Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4,5 cm ; L. 13 cm ; P. max. 1,2 cm

Os, tibia droit de bœuf, face postérieure

Co. 2203

Commentaire

Etat de conservation

La partie senestre de cette pièce, à la teinte crème, est brisée. On note tache de peinture blanche sur le bord dextre. Une fine couche de salissure recouvre la face principale, augmentée de petites concrétions noires dans la chevelure de la Néréide. Le dos montre de longues fentes longitudinales courant sur toute la longueur de la pièce, notamment sur la face des bords internes.

Description

À demi-allongée, la créature marine est tournée vers la droite. Elle fait toutefois pivoter son visage, de façon à porter son regard dans le sens opposé. Ce mouvement de torsion, imprimé au cou, est particulièrement fréquent dans l’imagerie du cortège marin. Semblant glisser sur les flots, ou installée sur la croupe d’un monstre marin, la Néréide adopte une attitude reprise à l’envie, sur les appliques en os produites en Égypte, à la fin de l’Antiquité. Elle retient de son bras droit son voile enflé par le vent, tandis qu’elle s’appuie généralement de son bras gauche sur le corps de sa monture.

 

Ce schéma iconographique a été exploité de manière répétée sur plusieurs pièces du musée Rodin, qui répondent à des critères stylistiques identiques : Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271. Bien qu’il dérive directement de modèles à l’esprit classicisant comme le relief Co. 2070 du musée Rodin, ou l’exemplaire 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116 pl. 49b), il est mis au service d’une esthétique différente qui atteste ici une production assez tardive, sans doute à l’époque byzantine. Le corps féminin, davantage incisé dans la matrice osseuse, que sculpté en volume, est fortement géométrisé. Caractérisée par une rigidité importante et une simplification extrême du modelé des chairs, la figure répond à une approche synthétique de l’anatomie féminine. Le visage, sur lequel seul le grand œil en relief apparaît, est surmonté d’une chevelure courte, en casque, à grosses mèches. Le bras droit étiré jusqu’au bord supérieur de l’applique, participe à accentuer la raideur de la pose.

 

Le rendu heurté des lignes de contours et des détails, lié à une relecture très stylisée des modèles classiques, inscrit cette œuvre dans une série homogène. La reprise de l’attitude nonchalante de la Néréide de façon similaire sur deux pièces de la collection d’A. Rodin (Co. 2214 et Co. 2267-Co. 2325), met en lumière une production sérielle, impliquant un choix d’organes osseux adaptés au motif. Les traits frustres du visage, dominé par grand œil en relief, correspondent aussi l’un des critères stylistiques les plus saillants de cette série (cf. MARANGOU 1976, p. 81, voir n° 172 p. 117-118, pl. 51c). Par comparaison avec l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), pour laquelle A. Loverdou-Tsigarida a proposé une datation tardive, nous pouvons envisager une production au VIe siècle.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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