Matière et technique

A l’instar d’une série d’appliques du musée Rodin, sur lesquelles une ménade adopte une pose analogue (Co. 2049, Co. 2085, Co. 2113, Co. 2117), cette pièce a été sculptée dans un humérus gauche de bœuf. La morphologie de l’organe osseux encore perceptible en examinant le dos de l’exemplaire, ainsi que la présence de l’orifice du canal nourricier sur le bras droit de la jeune femme, ont permis à F. Poplin de préciser la partie choisie par l’artisan. La matrice de l’applique a été taillée à la jonction des faces latérale et postérieure de l’humérus. On notera que l’extrémité du canal nourricier s’observe également sur les pièces Co. 2085 et Co. 2117, à des endroits voisins de celui de notre applique.

 

Le sculpteur a décidé d’inscrire la figure de ménade dans le sens inverse à la position anatomique de l’os, de façon à disposer de plus d’espace pour inscrire les jambes. Ce renversement de l’organe osseux semble être presque systématique et démontre une utilisation rationnelle de la matière première. De ce fait, la tête ainsi que le tambourin de la bacchante, se logent dans la partie légèrement incurvée menant à l’épicondyle latéral. Malgré une importante épaisseur de tissu compact, la structure alvéolaire du tissu osseux spongieux réapparaît en partie supérieure, au-dessus de la tête, comme sur les fragments du musée Rodin précédemment mentionnés.

 

Peu de traces visibles des outils subsistent. On remarque quelques stries très effacées, sans doute imprimées à l’os lors du sciage de l’épiphyse, sur le bord sommital. Au revers, sous les stigmates laissés par les radicelles sur les bords internes, se devinent de courtes marques engendrées par la lame d’un outil abrasif. Le sculpteur a soigneusement dégagé du fond le corps de la ménade, en délimitant nettement les contours à l’aide d’un fin burin. Les butées d’une petite lame de ciseau sont encore plus ou moins lisibles à l’œil nu à l’arrière-plan, ou sur le buste de la figure. Un petit burin a été manié avec dextérité de façon à créer les plis du chiton, les mèches des cheveux, et les détails anatomiques du visage. Les parties en relief ont fait l’objet d’un polissage dont le rendu est difficile à évaluer en raison des marques déposées par les radicelles sur toute la surface de l’objet.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

Brisé en partie inférieure et sur son côté senestre, cet élément de placage offre une teinte crème sur sa face externe, qui contraste avec la tonalité plus jaune du revers. De nombreux sédiments subsistent sur les deux faces, notamment dans les creux. De légères marques noires sont également repérables. Au dos, les sédiments se mêlent à des résidus blancs. Toute la face sculptée est couverte de traces de petites radicelles, qui ont sans doute été en contact avec l’applique durant la période d’enfouissement de celle-ci.

Restauration

V. Picur a opté en 2018-2019 pour un nettoyage en enzymatique au coton-tige, suivi d’un rinçage à l'éthanol, afin d’atténuer l’importante couche de salissure recouvrant la face principale de l’applique.

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