Applique de mobilier

Néréide nageant

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 3,15 cm ; L. 11,1 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe de bœuf, face postérieure

Co. 2205

Commentaire

Etat de conservation

L’applique fragmentaire, à la tonalité beige grisé, est essentiellement brisée en partie inférieure et sur ses bords latéraux. On note que la ligne de cassure, à senestre, a suivi la courbe du ventre de la créature marine. Sur la face principale, quelques fentes courent dans la longueur. Une petite tache ocre marque la hanche droite de la néréide.

Description

Au nombre de cinquante, les filles du dieu Nérée et de Doris, personnifient différents phénomènes marins ou incarnent les bienfaits de la mer. Peuplant les fonds de la mer Egée, les Néréides glissent également à la surface des flots, parfois en compagnie de Tritons ou de monstres marins. Ici, la nymphe qui nage vers la gauche, offre un corps nu aux chairs lisses. Son ventre incliné, qui contraste avec ses jambes très allongées, indique un redressement du buste. Un pan d’étoffe surmonte la cuisse droite. Tronquée au-dessus de la poitrine, le corps de la jeune femme, devait se développer sur une plaquette placée juste au-dessus de notre pièce. Cet élément accueillait sans doute le visage et les bras retenant un voile.

 

Particulièrement en faveur sur les sarcophages et les reliefs funéraires, les mosaïques de pavement ou les textiles, les Néréides adoptent de multiples poses. L. Marangou a insisté sur la difficulté qu’il y avait à rapprocher ces figures de schémas iconographique précis, développés dans le domaine de la sculpture monumentale, ou au sein des arts dits « mineurs ». (MARANGOU 1973, p. 43). Il est, par contre, évident que des modèles ont été déclinés, parfois avec quelques variations, sur les appliques en os de l’Égypte tardo-antique. Le parallèle qui peut être établi entre notre pièce fragmentaire, le relief 18744 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 144 p. 113, pl. 45b ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000 n° 337 p. 300-301, pl. 89), et sa contrepartie – l’exemplaire Co. 2098 du musée Rodin–, démontre le caractère sériel de cette production d’éléments de placage et le recours à des formules iconographiques préétablies.

 

Un rapprochement stylistique peut aussi être opéré avec les pièces de comparaison déjà mentionnées. Si la plupart d’entre elles révèlent des volumes corporels traités en plus fort relief, l’esprit auquel renvoie notre pièce est proche. Le ventre, comme les jambes, est modelée avec soin, et un polissage assez achevé a conféré un certain moelleux aux chairs. La douceur dans les passages entre les différents plans, ainsi que la souplesse de la ligne, se retrouvent aussi sur l’exemplaire Co. 2219 du musée Rodin, qui présente une naïade à la posture légèrement différente. La jambe droite relevée effectue, dans notre cas, un battement plus prononcé. Par contre, l’étirement des jambes dénote une volonté d’adapter la silhouette au cadre allongé offert par la matrice osseuse.

 

La tradition classique à laquelle se rattache cette pièce, comme les exemples analogues précédemment cités, trouve un écho dans le traitement plastique du corps et le soin accordé aux détails. Ces caractéristiques s’opposent radicalement à la vision frustre et rigide qu’offre l’applique Co. 2237 du même sujet. En prenant en compte la proximité existant avec la pièce 18744 du musée Benaki (pour laquelle une datation au Ve-VIe siècle de la part d’A. Loverdou-Tsigarida semble trop tardive), nous pouvons suggérer une fabrication de notre œuvre au IIIe-IVe siècle.

 

Marquage

Au dos de la pièce, sur le bord supérieur, 142 marqué à l’encre pâlie.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18744 (contrepartie et qualité de facture).

-Paris, musée Rodin, Co. 2205, Co. 2219 (contrepartie).

-Philadelphie, Fondation Barnes, A98d (avec variantes).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection