Applique de mobilier

Triton et Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4,2 cm ; L. 12,9 cm ; P. max. 1,9 cm

Os, tibia gauche de bœuf, face antérieure

Co. 2209

Commentaire

Etat de conservation

L’applique, à la teinte très claire, est cassée sur son bord dextre et en partie inférieure. De longues fissures longitudinales la fragilisent. Des taches de couleur ocre brun s’observent sur la face principale, notamment sur la cuisse gauche de la Néréide, et au dos, le long du bord supérieur.

Description

L’applique accueille une scène complète rassemblant un Triton et une Néréide à demi-couchée. Ce thème, à la connotation galante, semble particulièrement apprécié sur les éléments de placage en os de l’Égypte tardo-antique. Les divinités marines, qui se rapportent au cortège de Poséidon et Amphitrite, batifolent à la surface de l’onde. Glissant sur les flots ou allongée sur la queue d’un monstre marin, la Néréide adopte une pose fréquemment reproduite sur ce type de mobilier. Alors qu’elle s’appuie de son bras gauche, sans doute sur sa monture aquatique, elle tend son bras droit de façon à retenir son voile dans lequel s’engouffre le vent. L’étoffe décrit une longue ellipse au-dessus de la tête de la jeune femme. Un pan du drapé semble coincé par le coude gauche, tandis qu’une autre partie recouvre la cuisse droite de la nymphe. Le Triton tourné vers sa compagne, la tête inclinée, supporte une large corbeille oblongue.

 

L’association du Triton porteur de corbeille à une Néréide couchée, dont le corps est disposé vers la droite, peut être repérée sur plusieurs œuvres : une plaquette incisée et incrustée de résine colorée conservée au Kunsthistorisches Museum, datée du IVe-Ve siècle (X 293 : MARANGOU 1976, p. 26 n.100, pl. 47a ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 53 p. 257, pl. 19), et le relief Co. 2044 du musée Rodin. Toutefois, l’attitude du Triton diverge sur ses appliques. C’est vraisemblablement avec le relief Co. 2159-Co. 2272 que notre exemplaire entretient le plus d’affinités sur les plans iconographique et stylistique. Cet exemple de comparaison offre l’image symétrique de notre composition, tout en partageant la même approche esthétique.

 

Bien que la scène s’inspire de modèles marqués encore par la tradition classique, les figures, aux membres lourds et aux visages géométrisés, sont le signe d’une production assez tardive, sans doute à l’époque byzantine. Le corps féminin, aux formes particulièrement simplifiées, trouve un écho dans celui des appliques Co. 2203, Co. 2214 ou Co. 2267-Co. 2325 du musée Rodin. Sur chacune de ces pièces, le même parti pris est adopté : la poitrine vue de face est définie par deux ondulations en miroir, la cuisse droite est recouverte d’un drapé strié d’incisions matérialisant des plis raides, et la chevelure en calotte coiffe une tête animée par un gros œil en relief. Caractérisée par une rigidité importante, la figure répond à une approche synthétique de l’anatomie féminine. Le Triton, par ses traits schématiques, rappelle celui de la pièce Co. 2159-Co. 2272, ou encore celle de l’applique Co. 2250 du musée Benaki (MARANGOU 1976 n° 172 p. 117-18, pl. 51c).

 

Cette œuvre s’inscrit visiblement dans une famille de reliefs bien représentée au sein de la collection du musée Rodin. La réplique presque à l’identique de critères stylistiques, à partir d’un modèle donné, atteste une production en série. On notera également, que ces pièces similaires, convoquent souvent la même partie du squelette de bœuf, à savoir le tibia. La datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida, pour l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), permet d’envisager une production au VIe siècle de notre exemplaire.

 

Marquage Sur la face interne du bord supérieur, étiquette octogonale à liseré bleu en partie arrachée ; 26 marqué au crayon rouge.

 

Comparaisons -Paris, musée Rodin, Co. 2159-Co. 2272 (contrepartie), Co. 2203, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325 (attitude de la Néréide et style).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection