Applique de mobilier

figure de femme drapée

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

Os, tibia gauche de bœuf

H. 8,1 cm ; L. 3 cm ; P. max. 0,8 cm

Co. 2193

 

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment d’applique offre une teinte jaune clair sur sa face principale, mais des nuances ocre au dos. Cassé en parties supérieure et inférieure, il ne conserve que deux portions de ses bords latéraux. Les zones les plus en saillie montrent encore une fine couche de salissure. Quelques taches sombres se distinguent au revers.

Description

Cette applique étroite devait être complétée par un ou deux autres pièces pour constituer le corps d’un personnage féminin. Ce principe de composer les personnages ou les scènes à partir d’une juxtaposition de plaquette en os, au format allongé, a été dicté par les contraintes inhérentes à la matière première employée, à savoir les diaphyses d’os longs de bœuf. Le fragment révèle le buste d’une jeune femme et son bras droit. Un chiton à la ceinture haute est drapé en oblique, et dévoile le sein droit. L’amorce du cou suggère que la tête devait être orientée vers la droite.

 

S’il n’est pas exclu que le relief appartienne à la représentation d’une ménade, il semble davantage correspondre au côté droit d’une figure de femme drapée, un type iconographique spécifique décrit par L. Marangou dans son catalogue des os sculptés du musée Benaki. Reconnaissable à l’agencement des vêtements et à la présence de la cornucopia, ces effigies forment un corpus assez important, sans qu’elles puissent être mises en rapport avec un épisode mythologique précis. Elles sont généralement vêtues d’un long chiton, que vient masquer, sur les jambes, un himation enroulé. D’une main, elles tiennent une corne d’abondance, de l’autre souvent une petite couronne ou le pan de leur manteau. Leur tête peut aussi être recouverte par leur himation. Dix appliques au sein des collections du musée Rodin souscrivent à ce modèle iconographique fortement inspiré par les images des reines ptolémaïques moulées sur les oenochoés en faïence, produites principalement à Alexandrie, au IIIe siècle et à la fin du IIe siècle av. J.-C. (THOMPSON 1973, p. 24-34). Ce type iconographique est aussi adopté par Ariane sur deux appliques de taille réduite la montrant aux côtés de Dionysos. La pièce du musée Benaki à Athènes (18838: MARANGOU 1976, p. 34, 98, Pl. 20d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 252, p. 175-176, 287, pl. 67), et celle du Walters Art Museum de Baltimore (71.44: RANDALL 1985, n° 168, p. 100-101), invitent à s’interroger sur la place accordée à la compagne du dieu de l’ivresse sur les éléments de placage en os de l’Égypte romaine (DELASSUS 2020, p. 50).

 

Notre fragment peut être mis en parallèle avec l’applique Co. 2087 du musée Rodin ou les pièces 13244, 13284, 13474 du musée gréco-romain d’Alexandrie (MARANGOU 1976, p. 122, pl. 57b ; TÖRÖK 2005, n° 93 p. 148 ; BONACASA-CARRA 1995, p. 281, pl. XXXV-4). On retrouve sur ces analogies le bras légèrement plié et le sein droit dénudé. Il est difficile de se prononcer sur la qualité de facture de la pièce à partir de la section conservée. Si les proportions sont justes, le volume n’est pas particulièrement accentué, et les plis du drapé semblent traduits par des incisions rapides. On remarque un poli soigné du bras. Une datation au cours du IIIe-IVe siècle peut être avancée de manière un peu arbitraire.

 

Comparaisons :

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13284.

-Moscou, musée Pouchkine, 1351.

-Philadelphie, Fondation Barnes, A98n (style différent).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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