compact appréciable. Dans notre cas, F. Poplin est parvenu à identifier un tibia droit de bœuf, comme pour l’applique Co. 2203, qui offre un schéma iconographique presque identique. La présence de l’orifice du foramen nutricium s’est révélé être un critère déterminant pour reconnaître la face postérieure d’un tibia. Le piquetage grisâtre, que l’on perçoit en divers endroits de la face principale, correspond aux minuscules canaux irriguant le tissu osseux.

 

Le revers a été fortement raclé. La face des bords internes conserve les stigmates laissés par la lame employée pour cette opération de régularisation. On distingue encore les butées du ciseau plat, qui semble avoir progressé du côté senestre vers le côté dextre, notamment sur le bord interne supérieur. À ces traces d’outils, sont venues se superposer des stries dirigées en biais, imprimés à la matière osseuse par une lame abrasive. Les chants supérieur et inférieur, bien qu’excessivement abrasés, semblent avoir été aplanis par raclage.

 

À l’instar des pièces Co. 2203 et Co. 2159-Co. 2272, les volumes se détachent peu du fond. Une petite gouge a pu être utilisée pour dégager les formes et accentuer leur plasticité. Les contours des silhouettes ont été tracés avec un fin burin, qui a permis à l’artisan d’indiquer également les plis du drapé, et de préciser les détails anatomiques. Les gestes nerveux et rapides ont engendré de nombreux petits arrachements de matière, le long des membres de la Néréide, ou autour de sa chevelure. Les parties les plus en relief ont été polies, alors que l’arrière-plan conserve de nombreuses aspérités.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

Incomplète, cette pièce à la teinte ivoirine, est cassée dans sa partie senestre. Elle offre une couleur plus crayeuse et révèle un certain délitement de la matière osseuse, en partie supérieure, près de l’arrachement. Une couche superficielle de salissure et de discrets sédiments la recouvraient avant le nettoyage pratiqué par V. Picur. Un réseau de fissures longitudinales et traversantes l’endommage et provoque un délitement au dos.

Restauration

En 2018-2019, grâce à V. Picur, a été mené un nettoyage enzymatique au coton-tige, parachevé par rinçage à l’éthanol. La partie délitée a été consolidée à l’aide de Paraloïd B72 à 5%, lié à du carbonate de calcium micronisé et chargé de pigments.

< Retour à la collection